Invité du « 20 heures » de TF1, mercredi 27 mars, Gabriel Attal a annoncé qu’il y aurait « une réforme de l’assurance-chômage cette année ». Le premier ministre a également assuré que l’objectif de passer sous les 3 % de déficit d’ici à 2027 serait maintenu, alors que celui-ci a atteint 5,5 % en 2023. Il a également annoncé que l’Etat allait porter plainte pour dénonciation calomnieuse contre l’élève du lycée Maurice-Ravel, à Paris, qui avait accusé le chef de l’établissement de l’avoir violentée après lui avoir demandé de retirer son voile.
Réforme de l’assurance-chômage
Le premier ministre a demandé à la ministre du travail, Catherine Vautrin, de « préparer de nouvelles négociations » avec les partenaires sociaux pour une « vraie réforme, plus globale », de l’assurance-chômage dès « cette année ». « Je veux que nous ayons les paramètres de cette réforme à l’été pour qu’elle puisse entrer en vigueur d’ici à l’automne, comme je m’y suis engagé », a-t-il ajouté.
« Notre objectif, c’est d’atteindre le plein-emploi, qu’il y ait davantage de Français qui travaillent », a expliqué le premier ministre. « Mon objectif, ce n’est pas de m’en prendre à tel individu ou aux chômeurs, c’est de faire bouger un système pour inciter davantage à la reprise d’emploi », a-t-il complété.
Sans trancher concernant les contours de la réforme, il a rappelé que l’un des paramètres était « la durée de l’indemnisation de l’assurance-chômage ». « Aujourd’hui, c’est dix-huit mois. Une des pistes, c’est de réduire cette durée de plusieurs mois. Il ne faut pas que ça aille en dessous de douze mois », a affirmé le chef du gouvernement.
Gabriel Attal a également évoqué deux autres « pistes » : modifier le temps minimal qu’il faut avoir travaillé pour bénéficier du chômage – aujourd’hui, six mois lors des deux dernières années – et le « niveau d’indemnisation », à savoir « combien vous touchez quand vous êtes au chômage et comment est-ce que ça baisse en fonction du temps ». Cette dernière « piste » a « moins [sa] préférence », mais « on va laisser les partenaires sociaux travailler », a-t-il dit.
Allégement des cotisations pour augmenter les salaires
Pour « désmicardiser » la France, Gabriel Attal a dit souhaiter « revoir le système des allégements de cotisations », afin que cela incite « davantage à augmenter » les bas salaires.
« On a un système qui fait que, en fait, il n’y a plus beaucoup d’intérêts pour quiconque d’augmenter les salariés qui sont au smic. L’employeur, ça lui coûte très cher, le salarié au smic, il va à la fin gagner moins », a justifié sur TF1 le premier ministre. « Il faut avoir des allègements de cotisations qui incitent davantage à augmenter les salariés », a-t-il insisté, indiquant avoir confié une mission « à deux économistes qui vont faire des propositions au mois de juin sur le sujet ».
Objectif de passer au-dessous de 3 % de déficit d’ici à 2027
Interrogé sur le passage du déficit public à 5,5 % du PIB en 2023, Gabriel Attal a maintenu « l’objectif de passer sous les 3 % de déficit » public d’ici à 2027. « Il y a beaucoup de gens qui disaient que c’était improbable qu’on ramène le déficit sous les 3 % en 2018, quand on l’a fait avec le président de la République. Moi, ce que je dis, c’est que oui, nous gardons cet objectif », a-t-il affirmé sur TF1, alors que la note de la France pourrait être dégradée par les agences de notation financière dans les prochaines semaines.
Parmi elles, l’agence Moody’s a jugé mercredi « improbable » la réalisation des objectifs budgétaires de la France d’ici à 2027. « L’objectif est de désendetter la France. On dépense aujourd’hui 50 milliards d’euros par an pour payer les intérêts de notre dette. Je préférerais les mettre dans les écoles, dans la police », a déclaré le premier ministre.
Pour ce faire, il dit ne pas vouloir augmenter les impôts mais souhaiter « arriver au plein-emploi, c’est-à-dire (…) faire en sorte qu’il y ait plus de Français qui travaillent, parce que c’est des recettes supplémentaires ».
« Aucun dogme » concernant une taxe sur les superprofits
Gabriel Attal affirme toutefois n’avoir « aucun dogme » concernant la taxation des superprofits et celle des plus riches, en rappelant que les énergéticiens et les laboratoires de biologie avaient déjà été soumis à une taxe spécifique. « La France n’est un paradis fiscal pour personne. Dix pour cent des Français payent 70 % des impôts sur le revenu. On a une taxe sur les hauts revenus », a-t-il poursuivi.
« Mais j’ai deux lignes rouges, a ajouté le chef du gouvernement. Ne pas augmenter les impôts des classes moyennes, des Français qui travaillent ou qui ont travaillé toute leur vie et qui gagnent toujours un peu trop pour avoir des aides, mais jamais assez pour pouvoir s’en sortir convenablement tout seuls », ni les impôts « pour tout ce qui permet de financer le travail des Français ».
Une « grande initiative » pour mieux prévenir les « accidents du travail »
Gabriel Attal a déclaré vouloir lancer « une grande initiative » pour « mieux prévenir les accidents au travail » et « améliorer la qualité de vie au travail ». « On a trop d’accidents au travail en France, on a trop de Français qui meurent au travail », a déclaré le chef du gouvernement, évoquant notamment la statistique de « deux » morts par jour. Pour améliorer la situation, M. Attal prévoit de « réunir l’ensemble des partenaires, les partenaires sociaux, les élus, les parlementaires, pour qu’il y ait une grande initiative prise sur ce sujet ».
« On doit améliorer les conditions de travail des Français, notamment de ceux qui ont les métiers les plus pénibles », a-t-il encore ajouté.
Semaine de quatre jours
Interrogé sur une potentielle semaine de travail de quatre jours, Gabriel Attal a assuré ne pas vouloir « réduire la durée du travail » mais souhaiter une expérimentation dans plus d’entreprises. « Il faut se sortir de ce carcan de 35 heures par semaine, il y a des agents publics qui disent vouloir faire leurs heures sur quatre jours plutôt que cinq. Je veux qu’on donne ces libertés et ces souplesses », a-t-il ajouté.
Il a dit aussi vouloir améliorer les conditions de travail, notamment pour les métiers les plus pénibles, afin de prévenir les accidents au travail. Il doit réunir prochainement les partenaires sociaux à ce propos.
Lycée Maurice-Ravel : une plainte de l’Etat contre l’élève
En début d’interview, le premier ministre a répondu aux questions sur l’incident qui s’est déroulé au lycée Maurice-Ravel à Paris. Il a apporté son soutien au proviseur. Ce dernier avait fait l’objet de menaces de mort en ligne à la suite de son altercation avec une élève à qui il avait demandé de retirer son voile.
Gabriel Attal annonce également que l’Etat porte plainte contre l’élève pour « dénonciation calomnieuse ». La jeune femme avait elle-même porté plainte contre le chef d’établissement pour violence n’ayant pas entraîné d’incapacité de travail. La plainte a été classée sans suite mercredi, a précisé le parquet de Paris.
« Ceux qui sont en première ligne pour faire respecter (…) la laïcité, ce sont nos proviseurs, nos enseignants, tous les personnels de l’éducation nationale, et je veux leur rendre hommage. Je me suis toujours engagé pour mettre fin à ce qu’on appelle le “pas de vagues”, en n’acceptant jamais que l’autorité d’un personnel de l’éducation nationale soit bafouée et qu’on s’en prenne à la laïcité », a-t-il asséné.
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