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Le bâtiment du Centre MEARY, plateforme de production de médicament de thérapie innovante de l'AP-HP- Reportage dans le centre MEARY sur le traitement des lymphomes par CART T CELLS (modificiations des lymphocytes T du patient pour combattre le cancer) à l'hôpital Saint-Louis à Paris, le 11/04/2024
JULIE BALAGUÉ POUR « LE MONDE »

Cancer : la saga des cellules CAR-T, ces « Terminators » de tumeurs

Par 
Publié le 29 avril 2024 à 18h15, modifié le 30 avril 2024 à 14h20

Temps de Lecture 12 min.

Hôpital Saint-Louis, service d’hémato-oncologie. Du 6étage de ce vaisseau de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), ancré au cœur du 10arrondissement, la vue plonge vers le sud. Un soleil d’avril baigne les toits, d’où émergent le dôme du Panthéon, le Centre Pompidou, la tour Montparnasse au loin. Dans une chambre au jour tamisé par un rideau de fortune, un homme patiente, alité.

Alison De Almeida, infimière, injecte le traitement par cellules CART-T à un patient de 39 ans atteint d’un lymphome. Elle met trois minutes pour administrer le contenu de la seringue. A l’hôpital Saint-Louis (AP-HP), à Paris, le 15 avril 2024.

Voilà six jours qu’Adam (le prénom a été changé), 39 ans, a de nouveau été hospitalisé. Son lymphome a rechuté et il s’apprête à recevoir un traitement sophistiqué au nom étrange, des « cellules CAR-T » (prononcer « car-ti »), acronyme que nous détaillerons plus loin.

Cette thérapie mobilise de minuscules guerriers, les lymphocytes T. Mais des guerriers réarmés, entraînés au combat, transformés en « cellules tueuses de tumeurs » par une modification génétique. Dans l’immense majorité des cas, ces lymphocytes T sont d’abord prélevés chez le patient lui-même, puis ils sont « éduqués » en laboratoire à reconnaître les tumeurs. Une fois réinjectés dans le sang du patient, ils cibleront les cellules tumorales, tels des missiles à tête chercheuse, puis s’activeront pour les éliminer. Mieux encore, ils se multiplieront pour grossir leurs troupes.

« Cette thérapie cellulaire est en train de bouleverser la prise en charge de nombreux cancers du sang », se réjouit Catherine Thieblemont, cheffe du service d’hémato-oncologie de l’hôpital Saint-Louis. L’efficacité peut être « spectaculaire », offrant des rémissions prolongées, voire des guérisons à des patients jusqu’ici condamnés à court terme. Et leurs indications pourraient s’étendre bien au-delà : dans des maladies auto-immunes ou des tumeurs solides, de tout premiers essais montrent des résultats « très encourageants », selon Catherine Thieblemont.

Un traitement à 300 000 euros

Pour autant, ce traitement sophistiqué nécessite un processus de fabrication complexe. Et il a un coût. D’une part, les effets indésirables sévères, pouvant conduire en réanimation, ne sont pas rares, même si les médecins les maîtrisent de mieux en mieux. D’autre part, les prix fixés par les industriels sont démesurés. En Europe, une administration de CAR-T coûte plus de 300 000 euros ; aux Etats-Unis, 450 000 dollars.

Alison De Almeida, et Liwa Ta, infirmières, vérifient l’identité du patient et l’ensemble des documents avant l’injection de cellules CAR-T. A l’hôpital Saint-Louis, à Paris, le 15 avril 2024.
Une seringue avant l’injection. A l’hôpital Saint-Louis, à Paris, le 15 avril 2024.

Avant de revenir à l’hôpital Saint-Louis, faisons un voyage éclair outre-Atlantique. Par la grâce d’une visioconférence, nous voici avec Michel Sadelain, le principal architecte de la construction génétique qui métamorphose les cellules T en Terminator de tumeurs. C’est au Memorial Sloan Kettering Cancer Center (MSKCC) à New York, un centre de traitement et de recherche sur le cancer très renommé, que cet immunologiste français et canadien a conçu et montré la puissance thérapeutique de cette approche.

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