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En Turquie, les jeunes diplômés de plus en plus tentés d’émigrer : « Moi aussi, je veux partir »

Plus de deux mille médecins ont demandé à l’Association médicale turque les documents nécessaires pour pouvoir exercer à l’étranger, un record. Et deux tiers des 18-25 ans se disent prêts à quitter leur pays.

Par  (Istanbul, correspondant)

Publié le 25 avril 2024 à 12h00

Temps de Lecture 4 min.

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Devant un centre de demandes de visa, à Istanbul, le 3 novembre 2023.

Ece fait une pause. Les travaux dans son foyer pour étudiants se poursuivent même le week-end. Le bruit ne la dérange pas, mais elle s’autorise quelques courtes balades dans ce quartier perdu d’Istanbul situé sur la rive asiatique, loin des sites touristiques et de sa faculté, histoire de penser à autre chose.

A 22 ans, la jeune femme, qui n’a donné que son prénom, est en troisième année de médecine. Un établissement privé « plutôt bien coté, souffle-t-elle, même s’il n’a malheureusement pas le niveau des meilleures universités publiques ». Fille de parents médecins, originaire de Hatay, la région dévastée par le tremblement de terre du 6 février 2023, Ece fait partie d’une génération qui a appris à digérer ses désillusions. « Moi aussi, je veux partir à l’étranger, travailler et vivre ailleurs, comme toute ma classe d’âge », lâche-t-elle.

Sur les dix étudiants de sa section, une seule refuse, pour l’heure, d’envisager un départ. Comme tous les autres, Ece doit encore poursuivre trois années d’études pour obtenir son diplôme et entreprendre les démarches dans le but de quitter la Turquie. « Personnellement, j’aimerais aller à Londres, mais j’hésite encore dans mon choix et ma spécialisation ; je me suis mise aussi à l’allemand, quasiment tous ceux que je connais disent opter pour une ville allemande. »

Selon une étude de la Fondation Konrad Adenauer d’Ankara, réalisée sur l’ensemble du pays en 2023, les deux tiers des 18-25 ans se disent prêts à quitter la Turquie s’ils en avaient la possibilité – plus encore parmi ceux qui effectuent des études longues, comme les médecins ou les ingénieurs. L’Allemagne reste la destination la plus prisée.

Une atmosphère étouffante

Ece dit avoir commencé à pressentir vers l’âge de 14-15 ans qu’elle aurait, un jour, l’envie de partir. Le sentiment diffus d’une crise économique sans fin, une atmosphère étouffante aussi, ont pris le pas. « Il existe en Turquie un sentiment de peur de ne pas trouver les mots qu’il faut, d’être à la merci des autorités pour une parole de travers, dit-elle. Certains se font arrêter dans une manifestation et d’autres sont poursuivis pour un simple tweet. »

La jeune femme n’est plus sur les réseaux sociaux. Son compte Instagram est encore ouvert, mais elle ne l’a plus consulté depuis deux ans. Elle explique : « J’ai vraiment senti avec mes parents qu’après la tentative de coup d’Etat de 2016, la pression de l’Etat s’était accrue, surtout sur les universités. Des centaines de professeurs ont été virés, des universitaires, mis sous pression. Beaucoup sont partis, et cela se ressent, il y a une vraie fuite des cerveaux. »

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