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La magistrate Hélène Gerhards, mise en cause pour ses liens supposés avec le banditisme corse, va être remise en liberté

Juge d’instruction en Corse de 2010 à 2016, Mme Gerhards est mise en examen pour onze infractions, dont association de malfaiteurs et détournement de fonds publics.

Le Monde avec AFP

Publié le 17 avril 2024 à 13h14, modifié le 17 avril 2024 à 15h31

Temps de Lecture 2 min.

Mise en examen et écrouée pour ses liens supposés avec le banditisme corse, la magistrate Hélène Gerhards va pouvoir sortir de détention provisoire, a annoncé la cour d’appel d’Aix-en-Provence, mercredi 17 avril.

Cette remise en liberté est assortie de sévères restrictions, avec notamment « l’interdiction d’entrer en contact avec tous les protagonistes de l’affaire, l’interdiction d’exercer la profession de magistrate d’ordre judiciaire et l’interdiction de se rendre » en Corse, a précisé Laurent Becuywe, président de la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Aix-en-Provence.

« Notre cliente est apparue hier [mardi] à l’audience de la cour d’appel d’Aix amaigrie et dévastée après ce cauchemar [qu’elle vit] depuis deux semaines. Cette décision de remise en liberté est un immense soulagement et un long travail va pouvoir débuter pour faire la démonstration de son innocence », a affirmé à l’Agence France-Presse Yann Le Bras, l’un des avocats de la magistrate.

La veille, Mme Gerhards, 49 ans, et ses conseils avaient notamment justifié leur demande de libération pour des raisons familiales et de santé. « Je renonce à mon métier, mais pas à mes enfants ! », s’était exclamée celle qui fut juge d’instruction à Albertville (Savoie), à Marseille et en Corse entre 2010 et 2016. Elle avait ensuite été nommée vice-procureure à Toulouse puis, en 2021, à la cour d’appel d’Agen, avant de présider un temps les assises de Lot-et-Garonne, où elle était juge au moment de sa mise en cause.

Mise en examen pour onze infractions

Mme Gerhards est mise en examen pour onze infractions, dont celle d’association de malfaiteurs, de détournement de fonds publics et de faux en écriture publique par un dépositaire de l’autorité publique. Elle avait été placée en détention provisoire le 5 avril, une décision exceptionnelle concernant un magistrat.

« Mettez-moi sous contrôle judiciaire, avec un bracelet, peu importe. Je respecterai tout, mais ne me faites pas vivre encore cela », avait supplié la magistrate, mardi, lors de sa première prise de parole publique depuis sa mise en examen.

Sa défense avait souligné des problèmes de santé incompatibles, selon elle, avec sa détention : la magistrate, apparue dans le box des détenus avec un large pansement sous le menton, avait subi une opération avant son incarcération.

L’avocat général, Jean-François Mailhes, avait au contraire demandé son maintien en détention pour « éviter tout risque majeur de concertation frauduleuse » entre les parties. Ce à quoi Mme Gerhards lui avait rétorqué n’avoir « jamais pactisé avec le grand banditisme ! ».

Des liens avec un membre présumé du Petit Bar

Les enquêteurs, qui sont sur l’affaire depuis 2020, la soupçonnent notamment d’avoir, en échange de travaux non déclarés et payés au rabais au sein de sa villa de luxe qu’elle détenait avec son ancien compagnon, un ex-gendarme, « rendu des services » à des membres du banditisme insulaire. Achetée 600 000 euros en 2011, la villa de 320 mètres carrés, avec vue sur mer et située au sud d’Ajaccio, en valait plus de 2 millions en 2022 lors de sa mise en vente.

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Lors d’écoutes téléphoniques, les enquêteurs ont surpris des liens noués entre la magistrate et Johann Carta. Ce dernier, condamné quatorze fois, entre autres pour outrage et travail dissimulé, est un membre présumé du banditisme corse proche du clan mafieux du Petit Bar. Il est aussi mis en examen dans un dossier d’escroquerie, extorsion de fonds et blanchiment d’argent en bande organisée.

La magistrate est soupçonnée d’avoir « rendu des services », dont la fourniture d’informations sur des procédures judiciaires en cours et des conseils juridiques. Elle aurait aussi, toujours selon l’accusation, établi de fausses ordonnances de commission d’experts et en traduction au profit principalement de son ex-mari. Des faits pour lesquels elle est accusée de détournements de fonds publics, pour un montant total de 123 000 euros. Selon la défense, c’est l’ex-mari de Mme Gerhards qui l’aurait « abusée » et « manipulée », manigançant toutes les malversations.

Le Monde avec AFP

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