Les Etats-Unis et la Chine se parlent, et c’est déjà ça : dans une relation tendue, voire conflictuelle sur beaucoup de sujets, la visite du secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, à Shanghaï puis à Pékin permet d’entretenir le dialogue. Signe positif, M. Blinken a finalement été reçu, vendredi 26 avril, par le dirigeant chinois, Xi Jinping, qui a adopté un ton relativement conciliant : « La Chine est heureuse de voir des Etats-Unis confiants, ouverts, prospères et florissants. Nous espérons que les Etats-Unis pourront également considérer le développement de la Chine sous un angle positif », a déclaré le président chinois, selon les médias d’Etat locaux. Une référence à ce que la Chine voit comme les efforts d’« endiguement » américain, empêchant son développement économique et technologique.
Dans la matinée, M. Blinken s’était entretenu cinq heures durant avec le ministre des affaires étrangères, Wang Yi, qui avait déjà abordé ce thème, sur un ton plus dur : « Les Etats-Unis ont adopté un flot de mesures visant à empêcher le développement de l’économie, du commerce, des sciences et des technologies chinois. Ce n’est pas de la compétition loyale, c’est de l’endiguement. Cela ne va pas éliminer les risques, mais en créer davantage », a mis en garde le chef de la diplomatie chinoise, évoquant le risque d’entrer dans une « spirale négative ».
De son côté, M. Blinken a indiqué avoir fait part à M. Xi de ses préoccupations concernant le soutien de la Chine à la Russie, qui passe par la fourniture de matériaux, de composants et de machines-outils indispensables à l’effort de guerre russe contre l’Ukraine. « La Russie aurait du mal à poursuivre son assaut contre l’Ukraine sans le soutien de la Chine », a déclaré M. Blinken aux journalistes après sa rencontre avec M. Xi. Il a abordé également la question de Taïwan, que Pékin rêve d’annexer, et les tensions en mer de Chine du Sud, l’occasion de réaffirmer le soutien « sans faille » des Etats-Unis aux Philippines, allié américain dans la région.
Il a souligné toutefois l’importance du dialogue, notamment militaire, qui a repris à la suite de la rencontre de Xi Jinping avec Joe Biden à San Francisco, en novembre 2023. « Nous sommes déterminés à maintenir et à renforcer les lignes de communication pour faire avancer ce programme, et, une fois encore, à gérer nos différences de manière responsable afin d’éviter toute erreur de communication, de perception ou de calcul », a déclaré M. Blinken. C’est en effet une avancée : la Chine, qui s’était largement coupée du monde pendant les « années Covid », avait suspendu le dialogue entre états-majors en réaction à la visite à Taïwan de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants américaine, en août 2022. Début 2023, les tentatives de rétablir des échanges avaient tourné court après l’affaire du ballon espion chinois à la dérive dans le ciel américain, finalement abattu par l’US Air Force. Washington est partisan d’une relation ferme avec Pékin, tout en maintenant les canaux de communication ouverts pour éviter tout dérapage incontrôlé.
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