Au premier jour de sa visite en Lituanie, première étape d’une tournée dans les Etats baltes, lundi 28 septembre, le président de la République française, Emmanuel Macron, a réitéré la nécessité de travailler avec Moscou pour assurer une stabilité en Europe.
Alors que la Biélorussie est en proie, depuis le mois d’août, à des troubles post-électoraux sur lesquels divergent l’Union européenne (UE) et la Russie, M. Macron va s’impliquer davantage dans ce dossier, en rencontrant, mardi, la chef de file de l’opposition, Svetlana Tsikhanovskaïa, qui lui a demandé de jouer les médiateurs.
M. Macron, premier président français à se rendre dans les pays baltes depuis Jacques Chirac en 2001, est arrivé lundi après-midi à Vilnius, où il doit séjourner jusqu’à mardi après-midi, avant de se rendre en Lettonie.
Un dialogue « sans complaisance et sans naïveté » avec Moscou
« Notre vision des choses est que, si nous voulons construire la paix durablement sur le continent européen, il nous faut travailler avec la Russie », a argué, lundi soir, le chef de l’Etat français, lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue lituanien, Gitanas Nausėda.
Emmanuel Macron, qui a reçu l’homme fort du Kremlin, Vladimir Poutine, en août 2019 dans sa résidence estivale du fort de Brégançon, dans le Var, a souligné que l’Europe et la Russie partageaient « une histoire et une géographie ». « Nous ne pouvons pas faire comme si l’Europe était une île loin de la Russie », a-t-il fait valoir.
« Ce voisinage appelle un travail stratégique pour bâtir véritablement l’architecture de sécurité, peut-être de coopération renouvelée, peut-être de confiance rebâtie, mais en tout cas qui évite les escalades et permet de construire aussi des mécanismes de meilleure compréhension réciproque, de lutte contre les cyberactivités, de lutte contre les désinformations ou les déstabilisations. »
Emmanuel Macron, qui a insisté sur la nécessité de renforcer la sécurité et la souveraineté européennes, souhaite néanmoins qu’il y ait un dialogue « sans complaisance et sans naïveté » et « avec respect et exigence à l’égard de la Russie ». La France, la Lituanie et la Lettonie ont, par ailleurs, proposé à l’UE un plan pour protéger les élections contre le piratage et la désinformation.
Revenant sur l’empoisonnement de l’opposant russe Alexeï Navalny − « avec un agent chimique qui a été manipulé en Russie » −, M. Macron a estimé que c’était à Moscou « d’apporter des clarifications ».
« Nous devrons tirer toutes les conséquences des informations que la Russie apportera ou pas, ou de son refus d’apporter des clarifications. »
Un « médiateur » dans le dossier Biélorusse
Le dossier biélorusse sera l’un des sujets au menu du dialogue avec Moscou. M. Macron doit rencontrer, dans la matinée de mardi, la Biélorusse Svetlana Tsikhanovskaïa, devenant ainsi le premier dirigeant occidental de haut rang à s’entretenir avec la chef de file de l’opposition depuis l’éclatement des troubles post-électoraux dans le pays. La candidate du front uni de l’opposition à l’élection présidentielle du 9 août s’est réfugiée, le mois dernier, en Lituanie.
Dans un entretien accordé au Journal du dimanche, le Français a fait valoir que le dirigeant biélorusse, Alexandre Loukachenko, réélu dans des conditions contestées, devait accepter la logique de la démocratie et quitter le pouvoir.
Alors que l’Union européenne et les Etats-Unis refusent de reconnaître sa réélection, jugée frauduleuse, M. Loukachenko bénéficie du soutien de Vladimir Poutine.
Lundi, dans un entretien à l’Agence France-Presse, Svetlana Tsikhanovskaïa a demandé au président français d’être un médiateur pour résoudre la crise politique dans son pays.
« Nous avons terriblement besoin d’une médiation pour éviter que plus de sang ne soit versé. M. Macron pourrait être ce médiateur, avec les leaders d’autres pays. Il pourrait être capable d’influencer M. Poutine, avec lequel il a de bonnes relations. »
La Lituanie, qui, avec les deux autres Etats baltes, a lancé une procédure de sanctions contre des personnalités biélorusses, attend sur ce dossier l’appui du président français.
Paris plaide pour une transition pacifique qui prend en compte la volonté de la population, « en évitant le risque d’une plus grande répression, voire d’une intervention de la Russie », selon l’Elysée.
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