Le juge qui préside les débats au procès pénal de Donald Trump à New York a de nouveau menacé, lundi 6 mai, l’ex-président américain d’« incarcération » pour avoir violé l’interdiction qui lui était faite d’attaquer verbalement les témoins et les jurés. En cause, une interview dans laquelle le prévenu critiquait la rapidité de la sélection du jury, achevée en une semaine, et sa composition présumée, dans une ville très majoritairement démocrate.
A l’ouverture de l’audience, dans la matinée, le juge Juan Merchan a ainsi condamné Donald Trump à une amende de 1 000 dollars (930 euros environ) « pour avoir violé [l’ordre qu’il lui avait donné] en faisant des commentaires publics sur le jury et la façon dont celui-ci a[vait] été sélectionné », selon sa décision écrite. Il l’a aussi averti que de futures infractions seraient « passibles d’incarcération ».
La semaine dernière, la juge avait condamné l’ex-président à 9 000 dollars d’amende, soit 1 000 dollars par infraction, pour s’en être pris publiquement aux témoins et jurés en marge de son procès, et l’avait menacé de l’envoyer en prison en cas de récidive.
Au terme d’une nouvelle journée de débats, lundi, les procureurs ont dit tabler sur une durée d’encore environ deux semaines pour entendre le reste des témoins dans ce procès, inédit pour un ancien président américain. « Ils veulent deux ou trois semaines de plus », s’est indigné le candidat républicain à la présidentielle de novembre face au sortant démocrate, Joe Biden, dénonçant une fois de plus une « ingérence électorale ». « Et le juge est bien content de leur donner trois semaines de plus, parce qu’ils veulent tous m’éloigner de la campagne », a ajouté Donald Trump, semblant faire fi des sanctions et des remarques du juge.
Poursuivi pour la falsification de trente-quatre documents comptables
Depuis le 15 avril, début de ce procès, les procureurs avaient demandé que Donald Trump soit sanctionné pour ses violations répétées de l’interdiction de s’en prendre aux témoins-clés du dossier. Il s’agit notamment de son ancien avocat Michael Cohen ou des jurés, dont il sous-entend qu’ils ne sont pas impartiaux.
Donald Trump est poursuivi pour trente-quatre falsifications de documents comptables qui auraient servi à dissimuler le paiement de 130 000 dollars (121 000 euros) à l’ancienne star de films pornographiques Stormy Daniels, cela pendant la dernière ligne droite du scrutin présidentiel de 2016, qu’il a remporté sur le fil face à Hillary Clinton.
Cette somme avait servi à acheter le silence de l’actrice quant à une fugace relation sexuelle qu’elle affirmait avoir eue avec le magnat de l’immobilier en 2006, alors qu’il était déjà marié avec son actuelle épouse, Melania. Une relation que Donald Trump dément.
L’audience de vendredi avait ainsi été marquée par les larmes de Hope Hicks, ancienne responsable de la communication de Donald Trump. Elle a raconté comment les révélations au sujet des propos vulgaires et outranciers du milliardaire vis-à-vis des femmes avaient plongé sa campagne présidentielle dans la « crise » en 2016. Pour l’accusation, cet épisode a encouragé Donald Trump à tout faire pour éviter un nouveau scandale avant le scrutin de novembre 2016, quitte à acheter le silence de Stormy Daniels.
L’audience de lundi a porté sur le remboursement de Michael Cohen, dont un dirigeant de la Trump Organization, Jeffrey McConney, a exposé les modalités par le menu. Puis Deborah Tarasoff, de la comptabilité de la Trump Organization, lui a succédé à la barre, s’expliquant notamment à propos de deux talons de chèque de 35 000 dollars chacun.
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