Avant de déambuler dans les allées du salon de l’horlogerie de Genève, jeudi 11 avril, Kylian Mbappé aurait peut-être dû s’inspirer de la marque de montres dont il est ambassadeur pour choisir un meilleur timing à sa visite en Suisse. Au lendemain de la défaite du Paris Saint-Germain (PSG) en quart de finale aller de la Ligue des champions face au FC Barcelone (2-3), l’attaquant y a été aperçu tout sourire, visiblement loin de ses tracas de la veille sur la pelouse du Parc des Princes.
Certains supporteurs du PSG n’ont pas manqué de souligner les contradictions du natif de Bondy (Seine-Saint-Denis), en ressortant des cartons le fameux « bien manger, bien dormir », injonction faite par l’attaquant à ses coéquipiers, en février 2023, après la défaite du club de la capitale contre le Bayern Munich. La formule semblait viser Neymar, régulièrement tancé pour ses apparitions trop récurrentes à des événements extra-sportifs. Un an plus tard, c’est lui qui est dans l’œil du cyclone.
Passé à côté du match aller, l’attaquant de 25 ans se sait très attendu, mardi 16 avril, pour la manche retour face au Barça, au stade olympique Lluis-Companys. C’est ici, à 600 kilomètres du stade Santiago-Bernabeu, où il pourrait poursuivre sa carrière avec le Real Madrid, que Mbappé va peut-être disputer son dernier match de Coupe d’Europe avec Paris.
A Barcelone, deux voies s’ouvrent pour le PSG. Celle du dernier carré – qu’il n’a plus atteint depuis 2021. Et celle de la nouvelle ère, post-Mbappé, qui quittera le navire en fin de saison. Celle-ci commencerait dès lors que le trophée ultime – la Ligue des champions – ne serait plus atteignable. Une fois encore, le « rêvons plus grand », que le PSG s’évertue à appliquer depuis l’arrivée des propriétaires qataris en 2011, prendrait une nouvelle forme.
« Si l’équipe est mieux, les individualités vont s’en sortir »
Ces dernières années, Paris s’est imaginé tour à tour remporter la prestigieuse « coupe aux grandes oreilles » avec Zlatan Ibrahimovic, Neymar, Lionel Messi puis Mbappé comme têtes de gondole. Mardi, c’est l’heure de la dernière chance pour le cru 2023-2024. « Le PSG est toujours favori », affirmait Xavi, l’entraîneur barcelonais, après la victoire de son équipe au Parc des Princes la semaine dernière. Mais rien n’est encore fait.
Le résultat de ce quart de finale retour dépendra inévitablement de la prestation de Mbappé et de la version de lui-même qu’il présentera au public catalan. Celle du match aller et des dernières semaines, hors du coup avec le PSG et l’équipe de France, aura peu de chance de qualifier Paris. Celle qui avait terrassé le Barça d’un triplé au Camp Nou, en février 2021, beaucoup plus.
L’attaquant que les supporteurs parisiens réclament en chœur, mangeur d’espaces et de défenseurs, n’apparaît cependant pas sur commande. Pris en étau par la défense blaugrana le 10 avril et critiqué pour sa mauvaise prestation, en raison d’un relâchement jugé coupable, le numéro 7 a pu compter sur le soutien de son capitaine, Marquinhos : « S’il a été moins précis ce soir, c’est peut-être parce que le ballon n’est pas arrivé au bon moment, dans le bon timing. (…) Si l’équipe est mieux, les individualités vont s’en sortir après. »
Avec le retour d’Achraf Hakimi, qui était suspendu à l’aller, le collectif parisien ira forcément mieux. Il sera également revigoré par un week-end passé à se préparer pour l’échéance plutôt qu’à jouer en Ligue 1 – la Ligue de football professionnel a choisi de reporter les matchs des clubs encore engagés en coupes d’Europe, pour accroître leurs chances d’y briller. Pendant ce temps, le Barça a tenté de faire tourner son effectif lors d’un match remporté samedi à Cadix (1-0).
Poursuivre l’aventure de quelques semaines
Annoncés comme favoris de cette double confrontation face au club catalan lors du tirage au sort, les Parisiens vont devoir faire mieux que quinze bonnes minutes en début de mi-temps – comme ce fut le cas la semaine dernière – pour réaliser leur propre « remontada », sept ans après celle subie au Camp Nou, le 8 mars 2017. « Nous sommes convaincus que nous allons renverser la situation », a d’ailleurs martelé lundi Luis Enrique, qui était alors sur le banc du Barça mais entraîne aujourd’hui le PSG.
Et a sous ses ordres Kylian Mbappé, qui vit sa relation la plus conflictuelle avec un entraîneur depuis son arrivée à Paris en 2017. Déjà meilleur buteur de l’histoire du PSG, le Bondynois n’a jamais caché vouloir offrir au club son premier sacre en Ligue des champions. « Je [le] sens très motivé, comme toute l’équipe. C’est le moment de montrer qu’on est prêts et de changer le résultat de l’aller », a fait valoir, de son côté Hakimi.
Mais son PSG a vécu des aventures contrastées dans la prestigieuse coupe européenne, avec de grandes désillusions en huitièmes de finale contre Manchester United (2019) et le Real Madrid (2022), la demi-finale retour que l’attaquant, blessé, avait manqué contre Manchester City (2021), ou sa prestation décevante en finale contre le Bayern Munich (2020).
Une élimination mardi face à Barcelone, le club de la capitale la digérera. Il le fait chaque année et a désormais l’habitude de reporter ses espoirs les plus fous à la saison suivante. Mais pour que l’histoire avec Mbappé se poursuive encore un peu avant de passer à autre chose, c’est maintenant ou jamais.
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