Loin de mettre fin à la mobilisation propalestienne, le grand débat nommé « town hall » organisé à Sciences Po Paris, jeudi 2 mai, en présence de 350 personnes – étudiants, enseignants et salariés –, a débouché sur une crispation des positions. Devant l’établissement, Hicham, porte-parole du comité Palestine de Sciences Po Paris (qui n’a pas souhaité donner son nom), a annoncé la poursuite du mouvement par un « sit-in pacifique » dans le hall et par le début d’une grève de la faim d’une étudiante, à 14 heures, « en solidarité avec les victimes palestiniennes ».
« D’autres étudiants vont la rejoindre au cours de la journée », et ils continueront jusqu’à « la tenue d’un vote officiel non anonyme au conseil de l’institut pour l’investigation des partenariats avec les universités israéliennes », a prévenu à ce moment-là l’étudiant en master des droits humains et projets humanitaires à l’école des affaires internationales.
Jeudi soir, ils étaient six à avoir entamé une grève de la faim, et l’occupation du campus a été votée par une centaine d’étudiants. A la suite de cette décision, la direction de Sciences Po a annoncé la fermeture, vendredi, de ses principaux locaux à Paris, dans un message envoyé aux salariés. « Les bâtiments des 25, 27, 30, rue Saint-Guillaume et du 56, rue des Saints-Pères, resteront fermés demain, vendredi 3 mai. Nous invitons à rester en télétravail », communique la direction des ressources humaines.
Alors que le town hall touchait à sa fin, jeudi, les étudiants sortaient au compte-gouttes sur le trottoir de la rue Saint-Guillaume, d’où l’on saisissait des clameurs et des slogans tels qu’« Israël assassin, Sciences Po complice », entonné par une cinquantaine de membres du comité Palestine.
Dans la rue, des étudiants ont salué des échanges « calmes » et « de bonne qualité », malgré un « dérapage » final : face à un étudiant juif qui affirmait être antisioniste, Jean Bassères, l’administrateur provisoire de Sciences Po, aurait assuré que ces propos étaient susceptibles de « choquer » d’autres jeunes présents. Une déclaration qui a suscité des cris de désapprobation dans les rangs des étudiants. « La réaction de Bassères était très maladroite », a jugé un étudiant en journalisme – qui n’a pas souhaité donner son nom.
Clivage profond
« Le débat a parfois été dur, souvent émouvant, et des désaccords forts se sont exprimés », a déclaré Jean Bassères devant la presse à l’issue du débat. Affichant la « plus grande prudence », il a appelé « chacun au sens des responsabilités » alors que commence, lundi 6 mai, la session d’examens de fin d’année pour quelque 15 000 étudiants. « J’ai refusé la demande d’un groupe de travail pour investiguer nos relations avec les universités et les entreprises israéliennes en rappelant aux étudiants qu’il existe déjà une gouvernance à Sciences Po qui gère ces sujets-là. Je sais que ça va faire réagir », a-t-il ajouté.
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