« La ligne est cristalline, écrite noir sur blanc : il y aura une liste écologiste et fédéraliste aux européennes. » A la veille du congrès d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), qui doit entériner la nomination de Marine Tondelier comme nouvelle secrétaire nationale des Verts, l’eurodéputé David Cormand s’emporte quand on lui demande si son parti pourrait envisager une liste commune avec ses autres partenaires de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) pour les élections européennes de 2024. Encore lointaine, cette échéance électorale fait déjà tourner les têtes au sein de l’union de la gauche. Au sein des Verts, la conduite à tenir a été tranchée par les militants, qui ont massivement voté en faveur d’une liste autonome.
Seule Sandrine Rousseau, dont la motion « La Terre, nos luttes » a obtenu 13 % des voix au premier tour, s’était montrée ouverte à des discussions. Une porte fermée à double tour donc, qui n’empêche pas La France insoumise (LFI) d’entretenir l’espoir d’une union en 2024. « Nous avons des points de convergence, il faut se poser la question » afin de « l’emporter face aux blocs de la droite et de l’extrême droite », explique la députée européenne « insoumise » Manon Aubry. Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon se dit prêt à leur dérouler le tapis rouge, en leur offrant que la « liste tienne compte du rapport de force » du dernier scrutin. En 2019, les Verts faisaient élire treize députés européens, contre six pour les « insoumis » et six pour les socialistes.
Las. Des divergences ont refait surface ces derniers jours. Le 7 décembre, Jean-Luc Mélenchon en a rappelé l’ampleur lors d’une conférence devant les étudiants de l’Institut libre des relations internationales (Ileri). Expliquant que la Crimée avait été « offerte » à l’Ukraine un soir où Khrouchtchev « était bourré », il a réitéré ses critiques envers les sanctions imposées aux Russes, jugées responsables de « la déroute politique » des « pays européens, pris à la gorge par les Etats-Unis ». Il a martelé la nécessité pour la France de clamer une « position de non-alignement » et de pouvoir « se défendre seule, sans demander rien à personne ».
Question inflammable
Quelques jours plus tôt, La France insoumise s’abstenait à deux reprises sur des textes de soutien à l’Ukraine, pourtant votés favorablement par les écologistes et les socialistes. Le premier, adopté au Parlement européen, le 23 novembre, qualifiait notamment la Russie d’« Etat terroriste », d’où la décision des « insoumis », qui jugeaient cette terminologie « contre-productive si l’on souhaite une issue diplomatique » au conflit, justifie Manon Aubry. La députée européenne rappelle avoir voté « vingt-quatre textes en faveur » des sanctions, des aides logistiques, etc.
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