Plus de trois mois après son apparition en Chine, la pandémie causée par le coronavirus ne semble pas ralentir, et les conséquences humaines, sociales et économiques sont chaque jour plus graves. Selon un dernier décompte établi par l’Agence France-Presse (AFP) et l’université Johns-Hopkins, elle a coûté vendredi soir la vie à plus de 100 000 personnes et infecté au moins 1,5 million de personnes dans 192 pays et territoires.
Ces chiffres sous-estiment l’ampleur réelle de la crise sanitaire planétaire, car de nombreuses personnes mortes du Covid-19 hors des hôpitaux ne sont ni testées ni comptabilisées, comme par exemple aux Etats-Unis, où les règles varient d’une juridiction à une autre. Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), dont les conclusions ont été reprises par le directeur général de la santé en France, estime, lui, à 95 044 le nombre de morts vendredi soir.
Une levée prématurée des mesures de confinement prises pour endiguer la propagation du nouveau coronavirus pourrait entraîner une « résurgence mortelle » de la pandémie, a prévenu vendredi le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Plus de 4 milliards de personnes vivent confinées à des degrés divers depuis plusieurs semaines pour tenter d’endiguer la maladie, ce qui a paralysé les économies de la plupart des pays de la planète.
Les pays les plus touchés espèrent un ralentissement, l’Italie prolonge son confinement jusqu’au 3 mai
Dans tous les pays les plus meurtris par l’épidémie, les autorités sanitaires relèvent une tendance à la baisse de la tension hospitalière et espèrent un ralentissement prochain dans la hausse de ce décompte macabre. Mais elles appellent à ne pas relâcher les efforts de confinement et de distanciation sociale, craignant un déconfinement trop rapide et l’apparition d’un deuxième vague de contaminations.
- Avec désormais 18 849 morts, l’Italie reste le pays au monde comptant le plus de victimes. Le Covid-19 y a tué 570 personnes supplémentaires entre jeudi et vendredi – contre 610 la veille. Le nombre de cas confirmés est désormais de 147 577 mais le nombre de patients en soins intensifs (3 497) est en légère baisse et le nombre de guérisons en hausse. « Nous prolongeons les mesures restrictives jusqu’au 3 mai, une décision difficile mais nécessaire dont j’assume toute la responsabilité politique », a déclaré le président du conseil des ministres, Giuseppe Conte, lors d’une allocution officielle.
- L’Espagne a recensé, entre jeudi et vendredi, 605 morts supplémentaires, soit le nombre le plus bas enregistré depuis le 24 mars, ont annoncé les autorités, ce qui porte le total à 15 843 décès.
- En nombre de cas, les Etats-Unis sont le pays le plus touché : 462 135, dont 16 513 décès et 25 410 guéris. Mais la situation s’est stabilisée jeudi dans les hôpitaux des régions les plus frappées, notamment à New York, où malgré un nouveau record de nombre de décès quotidien (799), il n’y a jamais eu aussi peu de nouveaux patients admis en réanimation. Alors que près de 40 Etats sont concernés par des mesures de confinement, New York restera confinée, selon son maire, Bill de Blasio, au moins jusqu’en juin.
- Le Royaume-Uni a enregistré 980 morts en vingt-quatre heures vendredi, portant le bilan de la pandémie à 8 958 victimes. Le premier ministre, Boris Johnson, toujours hospitalisé, est sorti du service des soins intensifs.
- En Iran, 122 décès supplémentaires ont été dénombrés vendredi, ce qui porte à 4 232 morts le bilan officiel dans ce pays, le plus touché par la pandémie au Proche et au Moyen-Orient. Mais à l’étranger, certaines sources soupçonnent les bilans officiels iraniens d’être sous-estimés.
En Belgique, le nombre de morts a en revanche bondi pour atteindre 3 019, selon le dernier bilan officiel. Le bilan des décès a triplé en huit jours, en raison, notamment, de la comptabilisation avec retard des victimes du Covid-19 dans les maisons de retraite.
L’Amérique latine et les Caraïbes ont dépassé vendredi matin 50 000 cas déclarés, dont plus de 2 000 morts, selon un comptage établi par l’AFP à partir des chiffres fournis par les gouvernements et l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le Brésil y est le pays le plus touché par la pandémie, avec 17 847 cas et 941 morts pour 210 millions d’habitants. L’Equateur, qui compte 17,5 millions d’habitants, a quant à lui le taux de mortalité le plus élevé, avec 272 décès pour 4 965 malades enregistrés.
Le confinement planétaire entraîne une paralysie économique durable
Plus de 4 milliards de personnes, soit la moitié de la population mondiale, sont toujours contraintes de rester confinées chez elles, dans près de 100 pays. Ces mesures ont un coût immense et des secteurs entiers de l’économie sont paralysés, les échanges commerciaux dégringolent, le chômage s’envole.
Les organismes économiques internationaux n’hésitent pas à parler de « la plus profonde récession économique de notre existence », selon le patron de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), ou des « pires conséquences économiques depuis la Grande Dépression » de 1929, selon la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva.
En Europe, les ministres européens des finances ont affiché leur unité en parvenant à s’entendre, à l’arraché, sur une réponse économique commune face au coronavirus. « C’est un immense soulagement et une vraie victoire pour l’Europe. Face aux Etats-Unis et la Chine, l’Europe a monté qu’elle peut décider vite et décider fort », s’est réjoui le ministre français, Bruno Le Maire.
Si la décision n’est toujours pas officielle, le gouvernement italien semble s’orienter vers une prolongation des mesures de confinement, qui expiraient le 13 avril, jusqu’au 3 mai, relatent les médias italiens. « L’Italie fermée jusqu’au 3 mai », titre en première page le Corriere della Sera, principal tirage de la Péninsule. Cette décision, qui devrait être adoptée à très court terme, a été annoncée jeudi après-midi au cours d’une réunion entre plusieurs membres du gouvernement et des représentants de divers syndicats.
Aux Etats-Unis, qui recensent plus de 16 millions de chômeurs, la banque centrale a annoncé 2 300 milliards de dollars de nouveaux prêts pour soutenir l’économie. Donald Trump a promis pour ce week-end un plan de sauvetage aux compagnies aériennes asphyxiées financièrement : « Nous allons probablement faire une proposition et donner des détails, certains détails puissants, durant le week-end », a-t-il dit, sans apporter plus de précisions.
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