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L’université de Lille annule une conférence de Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan sur la Palestine, faute de pouvoir « garantir la sérénité des débats »

L’établissement dit « regretter la pression exercée sur [son] autonomie ». Une organisation étudiante, dont le logo figure sur l’affiche de l’événement, est accusée de « nier l’existence de l’Etat d’Israël », ce que les organisateurs démentent.

Le Monde

Publié le 17 avril 2024 à 13h59, modifié le 17 avril 2024 à 22h16

Temps de Lecture 3 min.

La candidate « insoumise » aux élections européennes Rima Hassan, le 14 avril 2024, à Montpellier.

Organisée à l’initiative d’une association étudiante propalestinienne, une conférence de Jean-Luc Mélenchon et de la candidate « insoumise » aux élections européennes Rima Hassan, qui devait se tenir jeudi 18 avril à l’université de Lille, a été finalement annulée par l’établissement, mercredi.

Pour l’université, « les conditions ne sont plus réunies pour garantir la sérénité des débats », et elle a donc « décidé de ne plus autoriser la tenue, en ses murs, de la conférence de M. Mélenchon et Mme Hassan prévue ce jeudi 18 avril ». « On ne peut que regretter, dans ce contexte, la pression exercée sur l’autonomie pédagogique et scientifique des établissements d’enseignement supérieurs », a-t-elle expliqué dans ce communiqué.

« Nous ne nous tairons pas. La conférence de Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan se tiendra à Lille ce jeudi 18 avril. La communication sur le nouveau lieu sera envoyée aux inscrits », a rétorqué La France insoumise (LFI) dans un communiqué.

En meeting à Roubaix mercredi soir, Jean-Luc Mélenchon a de son côté balayé les accusations d’antisémitisme dont est la cible son mouvement, lançant : « Je plains le président de l’université parce que ce qu’il a fait est honteux. » Le chef de file des « insoumis » a poursuivi en fustigeant les « lâches qui ne sont pas capables de défendre la liberté ».

« Attaque à la liberté d’expression », selon LFI

Plus tôt dans la journée, le coordinateur national de LFI, Manuel Bompard, avait lui dénoncé une « censure ». « Nous regrettons la décision de la présidence de l’université qui se montre incapable de résister aux pressions qui s’attaquent à la liberté d’expression, mettent à mal les libertés universitaires et académiques et visent à faire taire les voix de la paix au Proche-Orient », a-t-il déploré dans un communiqué diffusé sur X.

Quand Jean-Luc Mélenchon a écrit sur le même réseau social : « Tristesse de voir à Lille une université se dire victime de pressions et y céder en interdisant une conférence à quelques heures de sa tenue ». « Il aura suffi que le PS Jérôme Guedj dénonce le logo de l’association étudiante et qu’une députée macroniste [Violette Spillebout] appelle à créer des désordres pour anéantir la liberté universitaire », a ajouté le fondateur de LFI.

LFI a fait de la dénonciation des opérations israéliennes à Gaza l’un des principaux axes de sa campagne pour les élections européennes du 9 juin, défendu par Jean-Luc Mélenchon. « Nous dénonçons l’instrumentalisation de cette conférence par des partisans du soutien inconditionnel au gouvernement Nétanyahou », a ajouté le mouvement de gauche radicale mercredi dans son communiqué.

Depuis le début de la semaine, plusieurs élus de Renaissance, du Rassemblement national (RN) et des Républicains (LR) réclamaient son annulation. Le logo de l’association organisatrice Libre Palestine qui se trouvait sur l’affiche de la conférence fait partie des griefs invoqués. Sur celui-ci figure un territoire englobant Israël, la Cisjordanie et la bande de Gaza, sur lequel est apposé le nom de l’association.

Lire la chronique | Article réservé à nos abonnés Rima Hassan, le choix de l’insoumission

Pour l’association, son logo « ne nie en aucun cas l’existence d’Israël »

Le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand (LR), avait réclamé l’interdiction de la conférence. « Nous ne pouvons tolérer, dans une université française, une telle conférence de La France insoumise, de Jean-Luc Mélenchon et de Rima Hassan qui, à travers le logo Libre Palestine, nient l’existence de l’Etat d’Israël », avait-il fait savoir. Le patron de LR, Eric Ciotti, a, lui, dénoncé une « provocation » qui « attise un conflit et l’importe sur le territoire national » et salué une annulation devenue « indispensable » à ses yeux.

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De son côté, le vice-président de l’Assemblée nationale, Sébastien Chenu (RN), avait affirmé que « des propos antisémites ser[aient] probablement tenus » à cette occasion. La députée du Nord Violette Spillebout (Renaissance) avait, elle, écrit au président de l’université pour souligner la « très lourde responsabilité » de LFI « dans l’explosion antisémite en France ».

Le logo en cause était visible sur l’affiche aux côtés des photos de M. Mélenchon et de la militante franco-palestinienne Rima Hassan, septième sur la liste des « insoumis » aux élections européennes. Raphaël Glucksmann, candidat pour le Parti socialiste et Place publique, a regretté sur TF1 mercredi que M. Mélenchon « s’affiche » avec le logo d’une association « qui nie l’existence de l’Etat d’Israël », tout en refusant d’appeler à l’annulation de cette conférence.

Dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse par LFI, l’association Libre Palestine, créée en novembre 2023 dans la foulée des attaques du 7 octobre, a assuré que son logo « ne ni[ait] en aucun cas l’existence d’Israël ».

« Nous avons simplement mobilisé une carte qui représente une région du monde traversée par un processus de colonisation indéniable et dont la définition des frontières est un enjeu de luttes non stabilisées », précise l’association, ajoutant n’avoir « jamais promu la haine ou proféré des propos antisémites ».

« Cette conférence était pourtant portée par une association enregistrée en préfecture et agréée par l’université et organisée dans le strict respect des règles établies par les universités françaises », précisent les « insoumis » dans leur communiqué.

M. Mélenchon et Mme Hassan participent, par ailleurs, à un meeting de LFI dans le cadre de la campagne pour les élections européennes, mercredi soir, à Roubaix.

C’est la deuxième conférence de M. Mélenchon qui est annulée en quelques jours. Un autre événement, prévu le 10 avril à l’université Rennes-II, avait été annulé in extremis par l’établissement pour des raisons de « sécurité ».

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