En coulisse, les Vingt-Sept ne s’épargnent pas toujours, tant s’en faut. Mais il est rare que ces critiques s’expriment publiquement. Mardi 30 mai, à l’occasion d’une réunion entre les ministres des affaires européennes à Bruxelles, certains ont rompu avec cette « courtoisie diplomatique », constate un spécialiste des affaires communautaires, pour faire part, devant la presse, de leur malaise à la perspective de voir la Hongrie de Viktor Orban – illibérale et proche du Kremlin – occuper la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne (UE) au second semestre 2024.
A ce titre, la Hongrie aura pour mission de définir certaines priorités, d’organiser les débats entre les Etats membres et de chercher un compromis entre eux sur les législations en cours d’examen.
« J’ai des doutes sur la capacité de la Hongrie à mener à bien » cette mission, a déclaré la secrétaire d’Etat allemande aux affaires européennes et au climat, Anna Lührmann. Le pays « est actuellement isolé au sein de l’UE en raison de problèmes liés à l’Etat de droit qui sont vraiment graves », a expliqué l’écologiste, attentive à faire vivre ce thème du droit au sein de la coalition. Par ailleurs, a-t-elle ajouté, Budapest « laisse toujours planer le doute sur son soutien à l’Ukraine dans la guerre d’agression brutale menée par la Russie ». Le ministre des affaires étrangères néerlandais, Wopke Hoekstra, a aussi fait part de son « inconfort » à la perspective de la présidence hongroise. « C’est ce que nous ressentons tous », a-t-il assuré.
« Trouver une solution »
Jeudi, le débat devrait se déplacer au Parlement européen, alors que les eurodéputés voteront, ce jour-là, une résolution (un texte sans portée législative) sur le sujet. Le texte qui leur sera soumis demande comment Budapest « pourra remplir sa tâche de manière crédible au vu de son non-respect du droit et des valeurs de l’UE » et réclame au Conseil de « trouver une solution dès que possible ». Il est soutenu par les conservateurs du Parti populaire européen (PPE), les sociaux-démocrates (S&D), les libéraux de Renew Europe, les Verts et la gauche radicale (GUE/NGL) et a donc toutes les chances d’être adopté.
Mardi, la ministre hongroise de la justice, Judit Varga, a dénoncé la « pression politique » du Parlement européen et jugé cette discussion « insensée ». Elle a aussi annoncé que l’une des priorités de la Hongrie, à la présidence, sera de vérifier « si le Parlement européen, qui baigne dans des scandales de corruption, respecte ses propres règles et les principes juridiques de l’UE ». Elle a publié sur Twitter une photo la montrant en réunion avec ses homologues espagnol et belge, comme un signe de soutien de ces pays. Ses deux collègues ont également fait circuler l’image.
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