Son sort faisait peu de doute tant il incarnait les difficultés de la précédente équipe gouvernementale. Christophe Castaner n’a pas été reconduit au poste de ministre de l’intérieur par Jean Castex. Il a été remplacé lundi 6 juillet par Gérald Darmanin.
C’est la fin d’un parcours cahoteux pour ce ministre arrivé place Beauvau le 16 octobre 2018, à la faveur de la démission surprise de Gérard Collomb, le premier locataire des lieux du quinquennat d’Emmanuel Macron. Comme l’ancien maire de Lyon, Christophe Castaner avait alors pour lui d’être l’un des très proches du président de la République, une qualité souvent jugée essentielle pour être à la tête des forces de sécurité et d’une partie des services de renseignement. Mais malgré ce lien indéfectible avec le premier personnage de l’Etat, il aura souvent donné l’image d’un homme peinant à habiter la fonction, tout au long des vingt et un mois passés aux commandes.
Il est d’usage à chaque départ d’un ministre de l’intérieur de lister les embûches rencontrées, qui sont souvent nombreuses dans l’histoire récente de notre pays. De ce point de vue, Christophe Castaner se place tout en haut du palmarès. A peine un mois après sa promotion, du secrétariat d’Etat aux relations avec le Parlement au ministère de l’intérieur, débutait le mouvement des « gilets jaunes ». Et, avec lui, le plus long épisode de maintien de l’ordre de la Ve République. Le terrorisme ne lui aura pas été épargné, frappant même au cœur de la préfecture de police de Paris, avec l’attaque d’un agent qui a tué en octobre 2019 quatre de ses collègues avant d’être lui-même abattu dans la cour de cette citadelle sécuritaire, située en plein centre de la capitale. Enfin, il aura dû gérer le confinement de la France entière, dans lequel les forces de l’ordre ont joué un rôle central, malgré l’absence de masques pour les effectifs.
Fronde syndicale
Sa relation ambiguë avec les forces de l’ordre symbolise l’étau resserré dans lequel le ministre de l’intérieur aura donné l’impression d’évoluer tout au long de son passage à Beauvau. La nomination en tant que secrétaire d’Etat de Laurent Nuñez, ancien patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), avait dès le départ donné l’impression qu’il fallait un spécialiste à ses côtés pour pallier sa méconnaissance du sujet. Tout d’abord apprécié pour son franc-parler et sa gouaille, Christophe Castaner a rapidement fait face à une fronde syndicale réclamant des augmentations pour l’ensemble des 150 000 fonctionnaires de police. Une demande qui arrivait après le saccage de l’Arc de triomphe, le 1er décembre 2018, et le spectre d’une perte de contrôle des manifestations aux abords de l’Elysée. Sur ordre direct d’Emmanuel Macron, il avait très rapidement cédé à ces revendications. « Ce jour-là, on a compris qu’il n’était pas le vrai patron », raconte un leader syndical.
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