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Mobilisation propalestinienne à Sciences Po : « Tout cela peut prendre feu s’il n’y a aucune attitude de dialogue », selon le politiste Bertrand Badie

L’engagement des étudiants est la marque d’une « jeunesse mondialisée », à l’écoute du monde, qui s’inscrit « davantage dans un phénomène d’identification » aux causes des conflits que d’« allégeance », explique le politiste Bertrand Badie, dans un entretien au « Monde ».

Propos recueillis par 

Publié le 04 mai 2024 à 05h07, modifié le 06 mai 2024 à 09h26

Temps de Lecture 6 min.

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Manifestation pour la paix à Gaza à l’appel de nombreuses organisations, devant le Panthéon, à Paris, le 3 mai 2024.

Vendredi 3 mai, le campus parisien de Sciences Po a une nouvelle fois été évacué. Pour le politiste et spécialiste des relations internationales Bertrand Badie, qui y a enseigné pendant plus de cinquante ans, la voie de la répression n’est pas la bonne. Selon lui, il ne faut pas négliger la volonté exprimée par des étudiants de s’identifier à des causes internationales, même éloignées, et y voir un « engagement », plutôt que d’emblée les juger « extrémistes ou radicaux ».

Vous avez participé à un débat, le 30 avril à Sciences Po, intitulé « Gaza et notre monde », auquel étaient conviés les étudiants mobilisés du comité Palestine. Qu’avez-vous pensé des échanges ?

J’y suis allé avec une certaine appréhension mais ce fut une très bonne surprise. Les étudiants étaient extrêmement impliqués, dans un calme absolu, sans aucune banderole ni forme de manifestation visant à troubler les exposés. Cela m’a rappelé les amphis d’antan, attentifs, les questions posées par les étudiants n’étaient jamais violentes, mais toujours relatives à de vrais sujets de débat.

Dans mon intervention, j’ai rappelé que la nature des conflits internationaux avait profondément changé et que le conflit qui oppose maintenant un Etat à des acteurs non étatiques prend une connotation qui défie la théorie classique de la guerre. Il s’agit de conflits d’une nature nouvelle, marqués du sceau d’une domination et d’une humiliation subies, tels qu’on les a connus avec la décolonisation ; ils mettent en situation des oppositions violentes entre des acteurs qui ne sont pas institués – comme c’est le cas des organisations palestiniennes – et qui dérivent vers des formes de violence terroriste.

J’ai fait un parallèle avec la guerre d’Algérie : à Philippeville [Skikda aujourd’hui], en 1955, il y a eu des massacres d’une horreur similaire à celle qu’a connue Sdérot le 7 octobre [2023, lors de l’attaque du Hamas contre Israël]. Puis, une répression tout aussi sanglante et aveugle qui a abouti non pas à éradiquer le FLN, mais à le renforcer.

Les Etats ont du mal à s’adapter à ces nouvelles formes de conflits : le relais est couramment pris par des dynamiques sociales comme celles qu’on observe sur les campus universitaires en ce moment. En cela, le phénomène vécu à Sciences Po n’est pas isolé, il exprime cette appropriation sociale des questions internationales qui a aujourd’hui une capacité certaine de peser sur l’évolution même des politiques étrangères des Etats, comme on l’a vu aux Etats-Unis à propos du Vietnam et comme on l’observe encore aujourd’hui face aux embarras de Biden…

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