Au dîner, le cognac a connu tous les honneurs, symbole d’un soir des hauts et des bas de la relation entre la France et la Chine. De Bernard Arnault (LVMH) à Carlos Tavares (Stellantis), la plupart des grands patrons des groupes français et quelques stars, comme Mireille Mathieu ou Sophie Marceau, se sont pressés, lundi 6 mai, à l’Elysée au dîner d’Etat offert par Emmanuel Macron en l’honneur de son homologue chinois, Xi Jinping.
Un peu plus tôt, l’invité du jour venait d’assurer au président français que les cognacs ne seraient à ce stade pas surtaxés par Pékin, le temps que les autorités de son pays bouclent une enquête antidumping ouverte à leur encontre. Entre deux toasts, chair de tourteau et suprême de poulette de Bresse cuisinés par de grands chefs à l’appui, la soirée devait permettre de conclure une première journée de visite menée au pas de charge, afin de tenter de rapprocher les points de vue sur les sujets les plus brûlants du moment.
Après une sobre cérémonie d’accueil aux Invalides et différents entretiens à l’Elysée, Xi Jinping et Emmanuel Macron ont ainsi appelé ensemble à « une trêve olympique », à l’occasion des Jeux de Paris durant l’été. Leur appel commun est survenu quelques heures après l’annonce par le ministère russe de la défense de la tenue prochaine de nouveaux exercices destinés à « s’entraîner à la préparation et à l’utilisation d’armes nucléaires non stratégiques ». Une « rhétorique irresponsable » selon les Etats-Unis, que M. Macron et M. Xi ont à peine évoquée en public.
De profondes divergences
Si elle devait se confirmer, cette « trêve olympique », dont le principe est déjà acté par une résolution des Nations unies, pourrait permettre, selon des diplomates, de suspendre les combats au moins le temps des épreuves sportives pendant les JO (du 26 juillet au 11 août), voire pendant les Jeux paralympiques (du 28 août au 8 septembre) dans l’espoir d’engager d’incertaines discussions en vue d’un cessez-le-feu plus durable. Cependant, Moscou a déjà rejeté une telle perspective et pourrait profiter du printemps pour pousser son avantage sur le terrain, alors que Kiev, qui fait du retrait des forces russes un préalable avant d’éventuelles tractations, se méfie d’une pause susceptible de sanctuariser les avancées territoriales de son ennemi.
Entre Pékin et Paris, cet appel commun masque de profondes divergences sur la guerre d’agression russe, qui ébranle l’Europe et donne à la Chine un droit de regard inédit sur la sécurité du continent. « Les conflits ne peuvent être réglés que par les négociations », a insisté le président chinois pour encourager les deux parties à « reprendre le contact et le dialogue ». Une façon d’inciter les alliés de Kiev à faire preuve de mesure dans leur soutien militaire, plus de deux mois après que son interlocuteur français n’a pas exclu l’envoi de renforts militaires en Ukraine.
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