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Même avec une trêve, Gaza restera une prison

Le cessez-le-feu entre Israël et le Jihad islamique a suscité, comme à chaque fois, des communiqués laconiques. Pourtant rien n’explique pourquoi les pays qui peuvent prétendre à une influence sur les autorités israéliennes se montrent aussi absents et résignés à un faux statu quo.

Publié le 08 août 2022 à 11h00 Temps de Lecture 2 min. Read in English

Le sort de Gaza était une fois encore suspendu à celui d’une trêve, lundi 8 août. En cause, les frappes commencées par Israël contre des responsables du Jihad islamique, un groupe armé palestinien que l’Etat hébreu et la majorité de ses alliés occidentaux considèrent comme terroriste. Elles ont été suivies en représailles de tirs de roquettes sur le territoire israélien, revendiqués par cette même organisation.

Ce nouvel accès de violence, toujours plus coûteux en vies palestiniennes (plus de quarante en trois jours, dont des enfants, selon les Palestiniens), a suscité, comme les précédents et comme ceux qui suivront immanquablement, les mêmes communiqués laconiques. Nul doute que les chancelleries s’empresseront d’oublier Gaza une fois que les armes se seront tues.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés A Gaza, un cessez-le-feu précaire et une impasse politique persistante

Elles auront tort, comme elles ont tort de se désintéresser par lassitude et accablement de la destinée de cette enclave soumise depuis plus de quinze ans à un blocus impitoyable. Malgré les guerres de 2008, 2012, 2014 et 2021, ces quinze années de banalisation d’une situation inacceptable ont fait de Gaza, outre la mise en abyme de l’asymétrie du conflit israélo-palestinien, un territoire perdu de la conscience internationale.

Un blocus mortifère

Lorsque cessent les tirs de roquettes palestiniennes, interceptées pour l’écrasante majorité d’entre elles par la très performante défense antiaérienne de l’Etat hébreu, les Israéliens renouent avec une vie ordinaire. Il en va tout autrement pour les habitants de Gaza, qui restent soumis au même régime de punition collective, prisonniers de la même geôle à ciel ouvert. L’étroite bande de terre ne surnage que grâce à une aide extérieure étroitement contrôlée par Israël.

Les conséquences de ce blocus mortifère, qui a succédé à des années de régime d’exception, sont rappelées année après année par les organisations internationales comme la Banque mondiale. Il s’agit d’un taux de chômage et d’un niveau de pauvreté dévastateurs qui condamnent les Palestiniens à une vie sans avenir, de conditions d’existence de plus en plus critiques, notamment pour ce qui concerne l’accès à l’eau.

La résignation internationale ne se limite pas, hélas, à Gaza. La politique israélienne d’expulsion en cours dans les quartiers orientaux de Jérusalem, les violences perpétrées par les colons israéliens de Cisjordanie comme la décision de transfert forcé d’un millier de Palestiniens du sud d’Hébron ne suscitent guère plus que des toussotements de plus en plus discrets. Et les nouveaux alliés arabes d’Israël, des Emirats arabes unis au Maroc, ont manifestement exclu d’obtenir, en contrepartie de normalisations historiques, la moindre avancée pour les Palestiniens.

Divisés autant politiquement que géographiquement, ces derniers ont fourni tous les prétextes possibles à ce désintéressement international. L’ossification de la direction du mouvement national palestinien, incarnée par la présidence usée jusqu’à la corde de Mahmoud Abbas en témoigne. Cela n’explique pourtant pas pourquoi les pays qui peuvent prétendre à une influence sur les autorités israéliennes, à commencer par les Etats-Unis ou les principaux pays européens, se montrent aussi absents et résignés à un faux statu quo.

Ce dernier masque de plus en plus difficilement la mort inéluctable de la solution à deux Etats, qui reste pourtant leur horizon diplomatique officiel. Les bombardements de Gaza devraient servir de rappel à l’ordre, car il faudra bien payer un jour le prix moral de l’inaction.

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