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Agression d’un homme portant une kippa à Paris : deux ans de prison ferme pour un prévenu aux explications déroutantes

Fenndy F., 31 ans, comparaissait vendredi pour « violences volontaires à raison de l’appartenance à une religion », un mois et demi après avoir frappé un homme de 62 ans devant une synagogue du 20ᵉ arrondissement de la capitale.

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Publié le 20 avril 2024 à 02h28, modifié le 20 avril 2024 à 10h05

Temps de Lecture 3 min.

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Dans un contexte de multiplication des actes antisémites depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, en octobre 2023, l’agression subie le 1er mars par Marco S., 62 ans, portant une kippa devant une synagogue du 20arrondissement de Paris, avait suscité une émotion particulière, en raison de sa grande violence notamment. L’image du visage ensanglanté de la victime avait été largement relayée. Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, avait dénoncé une « nouvelle agression antisémite » et un « acte inqualifiable ».

Interpellé quelques jours plus tard, Fenndy F. devait être jugé le 8 mars, mais l’audience avait été renvoyée : le tribunal, ayant des doutes sur sa santé mentale, avait réclamé une expertise psychiatrique complémentaire. Ce petit homme guadeloupéen de 31 ans a finalement été déclaré apte à être jugé – pour « violences volontaires à raison de l’appartenance à une religion » –, mais l’audience qui s’est tenue vendredi 19 avril devant la 23chambre correctionnelle du tribunal de Paris n’a pas complètement dissipé les interrogations quant à l’équilibre psychiatrique d’un prévenu qui, en garde à vue, avait parlé de sa victime comme d’un « Khazar », un « imposteur », membre d’une « tribu soi-disant juive ».

Marco S., silhouette frêle, visage encore marqué par l’agression, donne sa version des faits à la barre. Il attendait l’ouverture de la synagogue, ce 1er mars, lorsque Fenndy F. est passé une première fois devant lui, « d’un air étrange », avant de réapparaître quelques minutes plus tard. « Il est venu et il m’a dit : “C’est vous qui tuez les gens à Gaza.” Je me suis levé en disant “je tue personne”, et là, il m’a asséné un coup de poing. » Marco S. tombe au sol, il est roué de coups, perd connaissance. Deux témoins, absents à l’audience, affirment avoir entendu l’agresseur dire « sale juif ».

Dans son box, Fenndy F. raconte une autre version : « Je lui ai dit : “T’es un Ashkénaze, tu seras jamais un vrai juif.” Il me dit : “Viens ! Viens ! T’as dit quoi ?” Je m’approche, il me met une droite. » Le prévenu mime alors la façon dont il aurait riposté et mis son contradicteur K.-O. Le président ne tient à s’attarder ni sur la thèse controversée de l’origine khazare, et non moyen-orientale, d’une partie des juifs d’Europe centrale – « Le tribunal n’est pas là pour juger des idées » – ni sur celle de la légitime défense – « Deux témoins vous ont vu mettre les coups, et on n’a pas vu de trace de coups sur vous ».

L’audience vire à l’absurde

La parole est ensuite à Franck Serfati, avocat de la victime, et l’audience vire alors à l’absurde. Le déroutant prévenu convoque à nouveau les Khazars, évoque les « Edomites, descendants d’Esaü », auxquels appartiendrait Marco S., puis ses propres ancêtres, « les nègres », dont Israël serait « la terre originelle ».

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