Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Xi Jinping à Paris : le président chinois appelle à l’instauration d’une trêve mondiale pendant les Jeux olympiques

Paris veut s’assurer que la Chine ne bascule pas dans un soutien clair à l’effort de guerre contre Kiev, voire « l’encourager à utiliser les leviers » dont elle dispose sur Moscou pour « contribuer à une résolution de ce conflit », selon l’Elysée.

Le Monde avec AFP

Publié le 06 mai 2024 à 19h34, modifié le 06 mai 2024 à 23h52 (republication de l’article du 06 mai 2024 à 11h44)

Temps de Lecture 4 min.

Le président de la République, Emmanuel Macron, raccompagne son homologue chinois, Xi Jinping, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à l’Elysée, à Paris, le 6 mai 2024.

Emmanuel Macron a salué, lundi 6 mai, la volonté qu’a exprimée son homologue chinois, Xi Jinping, de « demander à toutes les parties prenantes une trêve olympique durant nos Jeux à venir ». « Nous pensons ensemble » que cette initiative « peut être une occasion de travailler à un règlement durable dans le plein respect du droit international », a assuré le chef de l’Etat. Le président français a également salué « les engagements » chinois de « s’abstenir de vendre toute arme » à Moscou, lors d’une déclaration à la presse aux côtés de Xi Jinping, en visite à Paris les 6 et 7 mai.

De son côté, le président chinois a appelé à ne pas « salir » son pays sur le dossier ukrainien, Pékin jouant selon lui un « rôle positif » pour trouver une solution pacifique à la guerre. « Nous nous opposons à l’utilisation de la crise ukrainienne pour jeter la responsabilité sur d’autres, salir un pays tiers et déclencher une nouvelle guerre froide », a déclaré M. Xi en référence aux critiques récurrentes des Occidentaux sur la relation Chine-Russie.

Plus tôt dans la journée, M. Macron a appelé, devant son homologue, à des « règles équitables pour tous » dans les échanges commerciaux entre l’Union européenne et la Chine – alors que les différends s’accumulent entre les Vingt-Sept et l’empire du Milieu –, et à une coordination « décisive » sur la guerre en Ukraine. « Je remercie le président [chinois, Xi Jinping] (…) de son ouverture quant aux mesures provisoires sur le cognac français et son souhait de ne pas les voir appliquer », a par ailleurs déclaré le chef de l’Etat français devant la presse, en fin de journée.

Emmanuel Macron, qui espère toujours placer la France en « puissance d’équilibre » dans le bras de fer sino-américain, célèbre les 60 ans de l’établissement de relations diplomatiques bilatérales entre la France et la République populaire de Chine. « La situation internationale, très clairement, nécessite plus que jamais ce dialogue euro-chinois », a-t-il affirmé à l’ouverture des échanges avec son homologue chinois, alors que certains membres de l’opposition, comme le candidat des socialistes et de Place publique aux élections européennes de juin, Raphaël Glucksmann, lui reprochent de « dérouler le tapis rouge » de façon « obséquieuse » à un « dictateur ».

« L’avenir de notre continent dépendra très clairement aussi de notre capacité à continuer à développer de manière équilibrée les relations avec la Chine », a dit Emmanuel Macron à l’Elysée à l’ouverture d’une réunion à trois en présence de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

« La Chine et l’UE doivent demeurer des partenaires », selon Xi

« En tant que deux importantes puissances mondiales, la Chine et l’UE doivent demeurer des partenaires, poursuivre le dialogue et la coopération, renforcer la confiance mutuelle, consolider leur consensus et procéder à une coordination stratégique », a déclaré Xi Jinping à ses interlocuteurs au début de cette rencontre trilatérale. « Cela de manière à promouvoir le développement régulier et sain des relations Chine-UE et à apporter en permanence de nouvelles contributions à la paix et au développement dans le monde », a poursuivi le numéro un de la superpuissance asiatique. Les Vingt-Sept considèrent officiellement la Chine comme un partenaire, mais aussi comme un concurrent et un rival systémique.

Emmanuel Macron a pour sa part expliqué vouloir soulever « en toute amitié et confiance » les « préoccupations, pour essayer de les surmonter », mettant en garde contre « une logique de découplage qui serait néfaste » sur le plan économique, et prônant « des règles équitables pour tous ».

La présidente de l’exécutif européen, Ursula von der Leyen, a aussi demandé un « égal accès aux marchés ». Avant la rencontre, elle avait insisté sur le fait que l’Europe ne pouvait « pas accepter » le « commerce déloyal » causé par l’afflux de véhicules électriques ou d’acier chinois fabriqués grâce à des « subventions massives ». L’UE « n’hésitera pas à prendre des décisions fermes » si nécessaire pour « protéger son économie et sa sécurité », a-t-elle par ailleurs déclaré.

Les différends commerciaux sont nombreux et pourraient déboucher sur des hausses des taxes douanières. Menacée d’être prise en tenaille entre les économies américaine et chinoise, massivement aidées par leur puissance publique, l’UE a multiplié ces derniers mois les enquêtes sur les subventions étatiques chinoises à plusieurs secteurs industriels, notamment aux véhicules électriques.

UE et France pressent Pékin d’« user de toute son influence » sur la Russie pour stopper la guerre

Après un accueil protocolaire en grande pompe en début d’après-midi, lundi, aux Invalides, le duo franco-chinois avait à son agenda un tête-à-tête plus politique, qui devait être suivi de déclarations à la presse et d’un banquet à l’Elysée.

Le Monde Application
La Matinale du Monde
Chaque matin, retrouvez notre sélection de 20 articles à ne pas manquer
Télécharger l’application

Emmanuel Macron compte demander à son homologue chinois de soutenir la « trêve olympique » à l’occasion des Jeux de Paris cet été. La « coordination » avec Pékin sur les « crises majeures » en Ukraine et au Moyen-Orient est « absolument décisive », a-t-il martelé lundi. Paris veut s’assurer que la Chine, principale alliée du président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, ne bascule pas dans un soutien clair à l’effort de guerre de la Russie contre Kiev. Voire « l’encourager à utiliser les leviers » dont elle dispose sur Moscou pour « contribuer à une résolution de ce conflit », selon l’Elysée.

« La Chine et l’UE ont un intérêt partagé pour la paix et la sécurité », a souligné Ursula von der Leyen, affirmant sa « détermination à stopper la guerre d’agression russe contre l’Ukraine et à établir une paix juste et durable ». « Nous avons intérêt à démontrer que notre collaboration produit ses effets », a insisté la présidente de la Commission, évoquant le « défi » de la « relation économique substantielle » entre Bruxelles et Pékin.

L’UE et la France comptent ainsi sur la Chine pour « user de toute son influence sur la Russie » pour faire cesser la guerre en Ukraine, a-t-elle poursuivi après l’entretien. Ursula von der Leyen et Emmanuel Macron ont également appelé le président chinois à faire « plus d’efforts pour limiter la livraison à la Russie d’équipements duaux [pouvant être utilisés à des fins civiles et militaires] qui se retrouvent sur le champ de bataille » en Ukraine, a-t-elle ajouté.

La présidente de la Commission européenne s’est par ailleurs dite « confiante » sur le fait que la Chine continuerait à tempérer les menaces nucléaires russes. « Le président Xi a joué un rôle important dans la désescalade des menaces nucléaires irresponsables de la Russie et je suis confiante [qu’il] continuera à le faire », a déclaré Ursula von der Leyen dans la capitale française, alors que Moscou vient d’ordonner la tenue prochaine d’exercices nucléaires.

Emmanuel Macron et Xi Jinping se rendront, mardi, dans les Pyrénées pour une escapade plus personnelle, accompagnés de leurs épouses.

Le Monde avec AFP

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Contribuer

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.