La France devra affronter, « si rien ne change », une « épidémie généralisée » pendant de longs mois, avec un système de santé « incapable de répondre à toutes les sollicitations », a prévenu le président du conseil national de l’Ordre des médecins. « La deuxième vague arrive plus vite que nous le redoutions », a déclaré Patrick Bouet dans un entretien au Journal du dimanche du 27 septembre alors que l’Hexagone connaît une recrudescence de cas de contamination.
« Mercredi, Olivier Véran [le ministre de la santé] a choisi un langage de vérité, mais il n’est pas encore allé assez loin. Il n’a pas dit que, si rien ne change, dans trois à quatre semaines, la France va devoir affronter, pendant plusieurs longs mois d’automne et d’hiver, une épidémie généralisée sur tout son territoire », a-t-il ajouté.
« Une épreuve » nous attend
Le pays n’aura pas de « base arrière dans laquelle puiser des renforts humains, avec un système de santé incapable de répondre à toutes les sollicitations », a encore dit M. Bouet. « Ce qui nous attend est une épreuve. Mais les professionnels de santé, à l’origine du miracle du printemps, ne pourront pas pallier à nouveau les carences structurelles. Beaucoup sont épuisés, traumatisés », a-t-il mis en garde.
Il a regretté que « le bilan de la première période n’ait pas été fait, pour mieux préparer à celle-ci ». Il aurait fallu, pendant l’accalmie, « mettre en œuvre un processus de retour d’expérience » en organisant « des réunions au ministère de la santé avec tous les acteurs de la crise ». « Il était clair que les gens allaient se relâcher pendant les vacances et que les contaminations estivales des littoraux nourriraient les Covid urbains de septembre. »
Un comité pour gérer le concret
M. Bouet a mis en cause la « technostructure du ministère de la santé ». Selon lui, il est « urgent de créer un “comité de pratique”, une sorte de pendant au conseil scientifique, centré sur l’organisation, la logistique, le concret, et de le doter d’une déclinaison au niveau de chaque département ».
« Faute de quoi, c’est le SAMU, et donc l’hôpital, qui devra à nouveau tout gérer, avec à la clé le même embouteillage qu’au printemps au 15 [le numéro d’appel d’urgence] », a déclaré le président de l’ordre, qui est médecin généraliste. « Il faut que la médecine de ville soit à même de bien coopérer avec l’hôpital. »
Pour éviter un nouvel emballement incontrôlé de l’épidémie de Covid-19, le gouvernement a imposé cette semaine aux principales villes du pays un sévère tour de vis, la plupart, dont Paris, étant désormais en « zone d’alerte » renforcée ou maximale.
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