Un petit moment d’histoire doit avoir lieu lundi 18 octobre à Paris. Sur le parvis de l’Hôtel de ville, 154 nouveaux policiers et policières se retrouveront devant la maire socialiste Anne Hidalgo. Pour tous, un même uniforme bleu et, Covid-19 oblige, un masque blanc frappé d’un écusson « police municipale ».
Après des années de débats, de revirements, de tractations politiques puis de préparation technique, Paris va ainsi introniser la première promotion de sa police municipale. Comme presque toutes les autres grandes agglomérations, la première ville de France disposera désormais de sa propre police. La fin d’un particularisme remontant à 1800.
Très vite, les nouveaux policiers vont être répartis entre les arrondissements. « Dans le 15e, nous devrions en avoir une vingtaine, se réjouit Nicolas Jeanneté, l’élu Les Républicains (LR) chargé du sujet. Ils ne seront pas de trop, alors que pas un week-end ne passe sans une bagarre. » Pour eux, la mairie d’arrondissement a un message clair : « Votre priorité n’est pas de taxer les crottes de chien. Vous devez vous montrer dans les rues, les coins sensibles, pour rassurer les gens. »
Les débuts de cette police municipale appelée à devenir la première de France se révèlent cependant moins spectaculaires que prévu. « L’accouchement est long et difficile », juge Hervé Tempier, de la CFTC. Au départ, la mairie espérait afficher une première promotion d’au moins 200 policiers. « On en avait sélectionné 210, raconte Nicolas Nordman, l’adjoint d’Anne Hidalgo chargé de la sécurité. Mais avec le Covid, nous avons dû revoir la jauge des salles. Puis des agents se sont arrêtés en cours de formation, certains n’ont pas été reçus à l’examen final, et quelques-uns n’ont pas été assermentés par l’Etat. » Un des agents formés à Paris a en outre choisi de rejoindre la police de Charenton-le-Pont (Val-de-Marne).
« 5 000 agents à la fin du mandat »
Résultat : au lieu de 210 policiers, Anne Hidalgo n’en adoubera que 154. Et contrairement à son ambition, la stricte parité visée entre policiers et policières n’est pas au rendez-vous. « Pour cette promo, nous sommes plutôt à 70 % d’hommes et 30 % de femmes », reconnaît Michel Felkay, le directeur de la police parisienne.
Après ce démarrage en demi-teinte, la ville veut accélérer le rythme. Anne Hidalgo a affiché l’ambition de disposer de « 5 000 agents à la fin du mandat », en 2026. En réalité, ce chiffre recouvre deux types de personnels. D’une part, 1 600 gardiens de square, médiateurs, etc., dont la situation ne change pas. D’autre part, 3 400 policiers proprement dits : des agents municipaux qui s’occupaient déjà de sécurité et sont formés en trois mois et demi, et des nouveaux venus, recrutés pour l’occasion et formés durant six mois.
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