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La manifestation propalestinienne prévue samedi à Paris est bien interdite, confirme le tribunal administratif

L’interdiction avait été décidée cette semaine par le préfet de police de Paris, à la demande du ministre de l’intérieur, qui déclarait craindre de « graves troubles à l’ordre public ».

Le Monde avec AFP

Publié le 14 mai 2021 à 13h39, modifié le 15 mai 2021 à 08h31

Temps de Lecture 4 min.

Ils entendaient contester un arrêté d’interdiction qu’ils jugeaient « injuste et abusif ». Les organisateurs de la manifestation en soutien au peuple palestinien, prévue samedi à Paris, ont déposé, vendredi 14 mai, un recours en référé-liberté auprès du tribunal administratif. Ils tentaient ainsi d’obtenir l’annulation de son interdiction, décidée jeudi soir par le préfet de police de Paris.

Mais le tribunal administratif a rejeté le recours, vendredi en début de soirée, et ainsi confirmé l’interdiction de la manifestation. « La France reste le seul pays démocratique à interdire ces manifestations », a réagi sur Twitter Sefen Guez Guez, avocat, avec Me Dominique Cochain et Me Ouadie Elhamamouchi, de l’Association des Palestiniens en Ile-de-France. Dans le même message, il annonce faire « appel devant le Conseil d’Etat de ce rejet ».

Dans un communiqué publié vendredi soir, l’Association France Palestine solidarité écrit que « la solidarité avec le peuple palestinien s’exprimera malgré les défenseurs inconditionnels d’un Etat criminel ». Un collectif d’associations – dont Attac, l’Action antifasciste Paris-Banlieue, le Nouveau Parti anticapitaliste, le Parti des indigènes de la République ou encore l’Association des Palestiniens en Ile-de-France – affirme : « Parce que nous refusons de taire notre solidarité avec les Palestiniens, et que l’on ne nous empêchera pas de manifester, nous serons présents [au métro] Barbès demain à 15 heures. »

« Participer à une manifestation interdite fait l’objet d’une verbalisation à hauteur de 135 euros », a mis en garde la Préfecture de police de Paris sur Twitter.

La manifestation était au départ prévue pour commémorer la Nakba (« catastrophe », en arabe), l’exode de centaines de milliers de Palestiniens à la création d’Israël, en 1948, avant que la flambée de violence en Israël et dans la bande de Gaza de ces derniers jours vienne dessiner la perspective d’un rassemblement important. Les organisateurs comptaient notamment dénoncer la position de la France, jugée trop favorable à Israël, et lui demander de « condamner plus fermement les bombardements qui tuent des civils à Gaza », selon Walid Atallah, l’un des responsables de l’association.

Un précédent en 2014

« La France est la seule démocratie à interdire une telle manifestation ! », avait déjà souligné M. Guez Guez, en dénonçant une atteinte à la liberté d’expression « totalement disproportionnée ». Il déplore également le caractère « politique » de cette décision « prise à la demande du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin » – affirmation confirmée par l’intéressé sur Twitter.

Pour motiver son arrêté d’interdiction, le préfet de police de Paris, Didier Lallement, avait affirmé qu’il existait « un risque sérieux » de « troubles graves à l’ordre public », ainsi que d’« exactions contre des synagogues et intérêts israéliens ». Et mis en avant, comme M. Darmanin, le précédent de 2014, lorsqu’une manifestation propalestinienne à Paris avait dégénéré en heurts. « Depuis 2014, il y a eu plein de manifestations de défense de la cause palestinienne qui se sont déroulées sans aucun problème », répond M. Guez Guez.

M. Darmanin a demandé, jeudi, aux préfets de suivre de près les rassemblements prévus dans d’autres villes de France, de ne pas hésiter à les interdire si nécessaire et d’assurer la protection des lieux fréquentés par la communauté juive.

Vif débat politique

L’affaire suscite un vif débat dans la classe politique entre ceux qui soutiennent la demande du gouvernement – dans la majorité, à droite et à l’extrême droite – et ceux qui dénoncent une interdiction « inacceptable », menés par La France insoumise (LFI).

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L’ancien premier ministre Manuel Valls, qui a apporté cette semaine son soutien à Israël, a salué une « décision grave mais justifiée », estimant qu’« une partie de la gauche ou de l’extrême gauche prend prétexte de ce conflit pour justifier l’antisémitisme ». Le député La République en marche (LRM) de Paris Sylvain Maillard a estimé l’interdiction « dure », « grave », « mais nécessaire pour préserver l’ordre public ».

L’interdiction a également été approuvée du côté des Républicains (LR) et du Rassemblement national (RN). « Il est hors de question d’importer sur notre sol » le conflit israélo-palestinien, a déclaré vendredi sur BFM-TV le numéro deux de LR, Guillaume Peltier. « Il vaut mieux qu’il n’y ait pas de manifestations », notamment pour éviter des « provocations antisémites », a affirmé sur CNews le porte-parole du RN, Sébastien Chenu.

« M. Darmanin suscite des risques de violences, c’est une provocation de sa part », a estimé de son côté, sur France 2, le député LFI de Seine-Saint-Denis Eric Coquerel, ajoutant : « C’est un conflit géopolitique. Le problème, c’est un peuple colonisé qui a sa capitale occupée contre toutes les résolutions de l’ONU. » Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste, a mis en garde dans un communiqué : « En interdisant dans l’ensemble du pays toute initiative en faveur d’une paix juste entre Palestiniens et Israéliens, le gouvernement crée les conditions de tensions communautaires, de violences et de provocations racistes. »

Parmi les seules voix dissonantes à gauche figure la maire de Paris, la socialiste Anne Hidalgo. Interrogée sur la radio de la communauté juive Radio J vendredi matin, elle a estimé que l’interdiction était une « décision sage », précisant : « Nous avons connu en 2014 une manifestation extrêmement violente, très difficile. La situation est de très très grande tension. »

Vendredi matin, on recensait, depuis le début des affrontements entre le Hamas et Israël, près de 120 morts parmi les habitants de Gaza, enclave palestinienne sous blocus israélien contrôlée par le Hamas, et huit du côté israélien.

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