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Elections européennes : « Jordan Bardella est devenu le roi de l’esquive »

Au regard du poids politique auquel prétend le Rassemblement national, les dérobades de sa tête de liste sur son projet européen sonnent comme un aveu de faiblesse, analyse dans sa chronique Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde ».

Publié le 30 avril 2024 à 06h00, modifié le 30 avril 2024 à 10h52 Temps de Lecture 4 min. Read in English

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A chaque campagne électorale son champion de l’évitement. Lors de la présidentielle de 2022, il avait été beaucoup reproché au candidat Macron de se cacher derrière la guerre en Ukraine pour ne pas entrer dans l’arène électorale, en dire le moins possible sur ses projets et sa vision parce que cela risquait de déséquilibrer son « en même temps » et de lui faire perdre des électeurs sur ses deux flancs. Sur le moment, sa stratégie s’était révélée payante : le président sortant s’était fait réélire en profitant au maximum de l’effet surplomb que lui offrait sa fonction. Les deux années qui ont suivi ont cependant montré à quel point une campagne bâclée peut se payer cher en matière de perte d’élan et de montée des contestations.

Cette fois, l’homme qui pratique l’évitement s’appelle Jordan Bardella. Le président du Rassemblement national (RN), qui porte la liste de son parti aux élections européennes du 9 juin, ne cherche nullement à crédibiliser son projet, qui consiste à être à la fois dedans et contre, prôner « l’Europe des nations » mais vouloir faire de Frontex une agence de lutte contre l’immigration clandestine, se défendre d’une quelconque soumission à la Russie de Vladimir Poutine mais refuser de voter au Parlement européen la moindre aide à l’Ukraine.

Depuis son entrée en campagne, le 3 mars à Marseille, la tête de liste du parti d’extrême droite se comporte comme si en dire le moins possible sur la question européenne était la meilleure façon d’éviter les problèmes.

Par trois fois, Jordan Bardella a refusé de débattre avec ses adversaires. Jeudi 25 avril, il a quitté une conférence de presse qu’il avait convoquée pour faire pièce à celle d’Emmanuel Macron sans se prêter au jeu des questions-réponses avec les journalistes, au prétexte que le président de la République n’avait pas daigné le faire. Quelques jours plus tard, il a invoqué un souci de santé pour effacer la mauvaise impression laissée par la séquence.

Devenu le roi de l’esquive, Jordan Bardella pratique aussi l’art de la défausse. On ne sait toujours pas ce qu’il compte faire avec son encombrant allié allemand au Parlement européen, l’AfD, dont la tête de liste se trouve dans le collimateur de la justice pour ses liens avec la Chine et la Russie. Pour qui prétend vouloir gouverner le pays un jour, il n’y a là rien de très rassurant ; pour qui prétend respecter le peuple, il n’y a rien non plus de très engageant.

Référendum anti-Macron

On pourrait mettre l’évitement que pratique Jordan Bardella sur le compte de sa jeunesse. A 28 ans, on ne peut pas tout maîtriser et c’est normal : du « non à l’euro » au « oui mais », la doctrine européenne du RN a tellement fluctué ces dernières années qu’il y a de quoi y perdre son latin. Mais on pourrait tout aussi bien invoquer l’hubris, ce sentiment de toute-puissance qui saisit un jour ou l’autre l’homme politique et le conduit au surplomb. Primo-candidat à l’âge de 23 ans, chef de parti à 25 ans, star sur le réseau social TikTok avec plus d’un million de followers, l’homme pressé du RN a quelques raisons d’avoir la grosse tête, mais ce n’est pas cela non plus.

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