Après le Parlement européen de Strasbourg, les parlementaires britanniques, la jeune militante écologiste suédoise Greta Thunberg devait s’adresser, mardi 23 juillet, aux députés français, ou en tout cas à ceux qui voudront bien l’écouter, tant sa venue cristallise l’opposition virulente d’élus de droite et fait l’objet de critiques au sein même de la majorité.
Ainsi, deux députés Les Républicains (LR) en campagne pour la présidence de leur parti, Guillaume Larrivé (Yonne) et Julien Aubert (Vaucluse), sont à l’origine du mouvement d’antagonisme contre la jeune fille de 16 ans, à l’initiative des grèves scolaires, devenue icône du combat des jeunes contre l’inaction climatique.
Invitée par le député (non-inscrit) du Maine-et-Loire Matthieu Orphelin, Greta Thunberg devait prendre la parole hors de l’hémicycle, mardi midi, dans l’une des plus grandes salles du Palais-Bourbon, au côté de trois jeunes militants français issus du mouvement Youth for Climate (Ivy Fleur, Virgile Mouquet et Alicia Arquetoux). La climatologue et membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) Valérie Masson-Delmotte sera également présente.
La jeune fille est ensuite conviée à assister à la séance de questions au gouvernement, depuis une tribune. Elle sera aussi reçue en fin de matinée à l’hôtel de Lassay par le président La République en marche (LRM) de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand.
« Prophétesse en culotte courte »
« J’appelle mes collègues députés à boycotter Greta Thunberg à l’Assemblée nationale, avait lancé, samedi, Guillaume Larrivé. Pour lutter intelligemment contre le réchauffement climatique, nous n’avons pas besoin de gourous apocalyptiques, mais de progrès scientifique et de courage politique. »
Après l’avoir qualifiée de « prophétesse en culotte courte », Julien Aubert, sans pour sa part appeler au boycott, s’est refusé à applaudir la jeune militante. « Le jour où vous ratifiez l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada [CETA], on invite une égérie qui permet de regarder ailleurs. On nous invite à écouter une prédication qui repose sur des présupposés », déplore-t-il. « C’est du spectacle, de la mystification », poursuit le fondateur d’Oser la France, pour qui la réduction des émissions de dioxyde de carbone risque de mettre en danger l’économie française.
Pour sa part bien plus réservé, le président des députés LR, Christian Jacob, « regrette que la majorité cherche à faire des coups médiatiques ». « J’aurais préféré que l’on mette en avant les scientifiques du GIEC », dit-il. « Qu’elle [Greta Thunberg] existe sur le plan médiatique, certes, mais l’Assemblée nationale a vocation à prendre en compte l’avis d’experts. »
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