On en était resté aux « retards de livraison ». Une semaine après le démarrage de la campagne d’autotests dans les lycées, c’est le mode d’emploi qui pose question. Une partie des lots distribués dans les établissements du second degré – ceux de la marque Panbio proposés par le laboratoire Abbott, l’un des quatre fournisseurs de l’éducation nationale – est arrivée avec une notice erronée. Le Canard enchaîné a donné l’alerte, mardi 11 mai. Le ministère de l’éducation a réagi, ce même mardi, en envoyant un correctif, par courriel, aux chefs d’établissement. « Une erreur du fabricant », souligne-t-on au cabinet Blanquer.
Mais l’erreur est de taille, pas seulement parce qu’elle concerne 43 % des commandes actuelles, selon les chiffres ministériels : concrètement, la notice en question explique qu’avec deux traits sur la borne de lecture, le résultat du test est positif, mais qu’avec un trait, il l’est aussi. « Un gag, commente une proviseure parisienne. En classe, on peut imaginer la scène : tout le monde a le Covid ! »
Or à écouter les proviseurs, ce n’est pas le seul « couac » : des lots de tests – par boîte de 5, 10 ou 25 – arrivent parfois avec une « notice dans toutes les langues, sauf le français », rapporte-t-on dans les rangs du syndicat ID-FO. Quand ils arrivent : un peu partout, des principaux et proviseurs épinglent des retards persistants de livraison, notamment dans les académies de Reims, Poitiers, Nice, Strasbourg, Bordeaux et d’Aix-Marseille.
Casse-tête
« A Nancy-Metz, les collègues ont dû faire face à deux errata, un sur la langue et un sur le mode d’emploi », raconte Sylvie Perron, du SGEN-CFDT. La situation relève parfois du casse-tête : « Les chefs d’établissement se retrouvent à devoir distinguer, parmi leurs enseignants, ceux qui sont prioritaires de ceux qui ne le sont pas, poursuit la syndicaliste. D’autres doivent trouver comment répartir 30 boîtes de 10 tests, non sécables, entre 80 personnes… »
Si les stocks à destination des personnels se constituent progressivement – « sans permettre encore de couvrir plus de 50 % à 70 % des besoins », relève Philippe Vincent, du SNPDEN-UNSA, syndicat majoritaire, les lycéens, eux, ne voient pas venir les tests promis. Le gouvernement a mis la barre haut : il s’est engagé à distribuer, gratuitement, plus 60 millions d’autotests en milieu scolaire d’ici à l’été. De quoi permettre aux lycéens de se tester une fois par semaine, et même deux fois pour les enseignants.
Le pari n’est pas gagné. « Même si tous les autotests étaient au rendez-vous, on n’est pas sûrs qu’ils trouveraient preneurs », fait observer Philippe Vincent. Selon les remontées de son syndicat, le « taux d’acceptation » est « plutôt bon » parmi les personnels, mais s’effondre chez les élèves. Son lycée, à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), en offre une illustration : « Sur les 2 000 demandes d’autorisation que j’ai adressées aux familles, je n’ai reçu qu’une cinquantaine de réponses positives », dit-il. Une situation qui, à l’écouter, est loin d’être isolée.
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