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Naftali Bennett, un improbable premier ministre issu de l’extrême droite religieuse israélienne

Le tombeur de Benyamin Nétanyahou a su faire oublier ses provocations passées pour s’imposer à la tête d’une coalition qui s’étend jusqu’à la gauche.

Par  (Jérusalem, correspondant)

Publié le 13 juin 2021 à 20h21, modifié le 14 juin 2021 à 18h46

Temps de Lecture 8 min.

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Naftali Bennett à la Knesset, le Parlement israélien, à Jérusalem, le 6 juin 2021.

Par un vote de confiance de marge étroite, sans gloire – soixante députés sur cent vingt à la Knesset plus une abstention –, Naftali Bennett a pris la direction du gouvernement israélien, dimanche 13 juin. Voilà qu’un dirigeant issu de l’extrême droite religieuse mène le destin d’Israël. Un chef presque sans troupes, fort de six députés à peine au Parlement. Mais il fallait un homme de droite pour incarner la chimère qu’est cette coalition de huit partis, y compris du centre et de gauche, unis par leur volonté de déposer Benyamin Nétanyahou, et conscients qu’Israël a voté majoritairement à droite au fil de quatre élections, d’avril 2019 à mars 2021.

Si, dans deux mois, un nouveau scrutin avait lieu, M. Bennett et son parti, Yamina (« à droite »), seraient balayés. L’homme suscite l’amertume au sein de sa « famille » sioniste religieuse. « Chapeau ! Qui l’aurait cru ? Premier ministre avec six mandats… C’est comme si j’entrais au Fouquet’s avec 20 euros en poche et que je commandais des truites blanches », salue avec ironie Boaz Bismuth, rédacteur en chef du quotidien gratuit de droite Israel Hayom, acquis à M. Nétanyahou.

Faible, M. Bennett le sera assurément dans cette coalition. C’est lui qui aurait le plus à perdre à sa dissolution, quand le moindre ministre peut la couler d’un veto. Le centriste Yaïr Lapid, véritable meneur de cette équipe et premier ministre « d’alternance », doit lui succéder en 2023. Mais le symbole est colossal : un défenseur du droit divin d’Israël à dominer l’ensemble des terres qui s’étendent du Jourdain à la Méditerrannée hérite du siège de David Ben Gourion, le fondateur de l’Etat, socialiste et laïque.

Un « nationalisme sincère »

Si M. Bennett peut apparaître aujourd’hui comme un homme de compromis, pragmatique ou opportuniste, c’est que l’espace politique israélien l’a normalisé. A 49 ans, la trajectoire de cet ancien des forces spéciales, ex-entrepreneur à succès dans la tech, accompagne celle d’un pays qui a évacué la question palestinienne depuis une décennie. Rarement mis en difficulté sur le conflit, M. Bennett nourrit un fantasme centriste : il peut se rêver non pas au milieu de l’échiquier politique, mais pas loin.

Naftali Bennett est le fils de Juifs libéraux américains, immigrés en Israël après la guerre de 1967. Il reçoit une éducation religieuse orthodoxe classique et subit de plein fouet, comme ses parents, le choc des accords de paix d’Oslo, qui laissent croire, dans les années 1990, à l’abandon par Israël d’une partie des territoires conquis en 1967, et à la naissance d’un Etat palestinien.

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