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Demonstrators take part in a gathering in front of the Institute of Political Studies (Sciences Po Paris) as students occupy a building, with a barricade blocking the entrance, in support of Palestinians, in Paris on April 26, 2024. A few dozen students stay mobilized in support of Palestinians occupying a new building at Sciences Po Paris since April 25, 2024, evening, the day after police evacuated another of the school's sites, in the wake of actions at American universities.
 (Photo by Dimitar DILKOFF / AFP)
DIMITAR DILKOFF / AFP

Sciences Po dans la fièvre du conflit à Gaza, entre blocages, tensions, débats et pression médiatique

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Publié le 07 mai 2024 à 06h08, modifié le 13 mai 2024 à 16h44

Temps de Lecture 15 min. Read in English

Dans la nuit du jeudi 2 au vendredi 3 mai, Hicham (les personnes citées par leurs prénoms ne souhaitent pas donner leurs noms) se penche par l’une des fenêtres du premier étage de Sciences Po, au 27 de la rue Saint-Guillaume, à Paris. En bas, un groupe colle des affiches entre les hautes grilles noires, où l’on lit : « L’antisémitisme n’aide pas la cause palestinienne ». « Est-ce que vous condamnez le Hamas ? », lui lance Samuel Lejoyeux, président de l’association l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), depuis le trottoir. De là-haut, le jeune homme, du comité Palestine, approuve. Puis renvoie : « Condamnez-vous les bombardements israéliens à Gaza ? » Le dialogue tourne court.

Une petite centaine d’étudiants passe la nuit dans l’école pour attirer l’attention sur ce qu’ils nomment un « génocide » à Gaza, avec l’intervention de l’armée israélienne en réponse à l’attaque du Hamas, le 7 octobre 2023. Parmi eux, Hicham, Aïcha, Zineb, James, Louise (ces trois derniers prénoms ont été modifiés) se disent athées, musulmans, juifs, « racisés » ou non, sans leader. Le jour, ils portent des masques, redoutant d’être ciblés dans les médias comme « des “islamo-gauchistes” du Hamas », rapporte Aïcha, 22 ans, étudiante à l’école de droit. Ces jeunes nés entre 2002 et 2005, l’œil fixé sur les « stories » de Gaza sur les réseaux sociaux, instantanés de guerre qui les hantent, en ont les larmes aux yeux : « On ne peut pas rester comme ça. »

« Dernière sommation, veuillez quitter les lieux » : le lendemain, les CRS entrent dans la Péniche, le hall historique de Sciences Po, où subsistent une cinquantaine d’étudiants en sit-in, affiche à la main « Les enfants de Gaza nous remercient ». « J’ai vu vos affiches, je marche dessus », lâche un policier, en poussant une étudiante vers la sortie. Dans la rue, d’autres élèves sont dispersés le long du boulevard Saint-Germain. « On vient de se faire virer par la police, alors qu’on ne bloquait pas l’entrée ni la vie académique, réagit James, keffieh noir et blanc sur la tête, en deuxième année. On comprend que Bassères [l’administrateur provisoire de l’école] n’est pas de Sciences Po, il est du gouvernement ! »

Évacuation par la police du hall d’entrée de Sciences Po, à Paris le 3 mai 2024.

Voilà la prestigieuse école de la rue Saint-Guillaume, lieu bouillonnant d’engagements militants, de production des sciences sociales et de formation d’une partie des élites, devenue depuis soixante jours un théâtre politique où se donnent à voir blocages et flambée d’émotions. A l’intérieur, où Le Monde s’est rendu, parmi les grappes d’étudiants passionnés par leur cause, ou à l’étage du bureau du directeur, ce petit monde s’efforce pourtant de débattre, dans un mélange d’incompréhensions de langage, d’accusations croisées d’antisémitisme et de sionisme, de désaccords sur le rôle de l’université face aux fracas du monde.

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