L’horizon judiciaire de Nicolas Sarkozy, déjà bien encombré, s’assombrit encore un peu plus. Dans l’attente de son jugement dans l’affaire « Bismuth », le 1er mars, pour laquelle il est poursuivi pour corruption et trafic d’influence, d’une comparution, à compter du 17 mars, devant le tribunal correctionnel dans l’affaire Bygmalion pour laquelle il est renvoyé pour financement illégal de sa campagne électorale de 2012, et de l’épilogue de l’affaire libyenne dans laquelle il est notamment mis en examen pour corruption et association de malfaiteurs, l’ancien président de la République voit un nouveau front s’ouvrir.
Comme l’a révélé le site Mediapart, le Parquet national financier (PNF) a ouvert en juillet 2020 une enquête préliminaire pour trafic d’influence, confiée à l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), visant les nouvelles activités de consultant de M. Sarkozy et plus précisément un contrat qu’il a noué en juillet 2019 avec la société russe Reso-Garantia, l’une des principales sociétés d’assurances du pays, pour un montant de 3 millions d’euros. Somme sur laquelle, selon le site d’informations, il aurait déjà touché 500 000 euros sur un compte qu’il détient en France à la banque Rothschild.
C’est d’ailleurs le virement d’importantes sommes sur ce compte qui, après le signalement d’une banque française par laquelle les fonds avaient transité avant d’atterrir à la banque Rothschild, a mis en mouvement l’organisme antiblanchiment du ministère de l’économie, Tracfin, qui a ensuite effectué un signalement au PNF.
Frontière ténue
Selon les informations du Monde, la banque Rothschild a fait l’objet d’une perquisition menée par les enquêteurs de l’OCLCIFF en début de semaine. Les enquêteurs sont à la recherche de documents qui permettraient de matérialiser les missions menées par l’ancien président et de vérifier si celles-ci remplissaient les conditions légales de leur exercice.
A ce stade, plusieurs questions se posent. Compte tenu des réglementations en vigueur, la frontière entre les activités de conseiller et de marchand d’influence est ténue. A-t-il simplement vendu son poids politique putatif et le carnet d’adresses qui va avec ? Selon Mediapart, le contrat scellé entre Nicolas Sarkozy et Reso-Garantia est intervenu trois mois avant que l’assureur français Axa, client historique du cabinet d’avocats Claude & Sarkozy (récemment rebaptisé Realyze), devienne « directement actionnaire de la holding luxembourgeoise RGI Holdings, qui contrôle l’assureur russe ». Ce changement dans la configuration de la participation d’Axa est-il lié à l’action de Nicolas Sarkozy ?
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