Les Jeux avant les Jeux. A Olympie, sur les vestiges du temple de la déesse du mariage, Héra, les rayons du soleil ont allumé la flamme olympique, mardi 16 avril à midi, heure locale (11 heures à Paris). La torche, brandie par l’actrice grecque Mary Mina, a été apportée dans le stade antique avant d’être remise au premier relayeur, le Grec Stéfanos Ntouskos, champion olympique d’aviron à Tokyo en 2021. C’est ensuite la nageuse Laure Manaudou – championne olympique du 400 mètres nage libre aux Jeux d’Athènes en 2004 – qui lui a succédé.
Ce rituel marque le début d’une procession de onze jours en Grèce qui se parachèvera par une cérémonie de passation au stade panathénaïque d’Athènes, où les Jeux modernes ont vu le jour. Puis le feu olympique embarquera à bord du Belem, unique rescapé des trois-mâts français, et prendra la direction de Marseille, cité fondée par des Grecs venus de Phocée en 600 av. J.-C. L’héritage antique de la XXXIIIe olympiade est assuré.
Dans la rade phocéenne, le Belem – mis à l’eau en 1896, année des premiers Jeux olympiques (JO) modernes – devrait être entouré d’un millier de bateaux avant de pénétrer dans le Vieux-Port, mercredi 8 mai. Devant 150 000 spectateurs attendus et sous les yeux du monde, un premier porteur, dont l’identité sera connue au dernier moment, débarquera la torche, fruit du dessin de Mathieu Lehanneur et des lignes de production d’ArcelorMittal, avant qu’un chaudron olympique (installation prévue dans chaque ville étape, à ne pas confondre avec la vasque) ne soit embrasé.
La flamme visitera 64 départements et territoires ultramarins, s’arrêtera dans 65 villes hôtes, traversera plus de 400 communes, et son relais mobilisera quelque 10 000 porteurs. Son parcours se veut une vitrine de la France, valorisant son histoire (grotte de Lascaux, Verdun, plages du Débarquement…), ses chefs-d’œuvre architecturaux, ses paysages (Mont-Saint-Michel, massif du Mont-Blanc, viaduc de Millau…), ses figures historiques (Charles de Gaulle à Colombey-les-Deux-Eglises, Jeanne d’Arc à Orléans…) et ses sites sportifs (court Simonne-Mathieu de Roland-Garros, mont Ventoux, Teahupoo…). « C’est vraiment la France dans toute sa grande diversité qui sera présente sur le relais », se félicite Grégory Murac, directeur délégué au relais de la flamme au sein du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop).
180 000 euros par département
Le relais de la flamme est « un moment festif et de rassemblement », résume Eric Monnin, vice-président à l’olympisme au sein de l’université de Franche-Comté et directeur du centre d’études et de recherches olympiques universitaires. Mais « un moment » qui a un prix. Dès février 2022, la Creuse avait annoncé que « la flamme olympique ne viendra pas, [pour] un problème de coût ». Pour accueillir le relais pendant une journée, il faut compter 180 000 euros, taxes comprises. Sans compter la charge supportée par chaque commune visitée (animations, sécurité…).
Ces dépenses supplémentaires ont été critiquées par Morgan Berger, maire divers droite de Cognac (Charente), où la flamme est attendue le 24 mai. Jusqu’à la fin du mois de mars, l’édile assurait qu’il lui manquait entre 8 000 et 9 000 euros pour assurer l’événement et, faute de pouvoir réunir la somme, il a menacé de renoncer à l’accueil du relais. Finalement, une solution a été trouvée.
Si le Cojop vante une flamme qui « va éclairer tous les territoires », certains départements n’en verront pas la lueur, tout particulièrement du fait de cette facture jugée trop élevée. Toutefois, des villes souhaitant accueillir le feu olympique ont trouvé la parade : Montpellier s’est, par exemple, associée à Sète et à Millau, alors que l’Hérault et l’Aveyron avaient refusé de se porter candidats. Même opération en Loire-Atlantique, où le département a refusé la flamme, mais où sept villes ont engagé les frais pour accueillir le relais.
« Bulle de sécurité »
Sujette aux crispations politiques, la flamme peut aussi faire l’objet de menace. Autour du porteur, dix-huit policiers et gendarmes à pied et en civil seront mobilisés. Le groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) et des unités de forces mobiles compléteront la « bulle de sécurité », ainsi qu’un véhicule brouilleur de drones. Ces moyens de sécurité coûteront 1 million d’euros à l’Etat.
A la fin du mois de janvier, Gérald Darmanin considérait que, outre le risque terroriste, la principale menace de perturbation émanait de collectifs « environnementalistes d’ultragauche ». « Chaque parcours de la flamme aura un itinéraire alternatif », a déclaré le ministre de l’intérieur dans un entretien au Parisien, le 9 avril, ajoutant que l’« on s’est aussi arrangés avec les diffuseurs pour qu’ils puissent suivre les plans B le cas échéant ».
Pour les Jeux paralympiques (du 28 août au 8 septembre), « le même projet et la même ambition » que pour les JO prévaudront concernant le relais de leurs flammes (douze, contrairement à l’unique feu olympique), selon le Cojop. Mais le parcours sera plus modeste : allumé à Stoke Mandeville (Angleterre), berceau des Jeux paralympiques, le 25 août, la procession paralympique rejoindra Paris en quatre jours.
Dans le cadre du relais de la flamme olympique, il est prévu, le 26 juillet, jour de la cérémonie d’ouverture des Jeux, un dernier tronçon en Seine-Saint-Denis. Il sera parcouru par un relais collectif mettant à l’honneur les « bâtisseurs », pour reprendre le terme utilisé par le ministère des sports et des Jeux olympiques et paralympiques, qui l’a organisé.
Celui-ci aura lieu sur la passerelle construite à l’occasion des Jeux et qui, enjambant l’autoroute A1, relie le Centre aquatique olympique au Stade de France, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). A travers ce relais, il s’agit, selon le ministère, « de récompenser les architectes, les compagnons, toutes les équipes de la Solideo [Société de livraison des ouvrages olympiques], qui ont construit et imaginé » les équipements des Jeux.
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