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Le gouvernement a lancé des « assises de lutte contre l’antisémitisme » pour définir « un socle commun de valeurs républicaines »

Le nombre d’actes antisémites recensés en France a presque quadruplé en 2023, à 1 676 contre 436 en 2022, selon le ministère de l’intérieur.

Le Monde avec AFP

Publié le 06 mai 2024 à 09h45, modifié le 06 mai 2024 à 13h59

Temps de Lecture 3 min.

Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, à Matignon, le 27 mars 2024.

Le gouvernement a lancé, lundi 6 mai, des « assises de lutte contre l’antisémitisme », dont la flambée alarme la communauté juive. La ministre déléguée chargée de la lutte contre les discriminations, Aurore Bergé, réunit dans la matinée à Paris les responsables de plusieurs associations (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme, SOS-Racisme…) et les représentants des six principaux cultes pour plancher sur le sujet.

« A travers ces assises, j’ai décidé de créer un espace de dialogue » pour « donner la voix à toutes celles et tous ceux qui subissent les conséquences concrètes des amalgames, des postures, des tentatives de récupération », a affirmé Aurore Bergé. Il s’agit avec ces assises d’« établir ensemble, sans esprit de polémique », un « minimum commun sur lequel il ne devrait jamais être possible de transiger » pour « retrouver le sens des mots et la voie de la raison », a ajouté Mme Bergé.

La table ronde était ponctuée de témoignages vidéo de victimes de l’antisémitisme : une enfant racontant qu’une autre n’a pas voulu partager sa chambre parce qu’elle était juive, une jeune femme insultée dans le métro, un étudiant visé par un salut nazi...

Depuis le 7 octobre 2023 − date de l’attaque du Hamas contre Israël −, « les actes antisémites ont explosé », a affirmé la ministre en déplorant que « la haine ordinaire, alimentée par les extrêmes, se déverse sur les réseaux sociaux, mais aussi dans nos rues, dans nos écoles, dans nos universités ». Pour Yonathan Arfi, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), « ces assises répondent à un impératif, que la puissance publique mette en mouvement la société civile ».

Flambée des actes antisémites

Le nombre d’actes antisémites recensés en France a presque quadruplé en 2023, à 1 676 contre 436 en 2022, selon le ministère de l’intérieur. Le CRIF déplore une flambée après le 7 octobre 2023, date des attaques sanglantes du Hamas contre Israël.

Aurore Bergé a dénoncé « l’instrumentalisation et l’importation du conflit au Proche-Orient » et « les outrances auxquelles elles donnent lieu » qui « fracturent et divisent ici », et « se retournent contre tous ceux que les antisémites ont décidé de considérer comme juifs ».

Selon une enquête de l’IFOP pour l’antenne française de l’American Jewish Committee publiée dimanche dans le Parisien, 94 % des Français de confession juive estiment que l’antisémitisme a progressé depuis une dizaine d’années (+ 21 points par rapport à 2022). Cette même enquête montre que 35 % des 18-24 ans ont le sentiment qu’il est normal de s’en prendre à des juifs en raison de leur soutien à Israël.

Au niveau mondial, la Ligue antidiffamation, principal groupe de défense des droits des juifs, s’est alarmée dimanche du « niveau sans précédent » d’actes antisémites enregistrés en 2023, la guerre entre le Hamas et Israël alimentant un « incendie qui était déjà hors de contrôle ».

Aucun responsable politique présent

Au niveau mondial, la Ligue antidiffamation, principal groupe de défense des droits des juifs, s’est alarmée dimanche du « niveau sans précédent » d’actes antisémites enregistrés en 2023, la guerre entre le Hamas et Israël alimentant un « incendie qui était déjà hors de contrôle ».

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Aurore Bergé avait annoncé en mars l’organisation de ces assises, en réponse à une tribune publiée par le collectif Nous vivrons et 70 personnalités, qui appelaient les candidats aux européennes à s’engager « sans détour et sans complaisance » contre l’antisémitisme. En revanche, et contrairement à ce qui était prévu initialement, aucun responsable politique ne sera présent, « pour éviter d’en faire un sujet politique avant les élections européennes », explique-t-on au ministère.

Les politiques seront conviés à une deuxième session après le scrutin du 9 juin. Les organisateurs espèrent ainsi « dépassionner politiquement le sujet » qui risquait de devenir un prétexte « à des postures politiques ». Depuis le 7 octobre 2023, les représentants de la communauté juive ont régulièrement accusé La France insoumise (LFI) de nourrir l’antisémitisme. Marine Le Pen s’est, de son côté, plusieurs fois posée en pourfendeuse des actes antisémites.

Dans le même esprit, le travail autour d’un « manifeste » à l’issue des assises n’a pas été confié à un politique mais à une universitaire, Marie-Anne Matard-Bonucci, professeure d’histoire contemporaine à l’université Paris-VIII, qui aura « carte blanche pour en décider le contenu et recueillir les contributions », a assuré Aurore Bergé.

« Confusions morales, politiques, idéologiques »

Les assises de lundi interviennent également sur fond de mobilisation pro-palestinienne à l’université, notamment à Sciences Po où le militantisme des étudiants est accusé d’alimenter l’antisémitisme sur le campus. Lors des assises de lundi, « on attend évidemment le rappel d’une parole publique forte sur l’antisémitisme », a affirmé Yonathan Arfi, le président du CRIF.

Recevant le CRIF à l’Elysée pour ses 80 ans, Emmanuel Macron avait martelé en mars que l’Etat continuerait à combattre sans relâche l’antisémitisme avec « la même fermeté » et la « même intransigeance ». M. Arfi a aussi souhaité que cet antisémitisme soit combattu « dans toutes ses composantes, y compris la place qu’a prise la haine d’Israël ».

Le président du CRIF devrait répéter ses inquiétudes dans la soirée lors de son traditionnel dîner annuel, qui se tiendra en présence du premier ministre, Gabriel Attal. Plusieurs autres ministres ont été invités, ainsi que le président du Sénat, Gérard Larcher, la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse (Les Républicains), la maire de Paris, Anne Hidalgo (Parti socialiste), et des représentants de plusieurs partis (mais ni du Rassemblement national, ni de LFI).

M. Arfi compte faire passer lors de ce dîner « un message empreint de gravité » face à la flambée des actes antisémites et « décrypter ce que cette montée signifie sur les confusions morales, politiques, idéologiques qui traversent [la] société ».

Le Monde avec AFP

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