Samia Ghali n’est pas peu fière. En ce matin d’avril, sur les hauteurs de Marseille, dans son vaste bureau au palais du Pharo, avec vue sur le Vieux-Port baigné de soleil, la maire adjointe chargée des grands événements savoure. Le grand jour approche. Mercredi 8 mai, la cité phocéenne accueillera la torche olympique venue de Grèce. L’élue se réjouit de cette « préouverture des Jeux », qui démarreront le 26 juillet : « Marseille va illuminer la France et l’international avec l’arrivée de la flamme, qui ne peut se faire de cette façon-là qu’ici. »
A l’écouter, si Tony Estanguet, le patron de Paris 2024, a annoncé, il y a un an et demi, que Marseille serait la première ville française à recevoir la flamme, l’ex-sénatrice, qui a grandi dans les quartiers nord, n’y est pas pour rien, loin de là. « Il y a deux ans environ, j’ai mis la pression, sourit-elle. O.K., on avait les épreuves de voile, mais la voile ce n’est pas sexy. Ce n’est pas populaire, un spectateur non averti n’y comprend rien. J’avais dit : “Il nous faut quelque chose pour que les Marseillais s’approprient ces Jeux.” »
Le programme de ce 8 mai, Samia Ghali le connaît par cœur. D’abord, l’arrivée, dans la rade, du Belem, un trois-mâts du XIXe siècle, rejoint par un millier de bateaux. Puis le débarquement de la flamme sur la terre ferme, suivi d’un grand concert gratuit où cent cinquante mille personnes sont attendues sur le Vieux-Port. Enfin, peu avant minuit, un feu d’artifice en guise de conclusion.
Un « Cocaland » au pays du pastis
A 700 kilomètres de là, une femme nage aussi en plein enthousiasme. Claire Revenu, directrice générale de Paris 2024 chez Coca-Cola France, prend des accents de télévangéliste pour évoquer « la magie des Jeux ». A Paris, ce soir d’avril, elle a invité les médias dans une ancienne caserne de pompiers près de la gare de l’Est, reconvertie en tiers-lieu branché. Avec une promesse en guise d’appât, celle de révéler les artistes qui animeront le « concert Coca-Cola » – son appellation officielle –, prévu sur le Vieux-Port, quai de la Fraternité, le 8 mai.
Las, le secret a été éventé : douze jours avant ce point presse, La Provence a fait fuiter le nom de la principale tête d’affiche du spectacle, le rappeur marseillais Soprano. Pas de quoi déstabiliser la « Madame JO » de Coca, qui annonce la présence d’un autre rappeur, Alonzo. « La magie de Coca-Cola, c’est quoi ? C’est de faire vivre aux Français un moment unique », déroule Claire Revenu.
Voilà des mois que la jeune quadragénaire, passée par les mastodontes sucrés Mondelez et United Biscuits, martèle son laïus. Des images de synthèse montrent un Vieux-Port bondé et décoré d’immenses drapeaux de la marque. Un « Cocaland » au pays du pastis. Claire Revenu résume d’une formule : « Paris 2024 en a rêvé, Coca-Cola l’a fait ! » Depuis quelques décennies, difficile de dire si les Jeux déroulent le tapis rouge au fabricant de boissons ou l’inverse.
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