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« Dans la bataille Chine - Etats-Unis autour de TikTok, la mauvaise foi est la chose la mieux partagée »

Derrière des inquiétudes légitimes sur les problèmes que pose le réseau social chinois, se cache la frustration des Américains face à un succès susceptible de contester leur hégémonie technologique, souligne Stéphane Lauer, éditorialiste au « Monde ».

Publié le 29 avril 2024 à 04h00, modifié le 29 avril 2024 à 09h44 Temps de Lecture 3 min. Read in English

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Des parlementaires votent à une majorité écrasante la mise au ban d’une entreprise étrangère. Diabolisée en raison de la nationalité de son propriétaire, elle est accusée de menacer la sécurité nationale. Un président se précipite pour autoriser la vente de l’entreprise à des investisseurs triés sur le volet. Un ancien ministre des finances flaire la bonne affaire et se met sur les rangs pour la racheter.

Nous ne sommes pas dans la Russie de Vladimir Poutine, mais aux Etats-Unis, porte-étendard de la libre entreprise. Le réseau social chinois TikTok, puisque c’est l’entreprise dont il s’agit, ne serait-il pas en train de faire perdre la raison à l’Amérique et pas seulement à cause de la diffusion des courtes vidéos addictives et chronophages qu’il permet de diffuser ?

Le projet de loi « sur la protection des Américains contre les applications contrôlées par des adversaires étrangers » adopté au Sénat le 23 avril somme ByteDance, le propriétaire chinois de TikTok, de vendre l’application dans un délai d’un an sous peine d’interdiction. Steven Mnuchin, ex-secrétaire au Trésor de Trump, se dit prêt à monter un tour de table. La bataille sino-américaine autour de TikTok va désormais se régler devant les tribunaux dans une affaire où la mauvaise foi est la chose la mieux partagée.

Les zélateurs du texte soulignent que l’application a déjà été interdite en Inde en 2020, que les plates-formes américaines, Facebook, YouTube ou X, n’ont pas le droit de cité en Chine depuis quinze ans. En somme, un prêté pour un rendu.

Une addiction problématique

Quand Pékin reproche à Washington d’« abuser du pouvoir de l’Etat pour réprimer les entreprises étrangères », c’est l’hôpital qui se moque de la charité. Mais le fait que les Etats-Unis adoptent des comportements comparables à ceux du gouvernement chinois risque de sérieusement écorner le magister américain sur les valeurs de libertés et la garantie d’un Internet ouvert. Les critiques sur la censure dans les autocraties pourraient désormais sonner creux auprès du Sud global.

Derrière le débat sur le danger réel ou supposé de l’application se cache une intelligence artificielle redoutablement efficace. A partir de milliards de vidéos courtes, TikTok accumule une masse inédite d’informations sur les utilisateurs. Grâce à une viralité décuplée, les algorithmes de TikTok ont permis à l’application de passer la barre du milliard d’abonnés en deux fois moins de temps qu’il en a fallu à Facebook. En moyenne, les Américains passent 50 % plus de temps sur le réseau chinois que sur Instagram.

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