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Tournoi des six nations : l’équipe de France en « finale » contre l’Angleterre, le royaume du rugby féminin

Opposées aux Françaises, samedi 27 avril, lors de la dernière journée de la compétition, les Anglaises des Red Roses surfent sur d’excellents résultats grâce à un championnat relevé et à la professionnalisation de ses joueuses.

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Publié le 27 avril 2024 à 11h30, modifié le 27 avril 2024 à 11h52

Temps de Lecture 3 min.

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L’arrière anglaise Ellie Kildunne, lors de la victoire de l’Angleterre contre l’Irlande, le 20 avril 2024, à Londres, dans le cadre du Tournoi des six nations.

Mardi 23 avril, la Fédération française de rugby (FFR) n’a pas manqué d’annoncer la bonne nouvelle. « Le record d’affluence pour un match de rugby féminin en France sera battu », selon elle, samedi 27 avril, lors du choc entre les Bleues et l’Angleterre (17 h 45), comptant pour la cinquième et dernière journée du Tournoi des six nations. Ce sont ainsi environ 27 000 billets pour le stade Chaban-Delmas de Bordeaux qui avaient déjà été écoulés vendredi, pour assister à la « finale » officieuse de la compétition, entre les deux dernières équipes invaincues.

Cet appui ne sera pas de trop pour les Françaises, qui cherchent à remporter le tournoi depuis 2018. Mais elles ne devraient pas effrayer outre mesure les Red Roses. En 2023, le club anglais avait disposé des Bleues et conquis un cinquième Grand Chelem de suite devant plus de 58 000 spectateurs massés dans le stade de Twickenham, dans la banlieue de Londres.

L’engouement du public anglais est représentatif de l’avance qu’a prise le rugby féminin anglais sur le reste des écuries internationales. Les joueuses de Sa Majesté collectionnent les distinctions : 2 titres mondiaux, 19 Tournois des six nations (un record), 12 victoires de suite contre les Bleues, une première place au classement mondial… Seul accroc ces dernières années, une finale de Coupe du monde perdue face à la Nouvelle-Zélande, en novembre 2022. Mais depuis, aucune équipe n’a réussi à faire faner les Roses.

« L’Angleterre est toujours très clinique, explique la talonneuse des Bleues, Agathe Sochat. Ses joueuses font des choses simples, mais à la perfection, en jouant sur les fautes de l’adversaire. On parle beaucoup de leurs avants mais elles ont aussi une très grosse ligne de trois-quarts. » Les Irlandaises peuvent en attester, elles qui se sont lourdement inclinées (88-10) lors de leur dernier match face aux Anglaises.

« L’argent est le nerf de la guerre »

Si l’ampleur du score a pu – un peu – surprendre, le sort de la rencontre ne faisait guère de doutes, car l’effectif des Red Roses est sans équivalent, porté par une émulation interne de haut niveau. En 2017, la Fédération anglaise de rugby a ainsi investi 3 millions d’euros sur trois ans dans son championnat féminin. Ses joueuses sont devenues semi-professionnelles, à l’exception de celles défendant le maillot blanc national, qui se consacrent à temps plein au rugby.

Dans l’Hexagone, on est encore très loin de cette situation. Si 32 joueuses du XV de France sont sous contrat fédéral avec la FFR et ont un statut semi-professionnel, les autres doivent concilier rugby et travail. Le championnat Elite 1 – la première division féminine – reste pour l’heure au niveau amateur. Enfin, pour le savoir, il faut être un assidu du ballon ovale, puisque la compétition n’a pas de diffuseur.

« Le championnat n’est pas très équilibré, constate en plus Agathe Sochat. En club, les filles bossent la journée et s’entraînent le soir. C’est compliqué pour la vie sociale. Il faudrait que la médiatisation de l’équipe de France suive, car les Anglaises ont pris de l’avance, c’est indéniable. L’argent est le nerf de la guerre. »

Outre-Manche, la bonne forme du rugby anglais attire les annonceurs et crée un cercle vertueux. Son championnat, le Premier 15s, a été sponsorisé dès 2017 par une célèbre marque de chips, remplacée après la pandémie de Covid par un grand groupe d’assurance.

Bien que la compétition soit écrasée par l’équipe de Gloucester-Hartpury cette saison (13 victoires en autant de matchs), on trouve des joueuses de très haut niveau dans plusieurs clubs, à l’image de la troisième-ligne Marlie Packer, élue meilleure joueuse du monde en 2023, qui évolue aux Saracens. Femme du match contre l’Irlande, l’arrière Ellie Kildunne défend, elle, les couleurs des Harlequins. Cette répartition est idéale pour multiplier les chocs au cours de l’année et aiguiser ses crampons avant les joutes internationales.

Marlie Packer lors d’un match du Tournoi des six nation opposant l’Angleterre à l’Irlande, au stade Twickenham, à Londres, le 20 avril 2024.

Le XV de France mixe jeunesse et expérience

Mais les Anglaises ne misent pas tout sur quelques têtes d’affiche. Leur vivier leur permet de s’adapter facilement aux blessures et aux départs à la retraite. « Il y a beaucoup de joueuses qui ont de grosses qualités individuelles en Angleterre, c’est ce qui fait leur force collective », résumait, le 23 avril, en conférence de presse, la demie de mêlée Alexandra Chambon. Ce match a-t-il pour autant des allures de mission impossible pour les Bleues ? « On a repéré des petites opportunités dans leur jeu et on veut aller chercher quelque chose en se concentrant sur nous », répondait à ses côtés la troisième-ligne Emeline Gros.

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Face à l’insolente assurance des Red Roses, le XV de France va opposer une équipe mixant jeunesse et expérience. Sept Tricolores retenues pour la rencontre (sur 23) ont moins de 24 ans. A 19 ans, l’ouvreuse Lina Tuy ne sera pas sur la feuille de match ce samedi 27 avril mais garde le souvenir de cette affiche dans les catégories inférieures. « Les entraîneurs nous faisaient comprendre que ces duels étaient des matchs particuliers », raconte-t-elle.

Et peu importe l’historique des oppositions entre les deux nations. « La plupart des joueuses n’étaient pas là en 2018 quand on les a battues et n’ont pas connu toutes les défaites. Il y a eu beaucoup de renouveau », souligne Agathe Sochat, qui promet que l’équipe de France « ne fera pas de complexe », même s’il y « a peut-être eu par le passé un plafond de verre ». « On a envie de se confronter à ce genre de sélections, abonde Lina Tuy. C’est une opportunité pour nous. »

L’occasion, aussi, de ne pas donner encore plus de confiance à une « perfide Albion » qui n’en manque déjà pas. Une défaite des Red Roses ferait désordre de l’autre côté de la Manche, la prochaine Coupe du monde ayant lieu en 2025… en Angleterre.

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