Depuis que le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a promis en février de poursuivre la guerre à Gaza jusqu’à « la victoire totale », l’Etat hébreu n’a cessé de dire que le lancement de sa dernière opération d’envergure, contre la ville de Rafah, à l’extrémité sud de l’enclave, était imminent, sans qu’aucun préparatif militaire n’en atteste. Or, depuis deux semaines, quelques signaux indiquent que cette menace prend corps, après être demeurée longtemps peu crédible.
L’armée a accru ses bombardements sur cette zone frontalière de l’Egypte, où se massent 1,4 million de Palestiniens, pour la plupart déplacés par l’avancée des troupes israéliennes plus au nord. L’aviation frappe les alentours du « corridor de Philadelphie », zone tampon aménagée en coopération avec le voisin égyptien lors du retrait israélien de la bande de sable palestinienne, en 2005. L’Etat hébreu entend y détruire des tunnels du Hamas et achever d’emmurer Gaza. Il envisage aussi d’y aménager un axe de contrôle et de pénétration pour ses forces, en plus de celui qui coupe déjà la bande en son milieu, plus au nord.
Dans l’optique d’un éventuel déplacement forcé de civils, Israël a récemment permis la réouverture d’une canalisation d’eau de son territoire vers le sud de l’enclave. Il a aussi acheté 40 000 tentes, pouvant accueillir chacune une dizaine de personnes, destinées à héberger des déplacés. Des images satellites analysées par Le Monde ont révélé l’installation ces derniers jours de nouveaux alignements de tentes carrées blanches à Khan Younès, cité en ruines dont l’armée s’est retirée en avril, après quatre mois d’opération terrestre.
Les autorités égyptiennes ont par ailleurs fait savoir qu’elles accroissaient les capacités d’accueil des camps de toile que le Croissant-Rouge égyptien supervise à Khan Younès. Des responsables israéliens se sont rendus au Caire la semaine dernière pour évoquer les contours d’une opération à Rafah. Des sources égyptiennes annoncent une possible avancée lente des troupes israéliennes, qui repousseraient la population de Rafah un pâté de maisons après l’autre, durant six semaines. Des sources gouvernementales israéliennes précisent pour leur part qu’une évacuation préalable des civils de Rafah est envisagée, une entreprise qui pourrait s’étaler sur un mois.
Flexibilité nouvelle
Ces dernières semaines, l’armée a renvoyé deux brigades à Gaza pour leur confier la garde du corridor militarisé qui coupe l’enclave par le milieu, interdisant tout passage de civils vers le nord largement dépeuplé et servant de base avancée pour les raids de l’armée. Ces hommes devront contribuer à sécuriser le ponton que l’armée américaine a commencé à construire au bout de ce corridor, et par lequel elle compte livrer de l’aide par la mer d’ici une dizaine de jours.
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