Le « quoi qu’il en coûte » a-t-il payé ? Pour ce qui concerne les entreprises, la réponse est globalement positive, selon le comité de suivi des mesures d’urgence, qui a remis son rapport d’évaluation à Jean Castex et à Bruno Le Maire, mardi 27 juillet. Les aides ont atteint leur cible et n’ont suscité que peu d’effets d’aubaine, et les résultats macroéconomiques sont au rendez-vous.
Les quelque 230 milliards d’euros, environ 10 % du PIB, que représentaient à la fin du mois de juin les quatre principales mesures – mise en place de l’activité partielle, création du fonds de solidarité, lancement des prêts garantis par l’Etat et report de cotisations sociales – ont en effet permis, rappelle ce document, de limiter fortement l’impact de la crise sur la solvabilité et la trésorerie des entreprises.
Ces dispositifs expliquent en grande partie que les défaillances restent à un niveau très faible et que le chômage n’ait pas explosé après dix-huit mois de crise sanitaire. Le comité souligne également que le secteur de l’hébergement et de la restauration, qui a été parmi les plus touchés en raison des confinements et des mesures administratives, a été le plus soutenu.
Pour autant, alors que le gouvernement envisage l’arrêt de ces dispositifs d’urgence à la fin de l’été, Benoît Cœuré, président du comité de suivi, appelle à la plus grande prudence. Dans son avis final, le comité signale que la France affiche plus d’empressement que d’autres en la matière. « Nos partenaires européens, à l’exception du Royaume-Uni, ne semblaient d’ailleurs pas – en juin 2021 – avoir de calendrier de sortie de leurs dispositifs de soutien aussi avancé que le nôtre », souligne ce document.
« Catastrophe industrielle »
D’autre part, la résilience globale du tissu économique cache de grandes disparités de situation. « Il faudra surveiller de près une minorité d’entreprises particulièrement fragilisées », insiste M. Cœuré, parmi lesquelles figurent beaucoup de très petites entreprises qui pourraient nécessiter des « traitements individuels appropriés ». Enfin, « à court terme, l’incertitude reste grande et des restrictions sanitaires nationales et internationales subsisteront et affecteront l’activité économique et potentiellement l’emploi », rappelle le comité de suivi.
Cette recommandation prend tout son écho alors que nombre de secteurs, dont l’activité est concernée par la mise en place du passe sanitaire, appellent d’ores et déjà à une prolongation des dispositifs. C’est le cas de l’UMIH, le principal syndicat de l’hôtellerie-restauration, des professionnels du cinéma ou des parcs de loisirs qui parle même de « catastrophe industrielle » induite par le passe sanitaire. La ministre de la culture, Roselyne Bachelot, et les représentants des salles de cinéma étaient d’ailleurs attendus mercredi 28 juillet à Bercy pour évoquer le sujet. Une « clause de revoyure » est prévue fin août, rappelle-t-on à Bercy, pour faire le point sur la situation sanitaire et économique après la saison estivale.
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