La deuxième vague au jour le jour | Episode 7. Il est près de 18 heures ce mardi 19 janvier, lorsque l’équipe du SMUR de Seine-Saint-Denis franchit les portes du service de réanimation de l’hôpital Bichat. A demi-allongé sur le brancard de l’ambulance, un masque à oxygène sur le visage, son portable et son chargeur serrés contre lui, Charles observe placidement les soignants qui s’affairent autour de lui.
Un peu engoncé dans sa blouse d’hôpital, cet Irlandais massif a ressenti les premiers symptômes du Covid-19 il y a une dizaine de jours, et a vu son état s’aggraver une semaine plus tard avec des difficultés respiratoires. Un scénario caractéristique de la maladie.
Dans sa chambre, une fois passée l’effervescence du transfert, le silence s’installe, ponctué seulement par le bip du moniteur et le souffle paisible du filtre à air. Charles semble résigné à ce qui l’attend. « Six de mes collègues l’ont aussi », souffle ce père de famille quinquagénaire, expatrié depuis peu en France pour participer à la construction d’un data center en région parisienne. « Nous sommes tous rentrés en Irlande pour les vacances de Noël, mais je pense avoir été contaminé à mon retour, début janvier », précise-t-il, avant de disparaître sous un tissu bleu stérile, destiné à limiter le risque d’infection lors de la pose du cathéter.
Pour Jean-François Timsit, chef du service de réanimation, « c’est certain », son patient a été contaminé par le variant « britannique » du SARS-CoV-2, suspecté d’être bien plus contagieux que les variants « historiques » (le test confirmera son intuition). « Difficile de savoir si l’augmentation explosive des cas est liée aux mutations ou au fait que les Anglais ont longtemps fait n’importe quoi. Mais on a aussi dit ça, au début, des Italiens, en ricanant », souligne, circonspect, le médecin.
Au téléphone, Faïza Sayagh, réanimatrice, cherche à en savoir davantage sur l’historique médical de Charles, hospitalisé pendant quelques jours dans un hôpital de Seine-Saint-Denis avant d’être transféré ici, faute de place dans les autres services de réanimation. Dans le nord de Paris, « la situation est compliquée », confie l’un des médecins qui l’a accompagné. Après une période d’accalmie, le nombre d’hospitalisations en réanimation est reparti à la hausse, et les lits – déjà occupés à plus de 50 % par des patients Covid-19 – pourraient bientôt être comptés.
La lassitude gagne
Il vous reste 72.74% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.