Le monde de l’assurance n’a pas la réputation d’aimer les surprises mais Scor, le spécialiste français de la réassurance (l’assurance des compagnies d’assurance), semble y prendre goût : il a annoncé jeudi 26 janvier dans la soirée le départ de son directeur général, Laurent Rousseau, en poste depuis à peine plus de dix-huit mois. Son remplaçant est déjà choisi : Thierry Léger, un Franco-Suisse de 56 ans, jusqu’à présent directeur de la souscription de son concurrent Swiss Re, prendra ses fonctions le 1er mai, l’intérim étant assuré par François de Varenne, l’un des membres du comité exécutif.
L’arrivée de Laurent Rousseau en juin 2021 avait déjà pris de court les observateurs : il avait été nommé alors que le poste était promis depuis six mois à Benoît Ribadeau-Dumas, ex-directeur de cabinet d’Edouard Philippe à Matignon, censé succéder à Denis Kessler, PDG depuis 2002 mais qui se préparait alors à scinder la direction générale de la présidence. Une scission qu’il avait choisi d’avancer pour des raisons personnelles.
Thierry Léger est « un réassureur confirmé, expérimenté, maîtrisant parfaitement aussi bien la réassurance-vie que la réassurance non-vie », a déclaré M. Kessler dans un communiqué. La feuille de route du nouveau directeur général est en tout cas déjà écrite : à lui d’élaborer un nouveau plan stratégique « engageant et ambitieux » qu’il devra présenter lors de la prochaine assemblée générale, en mai.
Redresser les comptes
« Sa mission sera de permettre à Scor de conforter sa place dans le tout premier cercle des réassureurs mondiaux », ajoute le groupe dans un communiqué.
En clair, il appartiendra à Thierry Léger de redresser les comptes. Car Scor a enregistré 509 millions d’euros de pertes sur les neuf premiers mois de 2022 et sa note de solidité financière a été abaissée à quelques semaines d’intervalle par S&P puis par Fitch, deux des principales agences de notation financière, l’une et l’autre justifiant cette décision par une rentabilité décevante.
Scor avait reconnu en novembre avoir « traversé une période difficile, marquée par une pandémie historique, une succession de catastrophes naturelles majeures et des niveaux de taux d’intérêt très faibles ». Une situation qui l’avait conduit à repousser la présentation de son nouveau plan stratégique à trois ans, pour privilégier un plan d’actions à un an.
Le remplacement de Laurent Rousseau par Thierry Léger intervient moins de deux semaines avant la présentation des résultats de la campagne annuelle de renouvellement des traités de réassurance, les contrats annuels entre assureurs et réassureurs. Une campagne qui, au dire de plusieurs acteurs du secteur, s’est déroulée dans un contexte globalement favorable aux réassureurs, avec à la clé des hausses des primes dépassant souvent 20 %.