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Quand peut-on espérer avoir un vaccin ? Qui sera prioritaire ? Le point sur la recherche contre le Covid-19

Le laboratoire britannique est le dernier à avoir présenté des résultats positifs d’essais cliniques à grande échelle.

Le Monde avec AFP

Publié le 10 novembre 2020 à 10h42, modifié le 24 novembre 2020 à 11h11

Temps de Lecture 7 min.

Alors que de nombreuses populations, notamment aux Etats-Unis et en Europe, sont confrontées à une deuxième vague du virus et se raccrochent à l’espoir d’une distribution rapide de vaccins contre le Covid-19, les laboratoires du monde entier rivalisent d’annonces, qu’il s’agisse de l’alliance Pfizer-BioNTech, de la société américaine Moderna, du laboratoire britannique AstraZeneca, des expérimentations massives en Chine ou des recherches en Russie.

  • Combien recense-t-on de candidats-vaccins ?

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 48 candidats-vaccins étaient évalués dans des essais cliniques sur l’homme à la date du 23 novembre. Un chiffre en constante progression, puisqu’ils étaient onze candidats à la mi-juin.

  • Où en sont les essais ?

Onze en sont au stade le plus avancé, la phase 3 – dernière étape avant l’homologation des autorités –, où l’efficacité du vaccin est mesurée à grande échelle sur des dizaines de milliers de volontaires répartis sur plusieurs continents.

Parmi eux, celui de la société américaine Moderna, de l’alliance germano-américaine BioNTech-Pfizer, de plusieurs laboratoires chinois, un projet européen mené par l’université d’Oxford avec le britannique AstraZeneca ou encore le vaccin Spoutnik V, développé par la Russie et son institut de recherche Gamaleïa.

Les 37 autres en sont encore à la phase 1, qui vise avant tout à évaluer la sécurité du produit, ou à la phase 2, où l’on explore déjà la question de l’efficacité.

  • Quelles sont les techniques utilisées pour mettre au point les vaccins ?

Les laboratoires ont misé sur des méthodes différentes, certaines déjà éprouvées dans l’histoire de la vaccination, d’autres inédites.

Plusieurs équipes travaillent sur des types de vaccins classiques qui utilisent un virus « tué » : ce sont les vaccins « inactivés », comme ceux des chinois Sinovac et Sinopharm.

Il y a également des vaccins dits « sous-unitaires », à base de protéines (des antigènes), qui déclenchent une réponse immunitaire sans utiliser le virus lui-même.

D’autres vaccins, dits « à vecteur viral », sont plus innovants : les scientifiques utilisent comme support un autre virus qu’on transforme et adapte pour combattre le Covid-19. C’est la technique choisie par l’université d’Oxford et les Russes, qui utilisent des adénovirus (famille de virus très courants).

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Enfin, d’autres projets novateurs sont basés sur des vaccins « à ADN » ou « à ARN », des produits expérimentaux utilisant des morceaux de matériel génétique modifié. C’est le cas de ceux de Moderna et de BioNTech-Pfizer.

« Plus on a de candidats avec des techniques différentes, plus on a de chances d’aboutir à un vaccin qui marche et est bien toléré », a expliqué à l’Agence France-Presse (AFP), Daniel Floret, vice-président de la commission technique des vaccinations de la Haute Autorité de santé (HAS) française.

  • Quels sont les résultats des premiers essais ?

En publiant, le 9 novembre, des résultats intermédiaires d’un essai de phase 3, Pfizer et BioNTech ont été les premiers à affirmer que leur vaccin était « efficace à 90 % » pour empêcher une contagion par le nouveau coronavirus. Ils n’ont toutefois pas encore rendu publiques les données de l’essai lui-même, qui est toujours en cours. Un résultat prometteur, qui a poussé l’Union européenne à se positionner. Bruxelles a négocié un contrat avec l’américain Pfizer et l’allemand BioNTech visant à acheter jusqu’à 300 millions de doses de leur vaccin.

Une semaine plus tard, la société de biotechnologie américaine Moderna a annoncé, le 16 novembre, que son vaccin était efficace à 94,5 %. Elle compte en fabriquer 20 millions de doses d’ici à la fin de décembre. Cela signifie que le risque de tomber malade du Covid-19 a été réduit de 94,5 % entre le groupe placebo et le groupe vacciné du grand essai clinique en cours sur 30 000 personnes aux Etats-Unis, selon une analyse préliminaire des tout premiers cas : en l’occurrence, 90 participants du groupe placebo ont attrapé le Covid-19, contre cinq dans le groupe vacciné.

On ignore encore la durée de la protection conférée par le vaccin, ce que seul le temps révélera. Mais si ce niveau d’efficacité était le même dans la population générale, ce serait l’un des vaccins les plus efficaces qui existent, comparable à celui contre la rougeole, efficace à 97 % en deux doses, et bien meilleur que contre la grippe (19 % à 60 %), selon les centres américains de lutte contre les maladies.

Lundi 23 novembre, le laboratoire britannique AstraZeneca et l’université d’Oxford ont annoncé un vaccin efficace à 70 % en moyenne. Dans le détail, l’efficacité monte à 90 % pour un premier échantillon de personnes qui ont reçu une demi-dose, puis une dose un mois plus tard. Elle descend à 62 % pour un autre groupe qui a reçu deux doses en tout avec un mois d’écart.

Avec une efficacité de 70 % en moyenne, ce vaccin est, pour l’heure, moins probant que celui de Pfizer-BioNTech ou de Moderna. Mais il utilise une technologie plus traditionnelle que ces deux concurrents, ce qui le rend moins coûteux et plus facile à stocker, puisqu’il n’a pas besoin d’être conservé à très basse température.

Le 8 août 2020, une infirmière montre un vaccin contre le Covid-19 produit par la société chinoise Sinovac Biotech, à l’hôpital Sao Lucas de Porto Alegre, dans le sud du Brésil.

Pour l’instant, seuls des résultats préliminaires (phases 1 et/ou 2) ont été publiés dans des revues scientifiques, tels ceux du vaccin chinois de Sinopharm dans la revue The Lancet Infectious Diseases ou ceux du vaccin russe, de l’université d’Oxford, du chinois CanSino et de Moderna.

L’autorité sanitaire du Brésil a annoncé, le 10 novembre, avoir suspendu les essais cliniques d’un vaccin expérimental chinois contre le coronavirus après « un incident grave » constaté chez un volontaire. Dans un communiqué, le laboratoire chinois Sinovac Biotech qui produit le CoronaVac s’est dit « confiant dans la sûreté du vaccin », affirmant que l’incident en question au Brésil était « sans rapport » avec le vaccin.

Globalement, les résultats des essais sont jugés encourageants et montrent que les vaccins en question ne provoquent pas d’effets secondaires graves et entraînent une bonne réponse immunitaire. 

  • A quelle date peut-on espérer disposer d’un vaccin ?

Dix-huit mois : c’est le temps évalué et espéré par les chercheurs pour la mise au point d’un vaccin. Il faut en général une dizaine d’années entre le moment où l’on commence à travailler sur un nouveau vaccin et le moment où celui-ci est disponible. Mais l’urgence sanitaire de la situation actuelle a fait que ce délai a été très largement raccourci, sur fond de bataille à distance entre la Chine, les Etats-Unis et la Russie.

Si l’annonce de Pfizer-BioNTech augmente la probabilité qu’un vaccin efficace contre le Covid-19 soit effectivement mis au point, il est, malgré tout, trop tôt pour en être sûr. Afin d’être fixé, « il faut que les essais de phase 3 aillent à leur terme et qu’on ne base pas l’analyse sur des résultats intermédiaires, aussi bien sur les questions de tolérance que d’efficacité », dit à l’AFP l’immunologiste Alain Fischer.

C’est d’autant plus vrai que de nombreuses inconnues planent sur les mécanismes d’immunité contre le Covid-19, avec quelques cas de réinfection qui commencent à être signalés.

  • Qui aura accès en priorité au vaccin ?

« Un vaccin contre le Covid-19 doit être vu comme un bien public mondial, un vaccin pour les peuples », a plaidé le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. Nombre de dirigeants mondiaux ont lancé un appel en ce sens, dont les deux principales voix étaient le président chinois, Xi Jinping, et le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron.

En parallèle, des levées de fonds internationales ont été lancées par les Etats et de grosses fondations. Des accords de préréservation ont été passés avec les principaux laboratoires. Cela permet aux entreprises de mettre en place le processus industriel de fabrication de leur vaccin en même temps qu’elles travaillent à son élaboration, deux étapes d’habitude distinctes.

  • La défiance envers les vaccins, un enjeu de taille

Même si les recherches aboutissent à plus ou moins longue échéance, il restera une ultime question, de taille : les gens accepteront-ils de se faire vacciner, dans un contexte de défiance grandissante ?

Selon une étude parue à la mi-octobre dans la revue britannique Royal Society Open Science, une part non négligeable de la population de certains pays croit à des théories complotistes sur le Covid-19, qui augmentent la méfiance envers la vaccination. Par exemple, la fausse affirmation selon laquelle la pandémie « fait partie d’un plan pour imposer la vaccination mondiale » est jugée fiable par 22 % des Mexicains sondés pour cette étude.

« Les gouvernements et les sociétés de technologie devraient chercher le moyen d’améliorer l’éducation aux médias numériques dans la population. Sinon, développer un vaccin pourrait ne pas être suffisant », a commenté l’un des auteurs de cette étude, Sander van der Linden, chercheur en psychologie sociale à l’université de Cambridge (Angleterre).

Selon une enquête menée dans quinze pays, publiée jeudi par le Forum économique mondial, la proportion de personnes prêtes à se faire vacciner a même diminué par rapport au mois d’août. Seulement 73 % sont d’accord avec l’affirmation « si un vaccin contre le Covid-19 était disponible, je me ferais vacciner », alors qu’elles étaient 77 % en août.

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