« On le vit très mal, bien sûr », lâche Ali Laazaoui, secrétaire du Parti socialiste (PS) de Tourcoing (Nord). Il a voté Olivier Faure, comme 55,47 % des socialistes nordistes, et ne comprend pas le procès fait à son candidat d’avoir fait le choix de la Nouvelle Union populaire écologiste et sociale (Nupes). « C’est du pragmatisme, un simple accord politique, pas une fusion », justifie-t-il à propos de cette alliance de la gauche. M. Laazaoui se situe plutôt à la gauche du parti, lui qui n’a toujours pas digéré la loi travail de 2016, sous le mandat du socialiste François Hollande : « J’en suis tombé de ma chaise. »
Louisette Rousseau, militante depuis 2000, et sympathisante depuis plus longtemps encore, avoue qu’elle « tient bon, mais c’est dur ». Cette retraitée de Wattrelos, où la section PS s’est réduite comme peau de chagrin, martèle qu’elle « veut le changement » et qu’elle « en a marre des éléphants ». Plusieurs fois, elle répète : « On a besoin d’une gauche forte ! » Et, une gauche forte, un PS qui retrouve une voix, ce ne peut être celui qui « se déchire devant la France entière, où l’un et l’autre s’accusent de malversations et donnent l’impression que ce qui compte, c’est le poste de chef, rien d’autre », râle François (les personnes dont seul le prénom apparaît ont requis l’anonymat), un autre militant, enseignant en zone d’éducation prioritaire. Lui n’est pas allé voter : « Fini pour moi, ils m’ont tous désespéré depuis longtemps. » A la présidentielle, il a choisi Jean-Luc Mélenchon et il hésite encore à rejoindre La France insoumise (LFI).
Rémi Boussemart, le responsable des Jeunes Socialistes dans le Nord, où, dit-il, la ligne Faure domine, blâme l’autre camp : « L’équipe Mayer-Rossignol avait la volonté de jeter, tout de suite, le discrédit sur le scrutin, parce qu’ils savaient qu’ils allaient perdre. » Le jeune homme se dit « en colère ». « Quand on veut être responsable d’un parti, on doit avoir une clairvoyance et agir en responsabilité », affirme-t-il. Une même colère que l’on retrouve chez Véronique, socialiste lilloise, qui précise être « de sensibilité de gauche et à Refondations », du nom du texte d’orientations du maire de Rouen, Nicolas-Mayer Rossignol. Elle en veut à Olivier Faure d’avoir « géré le parti en dépit de tout ce qui est notre histoire : le respect des minorités. Faure a maltraité son opposition ». « 50/50, c’est le pire des scénarios. Il restera toujours deux partis qui continueront à s’affronter », prévoit la militante.
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