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La conférence sur la Palestine de Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan à Lille interdite par la préfecture ; Emmanuel Macron dit souhaiter que chacun « puisse exprimer sa voix »

Le leader de La France insoumise a dénoncé « un abus de pouvoir de république bananière », et le mouvement a appelé à un rassemblement à Lille.

Le Monde avec AFP

Publié le 18 avril 2024 à 15h13, modifié le 18 avril 2024 à 23h18

Temps de Lecture 5 min.

Jean-Luc Melenchon et Rima Hassan lors d’un meeting de La France insoumise pour les élections européennes à Roubaix, le 17 avril 2024.

Après l’annulation de celle initialement prévue à l’université de Lille, la nouvelle conférence sur la Palestine de Jean-Luc Mélenchon et de la candidate « insoumise » aux élections européennes Rima Hassam, prévue jeudi 18 avril dans une salle de Lille, a été interdite par la préfecture du Nord. « Le nouveau lieu choisi par le même organisateur est placé sous avis défavorable par la commission de sécurité et ne peut recevoir réglementairement qu’une jauge de 328 personnes, ne permettant pas d’accueillir le public annoncé et réinvité par l’organisateur », justifie la préfecture dans son communiqué.

En réponse, La France insoumise (LFI) a appelé à un rassemblement public dès 18 h 30 sur la place Vanhoenacker de Lille, « avec une prise de parole de Jean-Luc Mélenchon contre la censure et pour la paix » dès 19 heures. Le parti dénonce un « acharnement intolérable » et « un précédent extrêmement grave pour notre démocratie ». En début de soirée, la place, située dans le quartier populaire de Moulins, commençait à se remplir, avec près de 300 personnes rassemblées selon une journaliste du Monde présente sur place.

Jean Luc Mélenchon et Rima Hassan devraient être les seuls à prendre la parole mais seront notamment présents Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, Manon Aubry, députée européenne et tête de liste « insoumise » pour les élections européennes du 9 juin, ainsi que les députés Louis Boyart, Sophia Shikirou, Aurélien Saintoul, Adrien Quatennens, David Guiraud et Ugo Bernalicis. Une estrade a été installée devant une grande camionnette couverte d’affiches de LFI, clamant au-dessus d’une colombe de la paix : « Israël-Palestine : pour un cessez-le-feu immédiat ».

De son côté, interrogé sur le sujet, le président Emmanuel Macron a souhaité, jeudi, que « chacun puisse exprimer sa voix » dans la campagne des européennes, alors que, outre Jean-Luc Mélenchon, le chef du parti d’extrême droite Reconquête !, Eric Zemmour, s’est vu lui aussi interdit de tenir une réunion publique cette semaine – c’était à Bruxelles, mercredi, avec ses alliés européens. « Je suis pour qu’on respecte les lois de la République. Après, je suis pour ma part toujours favorable à ce que les gens puissent s’exprimer librement, quand bien même je combats leurs idées », a déclaré le président, interrogé sur le sujet lors d’une conférence de presse à l’issue d’un sommet européen à Bruxelles.

Une salle trop petite et des appels à la mobilisation en marge

« Je pense que c’est très important, dans les moments que nous vivons, que l’ensemble des voix puissent s’exprimer de manière libre et qu’après, chacun puisse combattre les arguments qui sont exprimés librement », a-t-il ajouté. « Je ne partage pas la vision des choses, ni sur le conflit au Proche-Orient ni sur beaucoup de choses, de Jean-Luc Mélenchon, mais je pense que c’est important qu’il puisse exprimer sa voix. Et c’est la même chose pour M. Zemmour », a encore dit M. Macron. Concernant la conférence sur la Palestine de Jean-Luc Mélenchon, le chef de l’Etat a évoqué l’engagement de « certaines organisations et associations » pour ce rendez-vous, qui ont « clairement donné des positions antisémites et antisionistes ». « La République réprime les propos racistes, antisémites », a-t-il martelé. « Il y a des juges pour juger de cela », également pour apprécier des « questions d’ordre public ».

Le leader « insoumis » a réagi plus tôt sur X à l’annonce de cette nouvelle interdiction, en affirmant : « Nous interdire de réunion au prétexte de notre sujet est un abus de pouvoir de république bananière ». « Aux cafards qui ont voté pour les pesticides contre les fourmis, un message : même les abeilles qui se sont abstenues en sont mortes », a ajouté le triple candidat à la présidentielle, dans une sibylline métaphore. Quand le coordinateur du mouvement, Manuel Bompard, a dénoncé un « acharnement totalement intolérable ». « En pleine campagne électorale, la décision d’annuler un événement public auquel doivent participer des membres de l’opposition politique est un précédent extrêmement grave pour notre démocratie », a-t-il assené.

La préfecture justifie son interdiction de la deuxième conférence par « des appels à la mobilisation lancés par plusieurs organisations » opposées à la conférence, comme l’Union nationale inter-universitaire (UNI) ou l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), pouvant entraîner « des heurts sur la voie publique ». Une cinquantaine d’étudiants favorables à cette conférence se sont quant à eux réunis jeudi après-midi devant l’université, à l’initiative du syndicat Solidaires, scandant notamment : « Conférence annulée, bordel, ça va péter ! »

La préfecture souligne aussi, dans son arrêté de jeudi, que les forces de sécurité sont déjà mobilisées jeudi par le plan vigipirate, le match de coupe d’Europe Lille-Aston Villa et une commémoration à la synagogue de Lille. Enfin, elle souligne que la salle privée réservée in extremis pour l’événement, dont la jauge est limitée à 328 personnes, ne permet pas d’accueillir le public attendu. Quelque 1 200 personnes étaient présentes mercredi soir à Roubaix pour un meeting avec M. Mélenchon et Mme Hassan, septième sur la liste LFI pour les européennes.

Plusieurs élus ont réclamé l’interdiction de la conférence

Si la réaction de LFI constituait un appel à la réaction et au soutien aux autres responsables de gauche, les « insoumis » ont été entendus, malgré leurs attaques contre les socialistes qu’ils accusent d’avoir joué la surenchère avant l’interdiction de la première conférence. « En pleine campagne électorale, interdire à nouveau une réunion publique organisée par LFI est un affront à la démocratie », a réagi jeudi à la deuxième interdiction le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, qui entretient pourtant des relations ombragées avec les « insoumis ». « Cette réunion doit évidemment être autorisée », a-t-il ajouté.

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Depuis le début de la semaine, plusieurs élus de Renaissance, du Rassemblement national (RN) et des Républicains (LR) réclamaient l’annulation de la conférence à l’université de Lille. Le logo de l’association organisatrice, Libre Palestine, qui se trouvait sur l’affiche de la conférence fait partie des griefs invoqués. Sur celui-ci figure un territoire englobant Israël, la Cisjordanie et la bande de Gaza, sur lequel est apposé le nom de l’association.

Le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand (LR), avait réclamé l’interdiction de la conférence. « Nous ne pouvons tolérer, dans une université française, une telle conférence de La France insoumise, de Jean-Luc Mélenchon et de Rima Hassan qui, à travers le logo Libre Palestine, nient l’existence de l’Etat d’Israël », avait-il fait savoir. Le patron de LR, Eric Ciotti, a, lui, dénoncé une « provocation » qui « attise un conflit et l’importe sur le territoire national » et a salué une annulation devenue « indispensable » à ses yeux. De son côté, le vice-président de l’Assemblée nationale, Sébastien Chenu (RN), avait affirmé que « des propos antisémites ser[aient] probablement tenus » à cette occasion. La députée du Nord Violette Spillebout (Renaissance) avait, elle, écrit au président de l’université pour souligner la « très lourde responsabilité » de LFI « dans l’explosion antisémite en France ».

Pour l’association, son logo « ne nie en aucun cas l’existence d’Israël »

Le logo en cause était visible sur l’affiche aux côtés des photos de M. Mélenchon et de la militante franco-palestinienne Rima Hassan, septième sur la liste des « insoumis » aux élections européennes. Raphaël Glucksmann, candidat pour le Parti socialiste et Place publique, a regretté sur TF1 mercredi que M. Mélenchon « s’affiche » avec le logo d’une association « qui nie l’existence de l’Etat d’Israël », tout en refusant d’appeler à l’annulation de cette conférence.

Dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse par LFI, l’association Libre Palestine, créée en novembre 2023 dans la foulée de la très meurtrière répression israélienne à Gaza après les attaques du 7 octobre 2023, a assuré mercredi que son logo « ne ni[ait] en aucun cas l’existence d’Israël ». « Nous avons simplement mobilisé une carte qui représente une région du monde traversée par un processus de colonisation indéniable et dont la définition des frontières est un enjeu de luttes non stabilisées », précise l’association, ajoutant n’avoir « jamais promu la haine ou proféré des propos antisémites ».

Le Monde avec AFP

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