Bien qu’encore essoufflée par le rythme effréné des derniers jours, la voix de Carine Chaléon demeure enjouée. « Ça peut être compliqué d’avoir une vie de famille dans ces moments-là », convient la jeune femme. Après les inondations dans l’Yonne au début d’avril, la cheffe adjointe du pôle hydrologie et prévisions des crues pour le territoire Seine moyenne-Yonne-Loing reprend tout juste son rythme de croisière, au siège de la direction régionale et interdépartementale de l’environnement, de l’aménagement et des transports francilienne (Drieat), au cœur de Paris.
Comme l’indique le dernier rapport de l’Institut européen Copernicus, l’année 2023 a été marquée par des inondations d’intensité exceptionnelle en Europe. Et en France également, notamment dans le Pas-de-Calais. De manière générale, les pouvoirs publics estiment qu’un Français sur huit est directement exposé au risque d’inondation.
Plusieurs facteurs peuvent contribuer à ces événements catastrophiques : un fort ruissellement, une submersion marine, une remontée de nappe phréatique ou, enfin, un débordement de cours d’eau – les crues proprement dites. Ces dernières peuvent donner lieu à des alertes vigilance orange et rouge envoyées sur les smartphones.
Observations quotidiennes cruciales
A l’origine de ces mises à jour quotidiennes en temps de crise, il y a le travail d’une équipe d’une douzaine d’hydromètres – chargés de récolter des mesures en temps réel – et autant de prévisionnistes – analysant ces données et délivrant des observations. Une poignée d’hommes et de femmes qui, dans chacun des 17 services de prévision des crues de la métropole (basés sur les bassins-versants français), forment le réseau Vigicrues, chargé de surveiller le niveau et le débit des cours d’eau de l’Hexagone comme le lait sur le feu.
Hors période d’inondation d’ampleur, qui signifient une mobilisation très intense des équipes, les observations réalisées au quotidien demeurent cruciales et représentent l’essentiel des missions de ces fonctionnaires. Des mesures réalisées directement sur le terrain – qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige.
A la station hydrométrique de Morsang-sur-Orge, sur la rivière Orge, au sud de Paris, un curieux objet flottant similaire à une planche de natation en polystyrène fait des allers-retours perpendiculairement au courant. « Un capteur est fixé dessus pour calculer le débit de la rivière par effet Doppler », explique Julien Cherubin, hydromètre à la Drieat. Ces données permettront de corroborer les jauges (mesures de la hauteur et de la vitesse d’un cours d’eau) renseignées tous les jours et à distance par les radars, caméras et autres capteurs disposés autour des stations.
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