Si Disneyland Paris espère survivre à la crise liée au Covid-19, il trouvera dans son histoire matière à réconfort : en 1918, un adolescent de Chicago prénommé Walt Disney tomba malade de la grippe espagnole. Il en réchappa après un traitement à la quinine et put embrasser une carrière prometteuse de dessinateur.
Un siècle plus tard, les parcs d’attractions de l’empire Walt Disney ont été durement frappés par la crise sanitaire. A la fin de mars, alors que ses quatorze parcs n’étaient fermés que depuis quelques semaines, le groupe évaluait la perte de revenus à un milliard de dollars (environ 885 millions d’euros). Si la filiale française garde jalousement le secret sur ses chiffres, chaque jour de fermeture équivaut à plusieurs millions d’euros de recettes envolés.
Mercredi 15 juillet, une semaine après les parcs floridiens – rouverts malgré la résurgence de la pandémie –, les deux parcs de Disneyland Paris pourront à nouveau accueillir les amateurs de Mickey et du looping vertical, nécessairement masqués. Redresser la barre prendra du temps. En raison des règles de distanciation physique, seule une fraction des 80 000 personnes qui visitent les parcs chaque jour au plus fort de l’année, en été ou à Noël, pourra y pénétrer (24 000, selon les syndicats). Le groupe ne donne pas d’indications sur la reprise des réservations. Mais, souffle une source syndicale, « c’est mal parti ».
La clientèle française, susceptible de revenir le plus rapidement, comptait pour 44 % en 2016. Mais elle est moins dépensière dans les hôtels et restaurants que les étrangers. Dans un premier temps, un seul des six hôtels de Disneyland sera ouvert. « On a peu de visibilité », commente l’entreprise.
Crainte d’un plan social
En manque de liquidités, Disneyland Paris a procédé à la fin de mai à une augmentation de capital d’un montant de 350 millions d’euros, souscrite par sa maison mère américaine. Malgré cet apport, la direction a dévoilé aux représentations syndicales, mercredi 8 juillet, une situation financière très dégradée.
Après une négociation de plusieurs semaines, trois organisations syndicales ont validé un avenant valable deux ans sur la flexibilité du temps de travail pour les salariés, une réduction du nombre de RTT pour les cadres et une baisse de rémunération de 20 % pour les vice-présidents du groupe.
Objectif avoué : garantir le maintien dans l’emploi des quelque 15 000 salariés en CDI, qui font de Disney le premier employeur monosite en France. « Beaucoup d’employés ont trente ans d’entreprise et n’ont jamais travaillé ailleurs, expose Djamila Ouaz, délégué CFDT (majoritaire), qui a passé vingt-six ans chez Disney. Derrière ces CDI, il y a des familles entières. On devait faire ce sacrifice pour les sauver. »
Il vous reste 71.98% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.