Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Au procès du TGV Est, la colère des parties civiles contre les prévenus : « Il est encore temps d’assumer. A vous de dire si vous voulez sortir de ce procès la tête haute »

Les rescapés de l’accident et les familles des victimes ont témoigné, du 30 avril au 3 mai, du fracas de l’accident, de la douleur de la perte de proches, mais aussi, surtout, de leur frustration face à des prévenus qui rejettent toute responsabilité.

Par 

Publié le 04 mai 2024 à 06h32, modifié le 05 mai 2024 à 18h24

Temps de Lecture 5 min.

Article réservé aux abonnés

Sur les lieux de l’épave du train d’essai TGV qui a déraillé et s’est écrasé, le 14 novembre 2015, tuant onze personnes, dans un canal à l’extérieur d’Eckwersheim, près de Strasbourg. Ici, le 15 novembre 2015.

« Au moment de l’accident, j’étais debout. Il y a eu une forte secousse latérale, puis j’ai ressenti une sensation bizarre et inconnue. » Julien Fay est dépanneur TGV, il se trouvait dans l’avant-dernière voiture de la rame qui, le 14 novembre 2015, effectuait des tests sur l’ultime portion de la ligne à grande vitesse entre Paris et Strasbourg avant son ouverture au public. Il raconte le moment où le train, arrivé trop vite dans une courbe, a basculé. « J’ai senti mes pieds se soulever rapidement, j’ai vu que toute la rame se soulevait. Un collègue a essayé de rattraper un ordinateur qui glissait. Et là, je me suis dit : “Putain, on sort.” Ce que nous avons vécu ce jour-là est indescriptible. »

Du mardi 30 avril au vendredi 3 mai, plusieurs rescapés de l’accident du TGV Est ont quand même réussi à décrire, à la barre de la 31e chambre correctionnelle du tribunal de Paris, à quoi ressemblait un déraillement à près de 250 kilomètres-heure. Avec des mots bruts et marquants, aux antipodes des contorsions verbales et des formules creuses débitées les jours précédents par les représentants de la SNCF et de ses deux filiales, Systra et SNCF Réseau, jugées pour « homicides involontaires », et qui ont nié toute responsabilité.

Cinquante-trois personnes se trouvaient à bord du TGV accidenté : dix-huit salariés de la SNCF, Systra et SNCF Réseau étant affairés aux essais, et trente-cinq invités, tous membres de la famille des premiers, autorisés à y assister. Onze personnes sont mortes : neuf salariés et deux invitées. Les quarante-deux autres ont été plus ou moins grièvement blessées.

« Je vois ma femme, elle ne répond pas »

Pendant trois jours, le tribunal a donc entendu quelques survivants raconter le fracas de l’accident, les corps projetés dans les sièges et contre les murs, les éclats de verre, le vacarme assourdissant du frottement du train contre le sol, l’eau et la boue qui s’engouffrent dans les trois voitures ayant fini leur course dans un canal en contrebas de la voie, le froid et la peur de mourir noyé qui saisissent leurs occupants encore en vie, le silence de mort puis les premiers gémissements. Et des visions d’horreur.

« Je vois ma femme, la tête encastrée dans un siège, elle ne répond pas. Je vois ma belle-sœur au fond du train, pliée en deux, avec le dos cassé dans l’autre sens », raconte Patrick Rolland, secoué de larmes. Il avait été convié aux essais, avec sa femme et ses enfants, par son frère Alain, employé de Systra, mort dans l’accident. Thomas Rolland, son fils, âgé de 13 ans à l’époque, évoque les « morceaux de chair humaine » partout autour de lui. Lydie Guyot, elle, raconte la « douleur insupportable » qu’elle ressent juste après la catastrophe : « A chaque respiration, je sens mes côtes qui font “clac clac”. »

Il vous reste 62.4% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.