Ils sont peut-être les derniers à croire à l’union de la gauche. Cela fait trois mois que les supporteurs de la Primaire populaire exhortent la socialiste Anne Hidalgo, l’écologiste Yannick Jadot et l’« insoumis » Jean-Luc Mélenchon à se rassembler autour d’une candidature commune en vue de l’élection présidentielle. Mais, à moins de cinq mois de l’échéance, les candidats – qui sont tous les trois en deçà des 10 % d’intentions de vote dans les sondages – et leurs états-majors respectifs ne veulent toujours pas en passer par ce processus de désignation, qui réunissait près de 230 000 inscrits au 8 décembre. Qui sont donc ces optimistes faisant le pari de l’union alors que leurs espoirs sont constamment douchés ?
Ce qui n’était « qu’un processus de facilitation de rapprochements entre les différents partis de gauche au départ s’est progressivement transformé en mouvement de pression », expliquent au Monde les porte-parole de la Primaire populaire, Samuel Grzybowski et Mathilde Imer, tous deux trentenaires. Inquiets face aux sondages qui placent invariablement Emmanuel Macron en tête au premier tour de la présidentielle et les candidats d’extrême droite Marine Le Pen et Eric Zemmour en position de se qualifier pour le second, en colère contre une gauche actuellement faible et éparpillée entre huit candidatures, ils entendent pourtant créer la surprise en bousculant les règles du jeu et en unissant leur camp.
Leur projet actuel est l’héritage du collectif Rencontre des justices, lancé en juillet 2020, qui regroupait des activistes des luttes environnementales, sociales, antiracistes et féministes, des « gilets jaunes » ainsi que des entrepreneurs voulant répondre à l’urgence sociale, climatique et démocratique. Parmi eux, Samuel Grzybowski, proche du monde de l’entrepreneuriat social et solidaire, a précédemment créé en 2009 le mouvement d’éducation populaire « interconvictionnel » Coexister, tandis que la militante écologiste Mathilde Imer a été l’une des initiatrices de la campagne « L’affaire du siècle » en 2018 – une pétition ayant récolté plus de 2,3 millions de signatures pour dénoncer « l’inaction climatique » de l’Etat – et membre du comité de gouvernance de la Convention citoyenne pour le climat en 2019.
« Ils ont chacun utilisé leur cartouche »
Désormais composée de 55 bénévoles, la Primaire populaire dit avoir formé 5 000 militants qui entendent actionner tous les leviers disponibles pour mettre la pression sur les partis. Depuis plusieurs semaines, ils font des sit-in et des happenings devant les sièges des différentes formations avec des pancartes qui donnent le ton : « PS, LFI, EELV : on vous le pardonnera pas », « L’urgence c’est maintenant » ou encore « C’est 2022 ou jamais ! ». Ils appellent les standards des radios de bon matin pour questionner les responsables politiques et pas une journée ne passe sans qu’ils se mobilisent sur Twitter pour interpeller ceux qu’ils jugent responsables d’une possible future défaite.
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