« Avons-nous labouré la mer et semé le vent ? » La simple interrogation posée par Jean-Luc Mélenchon, lors de son allocution de clôture de l’assemblée représentative de La France insoumise (LFI), dimanche 5 juillet, dit tout du malaise que traversent en ce moment les « insoumis ». En reprenant une citation de Simon Bolivar, figure du mouvement de libération de l’Amérique latine, le leader de LFI a répondu par la négative en leur donnant rendez-vous à la fin août. C’est à ce moment-là, lors de leur université d’été, qu’il devrait annoncer sa candidature. Une décision qui ne fait plus guère de doute mais que le député des Bouches-du-Rhône a fixée comme horizon pour mieux faire oublier l’échec de son mouvement aux élections municipales.
Avec des listes pour la plupart éliminées au premier tour et une place minorée dans les quelques listes d’union où ils étaient présents, les « insoumis » ont en effet raté leur pari municipal. Leur stratégie de soutien aux listes d’initiative citoyenne, sans que leur logo n’apparaisse, les a rendus invisibles. Et depuis, simple force d’appoint dans certaines configurations de second tour, ils assistent à la percée des écologistes et à la bonne résistance du Parti socialiste.
« Nous avons fait un pari qui n’a pas fonctionné », a reconnu d’emblée l’ancien candidat à l’élection présidentielle de 2017. « Notre politique reposait sur une remobilisation populaire, cela n’a pas rencontré le succès qu’on espérait », a encore euphémisé M. Mélenchon.
Ses lieutenants le répètent depuis quelques jours : l’échec de la stratégie de faire émerger des listes citoyennes serait le mur de l’abstention, en particulier dans les quartiers populaires. « Quand il y a des taux de participation si faibles des ouvriers et des jeunes, cela ne pouvait pas marcher. Nous avons été en partie invisibilisés et il va falloir apparaître comme LFI lors des prochaines échéances », reconnaît Eric Coquerel, député de Seine-Saint-Denis.
Son alter ego Alexis Corbière, lui, minimise l’impact de cette contre-performance : « On n’a rien perdu là-dedans car les municipales sont une élection à part. Avec notre implantation dans les mouvements sociaux et notre présence parlementaire, on reste une composante majeure du paysage politique. » La répétition du mantra, encore martelé devant les militants en visioconférence dimanche, n’a qu’un objectif : enjamber ce mauvais moment à passer. D’autant qu’il fait suite à un score aux élections européennes qui avait été lui aussi un échec (6,3 %).
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