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Réforme des retraites : les actions « spectaculaires » « servent à produire un événement quand on n’a pas la force du nombre »

Le chercheur Baptiste Giraud voit une « radicalisation symbolique » alors que la grève des transports qui a porté la mobilisation s’éteint doucement.

Propos recueillis par 

Publié le 22 janvier 2020 à 15h15, modifié le 24 janvier 2020 à 14h30

Temps de Lecture 4 min.

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Des avocats en grève à Lyon, le 13 janvier.

Depuis une dizaine de jours, alors que la grève reconductible qui a porté la mobilisation contre la réforme des retraites depuis le 5 décembre s’éteint doucement à la SNCF, d’autres formes d’action apparaissent : jeters de robes d’avocat ou de blouses blanches de personnels hospitaliers, coupures de courant, irruption dans des cérémonies de vœux de ministres, raffut devant le Théâtre des Bouffes du Nord où le chef de l’Etat assistait à un spectacle…

Baptiste Giraud, maître de conférences en science politique à l’université d’Aix-Marseille (Laboratoire d’économie et de sociologie du travail, CNRS-AMU), revient sur ce que révèlent ces actions spectaculaires.

Peut-on parler de « nouvelles » formes de lutte ?

L’interpellation des représentants politiques n’est pas une innovation en soi dans les pratiques syndicales, c’est assez récurrent localement, notamment lors de fermetures d’entreprise. Ce qui est inédit, c’est le geste initié par les avocats lorsqu’ils ont jeté leur robe aux pieds de la ministre de la justice à Caen et repris depuis par bien d’autres métiers, où l’on met en scène son habit ou son outil de travail.

Ces actions ont d’abord pour objectif de faire parler dans les médias. C’est une façon de produire un événement quand on n’a pas la force du nombre. C’est une méthode à laquelle Act Up a eu recours dès les années 1990.

Ce n’est pas étonnant qu’elles arrivent en fin de conflit du côté de la SNCF et de la RATP. La mobilisation des « gilets jaunes » a pu accréditer l’idée chez certains militants qu’il fallait emprunter d’autres modes d’action pour compenser la difficulté à faire nombre et ainsi donner plus de visibilité à la mobilisation. Les syndicats ont des difficultés à mobiliser massivement. Donc il y a une adaptation des modalités de leur action au type de ressources dont ils disposent.

Les avocats et les médecins ne peuvent pas bloquer la production, ne peuvent pas bloquer l’économie. Mais ils peuvent susciter attention et empathie par des actions spectaculaires et symboliques.

Le politiste Michel Offerlé distingue trois types de modalités d’action : le nombre – les taux de grévistes, le nombre de manifestants dans la rue –, l’expertise – la capacité à produire un discours pour contrer la communication gouvernementale ou patronale, comme l’ont fait certains syndicats enseignants en mettant en ligne des simulateurs du calcul de la retraite – et puis il y a ce qu’il appelle la « scandalisation », c’est-à-dire l’interpellation médiatique par des actions spectaculaires – les jeters de robes – ou illégales, comme les coupures de courant ou l’intrusion à la CFDT.

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