Sous pavillon britannique
Si Tom Dixon et Ron Arad furent pendant longtemps les seuls Britanniques à se mesurer au reste du monde du design, la relève est enfin assurée avec Faye Toogood et Michael Anastassiades, les deux stars de l’édition 2024 du Salon du meuble de Milan – où leurs aînés exposaient toutefois. Deux écritures très différentes. Sensible, asymétrique, quasi figurative, Faye Toogood a imaginé des collections inspirées par le corps des femmes : dessins d’ovaires sur des tapis (CC-Tapis), lampes comme des cocons et canapés voluptueux (Tacchini). La créatrice britannique s’est même invitée chez l’ultra-classique Poltrona Frau, pour laquelle elle a dessiné un miroir et un fauteuil aux lignes souples bousculant les codes de la maison nonagénaire.
Michael Anastassiades, lui, poursuit, tel un moine du design, son chemin minimaliste, dévoilant une table en marbre dont la rigueur des lignes tranche avec le luxe de détails du marbre chez Tacchini. Grand favori des éditeurs italiens, ce designer londonien d’origine chypriote était aussi présent chez Molteni, Glas Italia et Cassina. Pour Alessi, il a signé la cafetière Menhir, un futur classique – à l’instar de sa lampe IC, qui fêtait son dixième anniversaire chez Flos, un des gros succès de ces dernières années maintes fois copié.
Dans l’œil des icônes
Alors que les labels de mode sont devenus des acteurs incontournables du Salon du meuble de Milan, s’érigeant même en rivaux des éditeurs de mobilier, ils optent désormais pour une nouvelle stratégie : s’associer avec eux – un choix logique, puisque, parfois, ils appartiennent aux mêmes groupes de luxe – en puisant dans leurs archives pour les remettre au goût du jour.
Le fourreur Yves Salomon, collectionneur de mobilier vintage, a ainsi tapissé de chutes de peaux lainées aux motifs colorés un lit, un fauteuil, une chaise, un tabouret et un abat-jour signés Pierre Chapo. C’est une même passion pour le design historique qui a poussé Matthieu Blazy, directeur artistique de Bottega Veneta, à s’emparer des tabourets de Le Corbusier pour en livrer une version en bois gainé de cuir tressé et teint.
Anthony Vaccarello, chez Saint Laurent, après une exposition consacrée au groupe Memphis dans l’une de ses boutiques parisiennes en 2021, révélait des assiettes aux motifs graphiques dessinées par Gio Ponti pour la villa Planchart, à Caracas, fabriquées par Ginori. Loro Piana, elle, rendait hommage à l’architecte italienne Cini Boeri, en rhabillant de cachemire ou de soie des pièces emblématiques de la fin des années 1960 et du début des années 1970, des canapés modulaires et des assises près du sol, typiques de l’époque, éditées par Arflex.
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