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Le député britannique David Amess poignardé à mort, la police évoque un acte terroriste

Au Royaume-Uni, Sir David Amess a été poignardé à plusieurs reprises lors d’une permanence parlementaire à Leigh-on-Sea, à l’est de Londres. La police a annoncé l’arrestation d’un suspect.

Le Monde avec AFP et Reuters

Publié le 15 octobre 2021 à 15h54, modifié le 16 octobre 2021 à 03h50

Temps de Lecture 5 min.

Des policiers à l’église méthodiste Belfairs à Leigh-on-Sea où David Amess a été poignardé à mort, vendredi 15 octobre, lors d’une réunion avec des électeurs de sa circonscription.

Un député conservateur britannique, Sir David Amess, est mort après avoir été poignardé à plusieurs reprises, vendredi 15 octobre, lors d’une permanence parlementaire qu’il tenait dans l’église méthodiste Belfairs, dans sa circonscription de Leigh-on-Sea, à une soixantaine de kilomètres à l’est de Londres.

« Il a été pris en charge par les services d’urgence mais, malheureusement, il est mort sur place », a déclaré la police de l’Essex à propos du député. « Un homme de 25 ans, soupçonné du meurtre, a été rapidement arrêté après l’arrivée des forces de l’ordre sur place et un couteau a été retrouvé », a-t-elle ajouté dans son communiqué, précisant qu’aucun autre suspect n’était recherché.

Plusieurs médias britanniques ont rapporté que cet homme serait un ressortissant britannique d’origine somalienne.

Un meurtre qualifié de terroriste

« Les premiers éléments de l’enquête ont révélé une motivation potentielle liée à l’extrémisme islamiste », a annoncé la police métropolitaine dans un communiqué, dans la nuit de vendredi à samedi, quelques heures après que l’enquête a été confiée à la direction antiterroriste.

Sir David Amess, 69 ans, était marié et père de cinq enfants. Il avait été élu pour la première fois au Parlement en 1983 en tant que député de Basildon avant de représenter Southend West à partir de 1997. Il tenait régulièrement des réunions avec les électeurs les premier et troisième vendredis du mois. Le député avait annoncé sa présence à la permanence et l’adresse de celle-ci dans un tweet publié le 12 octobre.

Il avait été fait chevalier par la reine, Elizabeth II, pour son engagement public en 2015. Catholique fervent, brexiter convaincu, il était décrit comme un homme au « grand cœur ». Son sujet de prédilection au Parlement était le bien-être animal. Il était l’un des rares députés conservateurs favorables à l’interdiction de la chasse au renard. Malgré sa longue expérience parlementaire, il n’a jamais été ministre et restait peu exposé médiatiquement.

Né dans la banlieue est de Londres en 1952, issu d’un milieu modeste, M. Amess a étudié l’économie et la politique et travaillé en tant qu’enseignant puis que consultant en recrutement avant d’entrer en politique.

Stupeur et hommages

Les drapeaux du 10 Downing Street, la résidence officielle du premier ministre, ont été mis en berne. A l’annonce de l’attaque, Boris Johnson s’est empressé de rentrer à Londres après une réunion à Bristol, dans l’ouest de l’Angleterre.

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« Nos cœurs sont très choqués et tristes aujourd’hui, après la disparition du député Davis Amess, qui a été tué lors de sa permanence parlementaire, dans une église, après presque quarante ans au service » de ses administrés et du Royaume-Uni, a déclaré le chef du gouvernement conservateur dans une brève intervention télévisée.

Sir David Amess est le deuxième député tué en cinq ans, après l’assassinat par un sympathisant néonazi de la députée travailliste europhile Jo Cox en juin 2016, une semaine avant le référendum sur le Brexit. La Fondation Jo Cox a fait part de son soutien aux proches du député.

Après l’annonce du drame, les réactions ont afflué. « Horrible, tragique nouvelle », a réagi sur Twitter le ministre des transports, Grant Shapps, qui a rendu hommage à un « vrai parlementaire qui a perdu la vie en servant ses administrés ».

L’ancienne première ministre Theresa May a évoqué sur Twitter « un jour tragique pour notre démocratie. Mes pensées et mes prières accompagnent la famille de David ».

« Nouvelle horrible et profondément choquante », a tweeté le chef de l’opposition travailliste, Keir Starmer, adressant ses pensées au député, à ses proches et à ses collaborateurs.

Le secrétaire d’Etat français chargé des affaires européennes, Clément Beaune, s’est dit « profondément choqué par le meurtre du député ». « Mes condoléances à ses proches, notre plein soutien au peuple britannique », écrit-il sur son compte Twitter.

« Une attaque sur des responsables élus est une attaque contre la démocratie », a tweeté pour sa part le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken.

Séries d’attaques contre des élus

« Nous devrons discuter et examiner la sécurité des députés et les mesures à prendre, mais, pour l’instant, nos pensées et nos prières vont à la famille, aux amis et aux collègues de David », a déclaré Lindsay Hoyle, le speaker des Communes. La ministre de l’Intérieur, Priti Patel, « a demandé à toutes les forces de police de revoir les dispositions de sécurité pour les députés avec effet immédiat », a fait savoir son porte-parole.

Les chiffres de la police traduisent une augmentation des actes de violence dirigés contre les parlementaires. En 2019, Scotland Yard avait évoqué une augmentation de 126 % entre 2017 et 2018 et une hausse de 90 % dans les quatre premiers mois de 2019. Nombre d’élus avaient raconté avoir fait l’objet de menaces de mort dans le contexte des interminables débats autour du Brexit.

Le meurtre de David Amess fait suite à plusieurs autres attaques de députés britanniques, qui ont coûté la vie de plusieurs d’entre eux. En 2010, un député travailliste, Stephen Timms, avait été poignardé à deux reprises lors d’une visite dans sa circonscription par un étudiant radicalisé par des vidéos en ligne. En janvier 2000, Andy Pennington, l’assistant du député libéral démocrate Nigel Jones, avait été tué alors qu’il tentait de protéger Nigel Jones d’un agresseur qui était venu dans sa permanence électorale, armé d’une épée.

Plusieurs députés ont été tués pendant les « Troubles » en Irlande du Nord. En juillet 1990, le député conservateur Ian Gow, président de la commission parlementaire sur l’Irlande du Nord et ami très proche de Margaret Thatcher, est tué dans l’explosion d’une voiture piégée à l’extérieur de son domicile, attaque revendiquée par l’IRA. En octobre 1984, c’est le député conservateur Anthony Berry qui est tué dans l’attentat à la bombe de l’IRA contre le Grand Hotel de Brighton, visant Mme Thatcher pendant le congrès annuel du Parti conservateur.

En novembre 1981, le député unioniste Robert Bradford est abattu par un commando du groupe paramilitaire républicain IRA dans sa permanence parlementaire, dans un centre communautaire du sud de Belfast. En mars 1979, Airey Neave, un proche conseiller de Mme Thatcher, est tué dans l’explosion de sa voiture alors qu’il quitte le parking de la chambre des Communes. Cet attentat à la voiture piégée est revendiqué par l’Armée nationale irlandaise de libération (INLA), un groupe paramilitaire.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Jo Cox et les démons refoulés de l’Angleterre

Le Monde avec AFP et Reuters

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