Une femme passe devant le logo d’Orpea lors de l’assemblée générale du grand opérateur français de maisons de retraite, à Paris, le 28 juillet 2022.
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Scandale Orpea : un an après la sortie du livre « Les Fossoyeurs », quelles conséquences sur la gestion et le contrôle des Ehpad ? Posez vos questions

Béatrice Jérôme, journaliste au « Monde », spécialiste des sujets liés au grand âge, répond à vos questions, un an après les révélations du livre « Les Fossoyeurs ».

Le 26/01 à 17:47

C’est la fin de ce tchat

Merci à toutes et à tous pour vos questions ! Vous pouvez retrouver tous nos articles sur le scandale Orpea en suivant ce lien.

Le 26/01 à 17:44 Tchat

La plupart des Ehpads privés fonctionnent à présent avec des intérimaires (car un peu plus rémunérés ) et qui partent quand ils/elles le souhaitent ..ne faudrait il pas recruter et remunerer plus les personnels en CDI avec de meilleures conditions de travail et du temps auprès des résidents , et moins les actionnaires ? Sinon quelles autres solutions à ce problème global et généralisé partout en France ?
Nane

Bonjour,

Je partage vos points de vue. Il me semble que la question du travail intérimaire en Ehpad commence à devenir une préoccupation qui émerge dans le débat public. Mais pour l’instant aucun responsable politique ni aucun acteur privé ne propose de limiter le recours aux intérimaires. C’est une soupape de sécurité pour pallier la pénurie de candidatures. Les professionnels du secteur disent réfléchir à de nouvelles organisations du travail pour attirer vers ces métiers. Le chantier est en cours. Mais pour eux la meilleure solution reste de disposer de salariés en CDI.

Béatrice Jérôme
Le 26/01 à 17:34 Tchat

Le nouveau directeur général d'Orpea explique avoir recruté 800 CDI par mois depuis son arrivée. Ces chiffres me laissent sceptique, qu'en pensez-vous?
JCR

Bonjour,

Je pense comme vous que ce chiffre mérite d’être regardé de près. Il y a une première explication à son importance : les anciens dirigeants d’Orpea n’avaient pas utilisé pendant ces dernières années tous les fonds publics alloués par les ARS pour l’embauche de personnels soignants. Aussi curieux que cela puisse paraître !

Du coup, la nouvelle équipe consomme aujourd’hui ces fonds pour embaucher. Malgré ce rattrapage, il est vrai aussi que ces 800 CDI ne se traduisent pas tous par une augmentation des effectifs. Car il faut faire le solde entre les 800 salariés qui arrivent et ceux qui partent. Or, le mouvement de remplacement des personnels – le turnover – est très important dans le secteur des Ehpad. Donc, ce qui compte, c’est le solde net.

Béatrice Jérôme
Le 26/01 à 17:21 Tchat

Bonjour, sans parler de l'aspect libéral des groupes privés d'ehpad qui souvent un important nombre de question éthiques déjà posées, y a t-il un projet concret en France et une volonte autre quexperimental (village Alzheimer) pour repenser plus largement ce système d'accueil des personnes âgées très fragiles ? Le problème de la non attractivité pour les professions soignantes est le même que pour les personnes âgées ! Envisager de plus petites structures, moins rentables, plus socialisation est-il à l'ordre du jour à l'aune de ce scandale ?
Maggie

Bonjour,

Le secteur a longtemps construit des Ehpad avec le plus grand nombre de lits possible (près de cent lits, parfois) pour des raisons financières. Plus la structure est de taille importante, plus elle permet des économies d’échelle et offre une bonne rentabilité immobilière. Mais depuis quelques années, les professionnels ont compris qu’ils auraient une meilleure qualité de service en accueillant les personnes âgées dans des établissements de plus petite taille. La nouvelle tendance consiste à ouvrir des résidences pour des personnes âgées qui veulent être accompagnées pour certaines tâches quotidiennes sans vivre totalement en communauté. C’est ce que les professionnels appellent « l’habitat inclusif ». Les pouvoirs publics commencent timidement à soutenir ces nouvelles formes d’accompagnement de l’avancée en âge.

Béatrice Jérôme
Le 26/01 à 17:10 Tchat

Bonjour Est ce que les dérives (et c'est certainement un euphémisme) touchent l'ensemble du secteur ? Nous entendons beaucoup parler d'Orpea, un peu de Korian, suite aux poursuites judiciaires, mais il est difficile de savoir s'il s'agit d'un système visant à maximiser le profit que tous les acteurs privés auraient mis en place ou s'il s'agit de 'quelques' moutons noirs... Merci !
Yaya

Bonjour,

Les dérives financières révélées par Victor Castanet ne sont pas toutes l’apanage d’Orpea. La pratique qui consiste à obtenir des rabais de la part des fournisseurs sans les répercuter sur le montant de l’enveloppe d’argent public versé pour ces achats a été mise au jour par l’enquête qu’il a conduite dans le cas d’Orpea. Mais ce procédé existe dans d’autres groupes. Il avait notamment été détecté chez Korian par l’ARS Ile-de-France il y a plusieurs années. Depuis Korian pratique autrement. Mais il y a un flou dans la réglementation qui fait que les groupes peuvent se livrer à des artifices comptables qui passent inaperçus et qu’il est difficile de qualifier d’illégaux. Il peut y avoir d’autres manières de contourner les règles : celle qui consiste, par exemple, à utiliser des fonds publics pour financer des charges qui devraient être financées sur les fonds propres de l’entreprise. Un procédé sans doute pratiqué par d’autres groupes privés qu’Orpea. C’est pour éviter ces détournements d’argent public que le gouvernement a décidé après le scandale Orpea que désormais les ARS auraient le droit de contrôler la totalité des comptes des groupes privés, et pas seulement la manière dont ceux-ci utilisent les crédits qui leur sont versés par l’ARS et le département. Jusqu’ici, il y avait des angles morts dans les contrôles de ces groupes.

Béatrice Jérôme
Le 26/01 à 16:54 Tchat
Pourquoi a-t-on envoyé l'igas et l'igf pour corroborer ce qu'avait vu Vincent Castanet sans rien apporter de vraiment nouveau mais pas pour contrôler les autres grands groupes comme Korian et DomusVi ?
Intrigué

Bonjour,

Le gouvernement a voulu vérifier les révélations du livre de Victor Castanet en lançant cette enquête conjointe IGAS-IGF. Il fallait qu’il puisse s’appuyer sur un état des lieux qui soit incontestable. C’est un document qui fait foi et autorité en quelque sorte ! Mais, dans le temps imparti très court qui leur a été donné, l’IGAS et l’IGF n’ont pas pu fournir un travail suffisamment approfondi de comparaison entre les pratiques d’Orpea et celles d’autres groupes privés y compris de gestionnaires publics ou associatifs. C’est la réelle limite de leurs travaux. Les deux inspections le regrettent du reste dans leur rapport.

Béatrice Jérôme
Le 26/01 à 16:47 Tchat
Vous dites : "De plus en plus préfèrent être en CDD ou travailler en intérim". Cela semble étonnant. Qui préfère la précarité à un poste stable ? Quels seraient les avantages ?
Corentin

C’est effectivement étonnant. Mais, dans un secteur où le nombre d’offres d’emploi non pourvues est considérable, il peut être plus intéressant financièrement pour les salariés de travailler en intérim. Cela peut permettre de ne pas travailler uniquement dans le même établissement mais d’avoir plusieurs employeurs en étant à temps partiel. Les directions d’Ehpad sont confrontées au même phénomène que les hôpitaux, qui doivent faire appel de plus en plus à des intérimaires pour pourvoir des postes vacants. Ce qui a un coût pour les employeurs, supérieur à l’emploi de salariés en CDI.

Béatrice Jérôme
Le 26/01 à 16:37 Tchat

Par expérience : il faudrait pratiquement du sur-mesure par personne dépendante (repas, soins, hygiène) donc plus d'aides-soignantes, personnel "d'entretien"... Comment provoquer des "vocations" vers ces métiers ingrats : nature du travail, horaires, formation, équipements en appareils d'aide, perspectives d'évolution. Il y a un signe qui ne trompe pas : ce sont majoritairement des femmes qui occupent ces postes. Faire participer les familles (en fixant des RDV) pour aides à la prise de repas voire une sortie. Certaines familles "abandonnent leurs aînés" aux Ehpad. Utiliser les possibilités du SNU (Service national universel) pour sensibiliser les jeunes.
maxr

Bonjour,

Vous avez raison. ll y a un grand travail à mener sur l’organisation du travail dans les Ehpad. Le personnel devrait pouvoir être davantage responsabilisé dans la manière dont il organise la journée. Certains établissements ont mis au point des expériences intéressantes grâce à des formations aux bons gestes pour le personnel. Les aides-soignantes ou auxiliaires de vie peuvent ainsi mieux s’occuper des résidents au moment des toilettes par exemple. Ce qui diminue les arrêts de travail liés à la pénibilité et à la fatigue de soignants et contribue à limiter le manque de personnel.

Béatrice Jérôme
Le 26/01 à 16:19 Tchat
Comment ont évolué depuis un an les effectifs en EHPAD et les salaires des personnels ? Cela semble toujours très fragile, le personnel tourne, n’est pas en nombre suffisant...
mariedemarly

Bonjour,

En fait, les effectifs ont évolué assez sensiblement depuis plusieurs années. Du moins les crédits ont-ils été augmentés dans la loi de financement de la Sécurité sociale. En 2022, le gouvernement avait promis 10 000 recrutements sur cinq ans. En 2023, ils seront 3 000. Le chiffre est insuffisant. Mais ce n’est pas le seul problème. Le souci est que les candidatures pour venir travailler en Ehpad ne sont pas suffisamment nombreuses. La difficulté est de susciter des vocations et de faire en sorte que les salariés restent dans l’établissement. Ils préfèrent, de plus en plus, être en CDD ou travailler en intérim.

Béatrice Jérôme
Le 26/01 à 16:07 Tchat
Bonjour J’ai pu lire dans la presse que de nombreux contrôles ont été faits dans les Ehpad "sur dossier" par les inspecteurs de l’action sanitaire et sociale. Si tel était le cas, quel en est l’intérêt ? Rien ne vaut un contrôle inopiné sur place.
Mamia

Bonjour,

Effectivement sur les 1 400 contrôles effectués par les agences régionales de santé (ARS) depuis le printemps dernier, seuls 59 % ont été réalisés sur site. Et une bonne partie de ces contrôles sont programmés. Il est évident que si les inspecteurs pouvaient se rendre sur place, leur appréciation serait nettement plus complète.

Mais il faut savoir que le lancement de cette campagne de contrôle s’est organisé sur fond de très forte pénurie d’inspecteurs dans les ARS. Cent vingt embauches sont prévues sur deux ans. Les recrutements sont encore peu nombreux. Donc de fait les ARS travaillent avec les moyens du bord.

Béatrice Jérôme
Le 26/01 à 15:38 Pour approfondir

Qui a tenté d’enterrer Les Fossoyeurs ? Dans une nouvelle édition de son enquête sur Orpea, qui sort en librairie mercredi 25 janvier, Victor Castanet raconte « le nid de vipères » dans lequel il a « mis les pieds » en menant l’enquête pendant trois ans sur le premier groupe européen de maisons de retraite commerciales. Espionnage, tentative d’interception des informations, contre-feu des communicants… Le journaliste indépendant fait le récit de sa plongée en milieu hostile à travers dix chapitres inédits à l’occasion de la réédition de l’ouvrage en format poche (J’ai Lu, 512 pages, 9,50 euros).

Son enquête initiale a provoqué un électrochoc. Parue chez Fayard en janvier 2022 – près de 170 000 exemplaires vendus –, elle raconte des cas de maltraitances et de rationnement alimentaire envers des personnes âgées dans des établissements Orpea, liés, selon Victor Castanet, à des pratiques d’optimisation des coûts et de détournement d’argent public. Le « système Orpea », comme il l’a défini, est aujourd’hui entre les mains des juges et l’onde de choc politique n’est pas terminée.

« J’ai voulu dans cette nouvelle édition raconter le jeu de ces acteurs de l’ombre qui peuvent agir pour empêcher que l’information sur un groupe coté en Bourse n’arrive jusqu’au grand public, explique Victor Castanet. Dans le cas d’Orpea, cela n’a pas fonctionné. Mais il faut être particulièrement vigilant face à des procédés à l’œuvre dans ce type d’investigation. »

Lire aussi : Scandale Orpea : dans sa réédition des « Fossoyeurs », Victor Castanet révèle les pressions et les manipulations subies lors de son enquête

Le 26/01 à 15:30

Bienvenue dans ce tchat

Un an après la sortie du livre-enquête Les Fossoyeurs, quelles conséquences sur la gestion et le contrôle des Ehpad ? Béatrice Jérôme, journaliste au Monde, spécialiste des questions liées au grand âge, répondra à vos questions à partir de 16 heures.

Le contexte

Image de couverture : Une femme passe devant le logo d’Orpea lors de l’assemblée générale du grand opérateur français de maisons de retraite, à Paris, le 28 juillet 2022. JULIEN DE ROSA / AFP
  • Il y a un an sortait le livre-enquête Les Fossoyeurs (Fayard), de Victor Castanet, qui dénonçait les graves dysfonctionnements du géant des maisons de retraite Orpea, le numéro un mondial du secteur. Le groupe est un mastodonte : 65 000 employés dans 1 100 établissements sur la planète ; 220 Ehpad rien qu’en France.
  • Dans une nouvelle édition de son enquête, sortie en librairie mercredi 25 janvier, Victor Castanet raconte « le nid de vipères » dans lequel il a « mis les pieds » en menant l’enquête sur Orpea pendant trois ans. Espionnage, tentative d’interception des informations, contre-feu des communicants…, le journaliste indépendant fait le récit de sa plongée en milieu hostile à travers dix chapitres inédits.
  • Le groupe Orpea est l’objet de plusieurs enquêtes préliminaires, à la suite de plaintes de familles de résidents, mais aussi d’un signalement de l’Etat.
  • Malgré l’ampleur de la tâche, les enquêtes administratives ont été menées « avec une précipitation préjudiciable », la majorité présidentielle tenant à « mettre ce sujet sous le tapis » avant les élections, selon Victor Castanet. Et les inspections générales des affaires sociales (IGAS) et des finances (IGF) ont commencé leur travail deux semaines après la révélation publique du contenu du livre, si bien que la direction d’Orpea « a eu le temps de faire le grand ménage » avant leur visite, critique le journaliste dans la réédition de son livre.
  • Le ministre des solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées, Jean-Christophe Combe, a rejeté mardi ces accusations. « C’est la première fois que j’entends dire que les enquêtes de l’IGAS et de l’IGF ont été bâclées », a-t-il commenté devant des journalistes, évoquant ces éléments du livre dont il n’avait pas encore pris connaissance avec précision.
  • Depuis les révélations des Fossoyeurs, le gouvernement et les acteurs publics et privés tâtonnent pour moraliser le secteur. Le scandale a débouché sur des contrôles renforcés, des règles budgétaires plus strictes et plus de transparence, mais n’a rien changé au manque de personnel chronique dans les Ehpad.

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