« L’homme recherché depuis mardi dans le Gard s’est rendu. » C’est par un tweet saluant le travail des forces de l’ordre que Gérald Darmanin a annoncé, vendredi 14 mai, que Valentin Marcone, 29 ans, le suspect du double meurtre des Plantiers (Gard), dans les Cévennes, avait mis fin à sa fuite.
« Excusez-moi, je me rends » : tels ont été les mots de Valentin Marcone, 29 ans, qui a été placé en garde à vue pour « assassinats », ont précisé le procureur de Nîmes, Eric Maurel, et le général Arnaud Browaëys, commandant de la zone de défense et de sécurité Sud, lors d’une conférence de presse. Le fugitif « se terrait, s’était camouflé, on pouvait passer à quelques mètres de lui » sans le voir, explique le commandant des opérations. Il était « extrêmement affaibli, hagard » lors de sa reddition. « Je pense qu’il s’est rendu de guerre lasse. (…) Nous avions un ratissage en cours par le GIGN, sentant cette équipe s’approcher, il a quitté sa cache en direction de son domicile » et s’est rendu à la première patrouille de gendarmes qu’il a rencontrée à 19 h 15, aux abords de l’église de Saint-Marcel de Fontfouillouse, dans la zone de recherche, a déclaré le général Browaëys.
« Lorsqu’il s’est rendu, il n’avait plus d’arme » mais « on sait qu’il en manquait deux à l’inventaire » fait à son domicile, a également rapporté l’officier de gendarmerie, précisant que le fugitif n’avait pas non plus de nourriture et était « extrêmement affaibli et hagard ».
Traqué par quelque 350 gendarmes
Valentin Marcone, 29 ans, était caché dans la forêt cévenole depuis mardi matin après avoir abattu son patron et un de ses collègues dans la scierie où il travaillait, dans le village des Plantiers (Gard).
Solitaire, tireur sportif, Valentin Marcone, n’est « pas un adepte de l’idéologie survivaliste, pas plus qu’un paramilitaire », selon le procureur de Nîmes Eric Maurel.
En conflit avec son employeur, son comportement avait toutefois changé quelques jours et il venait au travail en gilet pare-balles. Mardi, c’est à la suite d’une simple remarque de son patron, à qui il n’aurait pas dit bonjour, qu’il aurait sorti un pistolet et tiré, l’abattant lui puis un de ses collègues de plusieurs balles dans la tête, avant de prendre la fuite.
L’homme était traqué par quelque 350 gendarmes assistés par des hélicoptères et des drones équipés de caméras thermiques ainsi que par neuf équipes cynophiles. Deux cartographes étudiaient en permanence les images des drones pour détecter les modifications qui auraient pu avoir été apportées par le passage d’un homme – comme un éboulement dans un pierrier, par exemple.
Les gendarmes du Gard, renforcés par des collègues du GIGN (groupe d’intervention de la gendarmerie nationale) de Paris et des antennes d’Orange (Vaucluse) et de Toulouse (Haute-Garonne), ainsi que par plusieurs escadrons de gendarmes mobiles d’Antibes (Alpes-Maritimes), Roanne (Loire) ou encore Dreux (Eure-et-Loir), ont ratissé une zone de 225 kilomètres carrés, un carré de 15 kilomètres de côté autour de la commune des Plantiers. Jeudi, un appel à témoins a été lancé par les enquêteurs, avec la photo du fuyard. Et son père a enregistré un message à son attention, à l’initiative de la gendarmerie, pour le conjurer de se rendre.
La fin du calvaire pour la famille et les habitants de Plantiers
« Mes pensées vont vers les familles des victimes qui grâce au travail des gendarmes auront droit à un procès et pourront je l’espère comprendre les raisons de ce drame », a souligné le procureur.
Le maire du village des Plantiers, Bernard Mounier, a souligné pour sa part l’émotion des quelque 260 habitants qui ont dû vivre reclus durant la traque par mesure de sécurité, mais qui compte surtout des familles endeuillées et celle du meurtrier présumé.
Les habitants « se sont regroupés à la mairie, sur les ponts et ils se sont regardés avec des larmes dans les yeux. Et les mots vont peut-être émerger, mais pour l’instant on est dans l’émotion, dans le silence », a expliqué l’élu, ajoutant : « La peur s’éloigne mais je crois qu’au travers de ces regards-là on sent aussi la perspective d’un devenir un peu plus compliqué. »
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